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La station d’épuration à l’origine de la pollution en zone forestière : Une catastrophe écologique à Essaouira


Abdelali khallad
Mercredi 30 Septembre 2009

La station d’épuration à l’origine de la pollution en zone forestière : Une catastrophe écologique à Essaouira
Les problèmes de l'assainissement liquide à Essaouira… on n'en parlera jamais assez!
Cela fait un an maintenant que nous avons publié  un article faisant état d'une pollution  dans la zone forestière avoisinant la station d'épuration de la ville des alizés sise dans la zone de Skala près de la plage Safi. Lors d'une visite des lieux sinistrés, nous avions constaté la gravité de la menace qui planait sur le domaine forestier à cause du déversement des eaux usées dans la forêt suite à un sérieux dysfonctionnement au niveau de la STEP. Vous vous souvenez très bien qu’on avait contacté l'Office national de l'eau potable à Essaouira dont l'ex-premier responsable nous avait confirmé que ce problème est dû à un déplacement des dunes, ce qui a bloqué l'acheminement des eaux traitées sur la plage, pour ensuite les déverser dans la forêt. A cet effet, l'ONEP nous avait assuré qu'un appel d'offres pour la réalisation d'un émissaire reliant la station et la mer a été déjà lancé pour parer à ce dysfonctionnement, en attendant l'aval du service provincial des Eaux et Forêts pour la réalisation des travaux d'installation de l'émissaire.
On se souvient tous de la position des Eaux et Forêts qui se sont déclarés surpris par les propos de l'ONEP, puisque l'autorisation de réalisation du projet a été déjà acquise dans le cadre du projet de réalisation de la station d'épuration de la ville. De ce fait, rien n'empêchait l'Office de faire le nécessaire pour intervenir d'urgence en vue de sauver la forêt d'une catastrophe écologique imminente. Effectivement, et après consultation de la fiche technique du projet de station qui n'était qu’une composante d'un projet global de réaménagement du réseau d'assainissement liquide de la ville d'Essaouira, on avait clairement constaté que l'émissaire devait être réalisé avant même la mise en service de la STEP, ce qui fait état d'un grave manquement de la part de l'ONEP qui s’est contenté, dans un premier temps, à en croire son ex-directeur,de déverser les eaux semi-traitées dans une descente menant vers la mer. Le mois de mai dernier, lors de la dernière session du conseil communal déchu de la ville, et en réaction à  l'évocation de ce problème qui continue de faire les malheurs de la forêt et des quartiers avoisinants,le nouveau directeur de l'Office national de l'eau potable avait affirmé , à notre grande surprise et celle de tous les édiles et citoyens présents, que ses services venaient de lancer un appel d'offres pour la réalisation du fameux  émissaire raccordant la STEP à la mer!
N'en déplaise aux services des Eaux et Forêts, au secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement, à la commission locale chargée du suivi de la réalisation du projet de réaménagement du réseau d'assainissement liquide, et aux  citoyens qui payent le service d'assainissement liquide avant même l’achèvement des travaux, et qui payent encore une fois le prix d'un grave manquement de la part du département en charge du service de l'assainissement liquide.
Facile est de constater que l'ONEP avait failli au cahier des charges du projet en mettant la STEP en service sans que l'émissaire soit réalisé, et que ses deux premiers responsables avaient à deux reprises annoncé le lancement d'un appel d'offres pour la réalisation du fameux canal qui tarde à voir le jour.
Aujourd'hui, et après douze mois exactement, la situation a atteint un seuil critique. La flotte des eaux usées s'étend maintenant sur plusieurs kilomètres, une grande superficie de la forêt est submergée par les eaux usées qui ont causé la mort certaine de plusieurs milliers d'arbres toutes espèces confondues. Pourtant, cette zone lagunaire est répertoriée Ramsar pour sa biodiversité singulière.
