* Principes de base
Mon programme repose sur les principes de base que sont l’universalité et la stabilité du référentiel socialiste et social démocrate,, les statuts, l’organisation, les décisions et les prises de position et programmes d’action de l’Internationale Socialiste (IS) et de l’Internationaliste Socialiste des Femmes (ISF) , notamment le respect des droits humains des femmes et des hommes (y compris les droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux) et la mise en œuvre des conventions, normes et autres instruments internationaux en la matière.
* Les défis à relever sont aujourd’hui amplifiés par les mutations en cours :
La situation mondiale évolue, particulièrement depuis le début du millénaire, tant sur les plans économique que politique. La crise financière a laissé place à une crise économique et sociale profonde, engendrant plus d’exclusion sociale et d’inégalités, augmentant la vulnérabilité des populations à la pauvreté et au chômage. Face à la diminution de l’égalité d’accès à l’emploi et aux droits économiques et sociaux de base, la crise accentue les risques d’exposition des femmes à la discrimination, en particulier les mères célibataires, les femmes illettrées ou sous éduquées, les femmes rurales. Tout cela, alors que la crise renforce parallèlement les modèles traditionnels conservateurs générant un réel danger de remise en cause des droits des femmes, vecteurs de la modernité.
La crise actuelle, structurelle et de long terme, peut donc remettre en cause les succès réalisés ces dernières décennies, notamment dans le domaine des politiques publiques d’égalité de genre, en particulier, par une réduction des mesures de promotion de l’égalité. Les moyens de sortie de crise fondés sur l’austérité ont montré leurs limites, et de plus en plus de voix dans le monde s’élèvent en faveur d’un nouveau modèle de développement socioéconomique axé sur l’emploi et la croissance Cette période de crise offre une formidable opportunité pour le changement qui ne peut se faire sans investir dans les politiques d’égalité de genre, afin de garantir une croissance durable génératrice d’emploi et de cohésion sociale. Les bouleversements récents que vivent la plupart des continents augurent de mutations politiques et sociales profondes qu’il s’agit de prendre en considération. Les évènements survenus dans les pays du Moyen Orient et de l’Afrique ont mis en exergue les revendications des peuples, qui réclament une réforme démocratique et la justice sociale. Le rôle joué par les femmes dans les processus de réformes démocratiques et de progrès sociétal est important. Les résultats de ces processus ne semblent toutefois pas forcément assurer dans tous les pays une véritable transition vers une démocratie pluraliste moderne, fondée sur le respect des libertés et des droits de la personne et sur l’égalité homme-femme dans toutes les sphères de la vie publique et privée. Depuis les années quatre-vingt, la communauté internationale s’est engagée, à travers plusieurs conventions et accords internationaux signés et ratifiés par les États membres de l’ONU, sur le respect des droits de la personne humaine et en particulier les droits des femmes. Cette dynamique a ouvert la voie à une réelle évolution du droit en la matière et à des avancées substantielles des droits des femmes dans de nombreux pays. L’adoption de politiques néolibérales par de nombreux pays, parallèlement à la montée en puissance des politiques conservatrices concernant les droits des femmes en ce début de millénaire, génèrent une remise en cause des espoirs de construction d’un monde plus égalitaire. Dans de nombreux pays du monde, en Europe centrale et orientale, en Asie centrale, en Amérique latine et dans les Caraïbes, et en Afrique, et au Moyen Orient, les tentatives se multiplient pour éliminer les acquis de dizaines d’années de lutte des femmes pour leur reconnaissance en tant que personnes ayant droit au respect de leurs droits, en particulier les droits à la vie privée et à la santé qui sont une composante des droits universels inaliénables.
Dans ce contexte global, le combat se situe clairement aujourd’hui plus que jamais entre un projet sociétal s’inscrivant dans le progrès, la démocratie et la reconnaissance de la primauté de la dignité humaine, et les forces soutenant les extrémismes et les conservatismes de tout genre. Les femmes sont actrices et vecteur essentiel de ce combat.
