Lahcen Daoudi ne servirait plus à rien

Le ministre de l’Enseignement supérieur estime que sa mission est bel et bien terminée


Hassan Bentaleb
Jeudi 5 Juin 2014

Lahcen Daoudi ne servirait plus à rien
Lahcen Daoudi semble un homme content de son travail. Selon lui, l’ensemble des  dispositions de la réforme de l’université annoncées en mars dernier seront finalisées en octobre 2014 et du coup, il estime que sa mission à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres est bel et bien terminée, a-t-il indiqué mardi au Parlement. 
Des propos qui ne laissent personne indifférent notamment les syndicalistes, les universitaires et les observateurs qui se demandent quelle mouche a bien  pu piquer le ministre.  En effet, les maux de l’université marocaine demeurent les mêmes : encombrement des salles de cours, diminution structurelle du nombre d’enseignants, difficultés linguistiques manifestes,  système d’évaluation et des méthodes pédagogiques inadaptés et la liste est longue. 
«Les déclarations du ministre ne sont que des mots lancés en l’air. Surtout qu’au Parlement, on peut dire la chose et son contraire», nous a indiqué Abdelkrim Madoun, secrétaire général du Syndicat national de l'enseignement supérieur qui estime que ces déclarations demeurent loin de la réalité de l’université marocaine d’aujourd’hui.  Notre source va plus loin, en se demandant comment le ministre compte achever ces reformes d’ici octobre. « A titre d’exemple,  le département de l’Enseignement supérieur sera-t-il capable de construire les 22 amphithéâtres annoncés auparavant?», s’est-il interrogé. 
Même son de cloche de la part de Mohammed-Saïd Karrouk, professeur universitaire qui pense que les propos de Daoudi ne sont qu’un discours politique dénié de tout sens des réalités.  Il se demande même quand le ministre a commencé le chantier des réformes pour parler de son achèvement.  « La situation de notre système d’enseignement supérieur demeure la même. Nous sommes encore en face des mêmes déficits et Daoudi n’apporte que des retouches à ces carences édictées par certaines parties étrangères sans entamer pour autant la réforme profonde et globale tant attendue», nous a-t-il déclaré.  
Saïd Karrouk ne mâche pas ses mots. Selon lui, l’université publique marocaine se dégrade de jour en jour et  le ministre fuit ses responsabilités.   Pire, ce dernier semble miser trop sur le secteur privé pour remédier aux défaillances de notre système d’enseignement. «Si la mission de l’université est de former, d’encadrer et de faire la recherche scientifique,  ces obligations ne semblent pas actuellement remplies faute de conditions idoines», nous a-t-il précisé avant d’ajouter: «Daoudi parle trop des partenariats win-win public/privé mais il ne semble pas mesurer les conséquences d’un tel partenariat sur la qualité de l’enseignement supérieur public et le droit d’accès à l’université  notamment pour les couches défavorisées. D’autant plus que le bilan de l’enseignement privé supérieur au Maroc est catastrophique et ce qui vient de se passer à l'Ecole nationale de commerce et de gestion de Tanger (ENCGT)  en est une preuve tangible». 
Notre source pense que l’université marocaine a besoin et d’urgence d’une refonte totale de ses structures et de ses fondements.  «Aujourd’hui, nous avons besoin d’une université performante et accessible à tous les citoyens marocains sans distinction.   Mais ces propos restent des vœux pieux tant que les conditions de la réforme sont inexistantes», a-t-il conclu.  


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