Reuters: Quel souvenir gardez-vous de vos deux ans de joueur à Manchester United (2001-2003) ?
Laurent Blanc: Un excellent souvenir. Entre Manchester United et moi, c'est une longue histoire. J'aurais dû signer là-bas beaucoup plus tôt mais les aléas du foot ont fait que je n'y ai joué que très tard, alors que j'aurais dû y jouer plus longtemps. Manchester United, c'est bien sûr un club puissant, un grand club avec une histoire, mais c'est aussi une histoire d'hommes, avec au centre la pierre angulaire du club (l'entraîneur) Sir Alex Ferguson. C'est un club qui fonctionne à l'humain, de façon presque familiale.
Vous y avez entretenu et vous entretenez encore, une relation privilégiée avec Alex Ferguson...
Cela s'est fait de manière naturelle. Nous avons eu une relation particulière qui s'est intensifiée depuis deux ans. On échange souvent au téléphone, et je peux vous dire que son français ne cesse de s'améliorer (sourire).
Si on vous le proposait, à moyen ou court terme, accepteriez-vous d'entraîner ce club?
Là, on est dans une vision futuriste, car pour l'instant j'ai un grand projet en cours. Mais cela me ferait un grand plaisir. Ce serait un challenge difficile mais très intéressant. Dans les grands clubs anglais, il y a une culture qui les rend particulièrement attractifs. Mais personne ne doit enlever ce poste à Sir Alex. Ce serait très triste pour Manchester et encore plus triste pour lui. Ce serait éventuellement quelque chose d'intéressant que ce soit lui qui initie cela, pour moi ou pour un autre.
Quel regard portez-vous sur le football anglais, et particulièrement sur la Premier League ?
Il y a selon moi trois grands championnats en Europe: l'anglais, l'espagnol et l'allemand. Et le championnat anglais est celui qui attire les meilleurs joueurs européens. La venue d'entraîneurs étrangers a aussi apporté un plus à la Premier League.
Et la sélection nationale d'Angleterre, que les Bleus rencontrent mercredi prochain?
La plupart des bons joueurs évoluant en Premier league sont des étrangers, et la sélection nationale en subit les conséquences. Il faudrait que la législation oblige les clubs à aligner au moins cinq ou six joueurs issus du pays. L'équipe d'Espagne et celle d'Allemagne n'ont pas ce problème. Les clubs dans ces deux pays alignent une majorité de joueurs du cru, car les joueurs espagnols comme les joueurs allemands ne s'expatrient pas beaucoup.
Cela veut-il dire que le match à Wembley sera facile pour la France ?
Non, absolument pas! Les rencontres entre les deux pays donnent toujours lieu à des rencontres aussi engagées que serrées. Ce sera très difficile, mais j'espère qu'on assistera à un grand match.