* Les défis de l’avenir
Pour cela, notre rôle est d’assurer une veille internationale active et d’œuvrer au renforcement des moyens de sensibilisation afin de faire comprendre et admettre à tous les démocrates et femmes et hommes de progrès que la question féminine se situe au cœur de la construction de sociétés modernes. A ce titre, les priorités résident dans la mise en œuvre de stratégies adaptées pour contrecarrer la montée en puissance des tendances conservatrices, défendre les acquis et réaliser des avancées substantielles dans la consolidation des droits.
* Pour la consolidation des droits politiques et l’égalité dans la participation à la prise de décision
Les avancées dans la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes dans la société moderne, aussi faibles soient elles, sont aujourd’hui menacées dans plusieurs pays et nécessitent une mobilisation encore plus grande qu’auparavant pour imposer des mécanismes correcteurs garantissant l’égalité des chances et la participation active des femmes à la prise de décision et dans les systèmes de gouvernance, que ce soit à un niveau national, régional ou international.
Il est ainsi impératif de mettre en place un plan d’action basé sur la promotion des mécanismes permettant de généraliser l’inscription de la parité dans les constitutions des pays et d’atteindre la parité de genre à tous les niveaux de prise de décision, dans toutes les institutions et au niveau des directions des partis politiques pour que le développement des sociétés soit réellement égalitaire, juste, équilibré et durable.
* Pour la reconnaissance des droits économiques et sociaux
La mondialisation telle qu’elle s’est imposée au cours de ces décades, fondée sur un néolibéralisme sans limites, et la crise sur laquelle elle a débouché, ont réduit les marges de manœuvre des politiques publiques. Elles ont déstructuré les économies des pays et contribué à un accroissement sans précédent des inégalités sociales et de la vulnérabilité des populations, principalement les plus marginalisées. Elles font reculer les efforts de la communauté internationale pour la reconnaissance des droits économiques et sociaux des populations et pour l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement. Les impacts sur les femmes sont multiples en termes d’accès au marché de l’emploi et aux services de base, notamment aux services de santé et d’éducation. Une telle situation exige de notre part des actions concertées aux niveaux national, régional et international pour que les stratégies de sortie de crise soient globales, ne se fassent pas au détriment des pays les plus pauvres, et intègrent l’égalité de genre dans leurs déploiements en reconnaissant que les femmes ne sont pas des sujets passifs mais des actrices dans l’élaboration et la mise en oeuvre des politiques économiques et dans la création de la richesse.
* Pour la dignité des femmes et la promotion de leurs droits humains
Les efforts de la communauté internationale pour la promotion des droits de la personne humaine ont sans conteste permis une nouvelle approche des droits humains des femmes dans le monde. Le début du nouveau millénaire a toutefois marqué un recul perceptible de la perception et de la mise en oeuvre de ces principes. Le conservatrice de plus en plus net qui caractérise les politiques relatives aux droits des femmes combiné à la mise en oeuvre de politiques néolibérales par de nombreux pays, conduisent aujourd’hui à la remise en cause des acquis et à l’émergence de comportements rétrogrades qui risquent de nous ramener des années en arrière dans notre lutte pour la reconnaissance de la dignité et des droits des femmes, publics et privés, en tant que composantes des droits universels inaliénables. Notre devoir est de tout mettre en oeuvre pour contrecarrer cette tendance conservatrice et misogyne et pour que la communauté internationale se mobilise, brise le silence et défende une approche basée sur l’intégration de la dimension des droits de la personne humaine dans toutes les politiques. Notre devoir est de soutenir activement les femmes et les hommes dans le monde entier qui luttent pour les droits de la personne humaine; les sensibiliser à renforcer le combat contre les pratiques qui nient les droits des femmes; exiger des Etats de mettre un terme aux violations des droits humains, à la discrimination et la violence envers les personnes sur la base de leur identité de genre et d’appliquer le cadre juridique international dans le respect des engagements pris auprès des organes et traités internationaux, notamment le Protocole facultatif à la CEDAW.
* Pour un dialogue favorisant la compréhension mutuelle et le respect de la diversité
Avec l’avènement du nouveau millénaire, la diversification culturelle dans nos sociétés s’est accélérée. La mondialisation a réduit l’espace et le temps de manière sans précédent. Les révolutions dans le domaine des télécommunications et des médias ont accentué la perméabilité des systèmes culturels nationaux. La diversité culturelle est ainsi devenue une caractéristique essentielle de notre monde. Dans cet environnement, nous développons souvent une image stéréotypée de l’autre, un climat de méfiance mutuelle et de tension, favorisant l’intolérance et la discrimination.