Nous avons encore une fois, contacté l’ONEP à Essaouira, dont les responsables nous ont assuré que les travaux de réalisation de l'émissaire ont atteint 70%, et que leur achèvement est prévu pour la mi-octobre 2009. Les responsables de l'Office expliquent la mise en service de la STEP sans la réalisation de l'émissaire par les difficultés rencontrées lors de la première phase du projet, puisqu'il fallait forer les dunes pour faire passer l'émissaire avec tous les risques d'effondrement et de déstabilisation que cela pouvait entraîner. D'autre part, la station devait être raccordée à la station balnéaire Mogador pour la réutilisation des eaux traitées. Ainsi, l'office a jugé inutile d'installer l'émissaire puisque les eaux seront aussitôt acheminées vers la station touristique. Malheureusement, les travaux de raccordement de la station Mogador ont tellement tardé qu'il fallait trouver une issue pour dégager les eaux semi-traitées dans la STEP. Evidemment, il n’y avait pas "mieux " que la forêt!
Le problème de réutilisation des eaux traitées pour l'irrigation des terrains de golf continue toujours, car les deux stations de pompage n'ont pas été mises en place, ainsi que la station de traitement définitif située près de Sidi Magdoul. " C'est catastrophique, il faut jeter une vue aérienne sur la zone ravagée par les eaux usées pour mieux saisir la gravité du problème. Comment peut-on tolérer un tel massacre du domaine forestier?", s'indigne un citoyen visiblement choqué par l'ampleur du désastre. D'autre part, les habitants de la ville ont subi le calvaire d'une vraie invasion des insectes qui continue toujours depuis juin dernier.
Une invasion que même les vents forts n'ont pu limiter ou atténuer du fait que les eaux polluées ont  créé des conditions telles que toutes sortes d'insectes nuisibles y nichent et se multiplient tranquillement par millions.
" Jamais Essaouira n'a subi une telle invasion d’insectes; la situation est désormais incontrôlable; la flotte polluée s'étend sur des kilomètres maintenant; c'est un problème écologique et sanitaire à la fois; les moyens modestes de la ville ne parviendront jamais à réparer ou même limiter les dégâts causés par cette catastrophe" nous a déclaré un édile non sans amertume. Amertume et indignation largement constatées parmi les participants aux colonies de vacances abritées par la ville au cours de l'été. Après deux nuits de l'entame de chaque colonie, les visages des enfants devenaient méconnaissables, du fait qu'ils subissaient la loi des insectes hostiles.
Des eaux usées visiblement polluées continuent à être déversées dans le domaine forestier comme si de rien n'était. Malheureusement, le projet qu'on croyait porteur de solutions à des problèmes liés à la défaillance du système de l'assainissement liquide,a mal tourné. Même le projet de réexploitation des eaux traitées pour l'irrigation des terrains de golf de la station balnéaire Mogador est loin d'être concrétisé. La fâcheuse déperdition  des ressources hydriques continue, en arrosant les terrains de golf.
Même après le résolution du problème de l'émissaire et le parachèvement du réseau de l'assainissement liquide, on ne saurait juguler cette catastrophe écologique dévastatrice d'une richesse naturelle. Par le biais d'une lettre envoyée au secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement, l'Office se déclare prêt à contribuer à la réparation des dégâts constatés dans la forêt de la ville. D'autre part, les responsables de l'Office nous ont confirmé  la fin des travaux du projet de réaménagement du réseau d'assainissement liquide qui a coûté 115 millions de dirhams. Toutefois, la défaillance du système de l'assainissement dans l'ancienne médina continue à préoccuper l'ONEP qui vient de lancer un appel d'offres pour la réhabilitation de trançons du collecteur principal à un coût avoisinant deux millions de dirhams (Bab Doukkala, quartier administratif).
La situation était si alarmante qu'il n'était plus possible d'attendre la réalisation de l'étude qui devrait prendre plus d'une année.
Une deuxième tranche sera réalisée avec un coût de 19 millions de dirhams avec une participation de la municipalité à hauteur de 30 %. Et enfin, une troisième tranche qui permettra la résolution définitive de tous les problème liés au réseau d'assainissement liquide.  



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