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Pourtant, au-delà de ces bons résultats se cache une réalité plus troublante. En effet, le département d’El Houssaine Louardi ne dit pas tout. Il balance des chiffres bruts sans en préciser, pour autant, les contours. « Il y a effectivement une baisse des prix des médicaments, mais cela ne concerne qu’une infime partie des médicaments vendus dans les officines », s’accordent à préciser les professionnels du secteur. Khalid Zouine, expert en politique et industrie pharmaceutiques nous a expliqué que sur les 2.602 articles concernés par ladite baisse, près de 70% d’entre eux concernent des produits très chers qui ne se vendent pas dans les pharmacies mais sont plutôt dispensés dans les hôpitaux ou dans les centres d’oncologie. « Et du coup, cette baisse ne concerne que les 30% qui restent soit près de 500 articles. C'est-à-dire moins de 5% des 9.000 articles en question », a-t-il précisé. Même son de cloche de la part de Khalid Sefrioui, président du Syndicat régional des pharmaciens d’officines d’Oujda (SRPOO). « La baisse effective a eu bien lieu, mais elle n’a pas été ressentie par les citoyens du fait que la plupart des médicaments concernés par cette mesure, ne sont pas vendus dans les pharmacies. Il s’agit de médicaments coûteux vendus souvent par la CNOPS », nous a-t-il indiqué.
S’agit-il donc d’une « vraie-fausse baisse » ? « Il s’agit plutôt d’une fixation des prix des médicaments. Une mesure effectuée pour la première fois de l’histoire du Maroc. Auparavant, ce sont les industriels qui s’en chargeaient en préparant un dossier et en proposant un prix auquel le ministère de la Santé agréait souvent. Aujourd’hui, il y a une autre procédure basée sur le benchmarking et qui consiste à chercher le prix le plus bas du marché», nous a précisé Khalid Zouine. Et de poursuivre : « Donc au lieu de dire que l’Etat gère désormais la fixation des prix, le ministre a choisi de parler de « baisse des prix », un concept politiquement plus porteur et moins choquant pour les lobbies des industriels du médicament. Ces derniers ne sont pas restés les bras croisés. Ils ont riposté en cessant parfois de distribuer certains médicaments en avançant nombre de prétextes en guise de justificatifs».
Et qu’en est-il des génériques censés améliorer l’accès aux soins à moindre coût? « Il y a une amélioration de la consommation de ces médicaments et il y a un accompagnement de la part des médecins », nous a indiqué Khalid Sefrioui, tout en précisant qu’il y a un problème de stockage de ces médicaments dans les officines. « On ne peut pas stocker une panoplie de génériques qui peut atteindre les 40 à 50 copies. Prenez l’exemple du Fluconazole qui appartient au groupe des antifongiques ou de l'antibiotique dénommé Amoxicilline, tous deux ont 40 copies chacun», a-t-il indiqué.
Pourtant, nos experts sont d’accord pour affirmer que la réforme globale du secteur des médicaments est encore lointaine et que le chemin à parcourir pour y parvenir est encore long. « Il y a des lois qui ont été promulguées, il y a cette soi-disant baisse des prix et il y a d’autres actions à venir comme l’Observatoire des médicaments et l’Agence indépendante des médicaments qui attendent le feu vert du ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie numérique. Mais la vraie réforme n’a pas encore été entamée, à savoir la sécurisation de la production des matières premières pharmaceutiques. Tant qu’on les importera encore, on sera à la merci des industriels étrangers. On est encore loin de disposer d’une véritable industrie locale et cela demande l’intervention de l’Etat », a-t-il observé.
De son côté, le président du SRPOO estime que la baisse des prix des médicaments n’est qu’un maillon parmi tant d’autres du système de santé et que cette baisse doit être généralisée à l’ensemble de ce système (prix des visites médicales, analyses, imagerie, etc.).
La réforme du secteur doit instaurer, selon lui, le droit de substitution qui accorde au pharmacien la possibilité de délivrer des médicaments génériques à la place de ceux qui sont prescrits par le médecin. « Ce droit existe en Algérie, en Tunisie, en Espagne et en France mais pas au Maroc. Il doit donc être adopté afin d’améliorer l’accès des populations aux soins et de favoriser l’allégement des charges des caisses de couverture sociale », a-t-il conclu.