Dans ce contexte, notre responsabilité commune est de construire une société universelle dans laquelle nous puissions vivre ensemble, dans l’égale dignité. Le respect et la promotion de la diversité culturelle sur la base des valeurs universelles constituent par conséquent des conditions essentielles pour le développement de sociétés capables de développer la compréhension mutuelle pour édifier des tissus dynamiques et ouverts, exempts de toute discrimination, reposant sur des valeurs fondamentales partagées et le respect du patrimoine universel commun. Le pluralisme, la tolérance, l’ouverture et le partage sont en ce sens aujourd’hui plus que jamais importants. Le dialogue interculturel, entre les sociétés et au niveau international, est nécessaire et peut aider à éviter les dérives des politiques identitaires préconisées par certaines forces, et à rester ouverts aux exigences des sociétés modernes. Marquer les relations internationales de l’esprit du dialogue interculturel peut permettre de participer à prévenir et à résoudre les conflits, et de favoriser les réconciliations. Les femmes, premières victimes des conflits, peuvent jouer un rôle fondamental dans ces processus. Nous devons faire en sorte que les valeurs universelles soient une condition préalable au dialogue interculturel, et que cela s’applique notamment à la liberté de ne pas subir la discrimination fondée sur les sexes. Les violations des droits humains, tels que les mariages forcés, les crimes d’honneur ou les mutilations génitales, ne peuvent en aucun cas être justifiées, quel que soit le contexte culturel. Le respect des droits fondamentaux de la femme doit constituer la base non négociable de tout débat sur la diversité culturelle, et nous devons veiller à l’intégration d’une perspective de genre dans les dialogues entre les cultures.
* L’Internationale socialiste des femmes une référence internationale
Depuis sa création en 1907, s’est progressivement imposée pour devenir aujourd’hui une référence internationale dans la lutte pour les droits des femmes dans le monde entier, qu’ils soient politiques, économiques, sociaux ou culturels. Elle a en ce sens participé de manière active au renforcement des règles de droit international en faveur des femmes et pour une démocratie inscrivant l’égalité de genre comme un de ses principes directeurs L’objectif global pour les prochaines années consiste a affirmer ce rôle pour rehausser davantage la consécration du rayonnement, de l’efficacité et de l’action de l’ISF. Cela afin de pouvoir faire face aux nouveaux défis. Pour cela nous devons veiller au renforcement du positionnement de l’ISF au sein de l’IS, auprès de ses membres et au niveau international et mettre en oeuvre un plan d’action triennal visant à :
Renforcer la concertation et la sensibilisation par l’organisation de manifestations scientifiques, culturelles et politiques avec les thématiques adaptées aux missions de l’ISF et à l’actualité.
Multiplier les activités de mobilisation et de sensibilisation dans les pays des partis membres
Développer les mécanismes adaptés pour améliorer les liens avec les organisations ne pouvant assurer, faute de moyens financiers, une présence active au sein de l’organisation
Renforcer les capacités de coopération entre les organisations membres et sensibiliser à un rôle plus actif dans l’organisation
Affirmer le rôle des régions et des vices présidentes régionales dans la mise en place et l’animation de réseaux régionaux
Réaliser des études et recherches. thématiques avec la contribution des organisations membres et les partenaires, et présenter les résultats lors de la tenue des réunions du Conseil
Renforcer la participation aux rencontres internationales, Système des Nations Unies ; organismes régionaux ; ONG spécialisées au niveau international, et soutenir de manière plus forte les associations et ONG nationales qui œuvrent pour l’égalité de genre et la promotion des droits humains, même si elles ne sont pas membres de notre organisation
Accroître la visibilité du travail accompli par l’utilisation des moyens de communication adaptés et la diffusion de l’information : bibliothèque virtuelle ; système moderne d’information avec les dernières technologies…
Œuvrer davantage pour parachever la réforme aussi bien de l’ISF que de l’IS dans une optique permettant plus d’efficacité et de rayonnement et dans un effort de clarification théorique et opérationnelle de notre mouvement.