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Actuellement, le maître mot est : solidarité, à tous les étages de la société. Joindre nos efforts pour dépasser cette crise sanitaire inédite en ce siècle n’est pas négociable. Et ça, plusieurs acteurs associatifs l’ont bien compris. Armés d’un sens du dévouement aiguisé et d’un altruisme inébranlable, des femmes et des hommes essayent tant bien que mal d’offrir un toit à ceux qui n’ en ont pas. Même si par moments, les dispositifs utilisés flirtent avec les limites des règles d’hygiène sanitaire.
Ouverture de centres
d’hébergement
Certes on est encore loin des résolutions prises par plusieurs pays européens dont certains ont mis des chambres d’hôtels à disposition des sans-abri, mais le gouvernement marocain tente, avec un retard que l’on espère sans conséquence, de répondre à la problématique des SDF alors que le confinement est devenu obligatoire dans le pays.
Jamila El Mossalli, la ministre de la Solidarité, du Développement social, de l’Egalité et de la Famille, a récemment annoncé une batterie d’actions visant à placer les personnes en situation de rue, dans des espaces et des centres d’hébergement à Oujda, Inezgane, Agadir, Tanger, Casablanca, Rabat et Kénitra. En détail, les espaces en question seraient des salles couvertes ou des centres culturels. Concernant les conditions d’hébergement et notamment le respect des distances de sécurité, il y a quelques réserves à émettre, notamment sur le fait de réunir plusieurs personnes dans un même endroit, sans aucune séparation. Une situation qui peut faire le jeu du virus. Par conséquent, les sans-abri qui auront eu la chance de profiter de ces mesures, ont-ils été testés au Covid-19 afin d’éviter toutes contaminations ? Qu’en est-il des autres villes du Royaume ? Et enfin, en partant du principe que la majorité des SDF sont addicts a minima au tabac, combien de temps résisteront-ils au confinement qui s’apparente pour le coup à un sevrage obligatoire ? Seront-ils livrés à eux-mêmes ? Ce sont là plusieurs questions qui demeurent sans réponses.
Pétition pour
l’hébergement des SDF dans les mosquées
Des réponses justement, le monde associatif essaye d’en trouver. Une pétition circule depuis quelques jours afin d’inciter le gouvernement à reconvertir les mosquées et les salles couvertes en centres d’hébergement pour les sans-abri. Pour l’instant, leur demande trouve doucement mais sûrement écho auprès des autorités compétentes. Cela n’a pas empêché certains de prendre les devants comme c’est le cas à Fès où le complexe culturel de Zwagha a été aménagé au profit des sans-abri. A Inzegane aussi, un espace leur a été dédié en collaboration avec les autorités locales. Cela dit, difficile de cacher notre inquiétude quand on voit que ces personnes partagent tous le même lieu. D’où l’intérêt d’un dépistage pour éviter que le mal se répande.
Appel aux dons
Initiatrice de l'opération "Camion douche Joud digne» (Voir notre édition du 15 décembre 2019) lancée le 2 décembre 2019 en faveur des sans-abri, l’Association Jood et ses membres sont impuissants face aux mesures de confinement, comme nous l’a récemment confié avec regret sa présidente, Hind Laidi : «Nous sommes en arrêt d'activité depuis plus d’une semaine dans les cinq villes où nous avons des antennes. C'était le mieux à faire pour éviter de contaminer les « joodeurs » ainsi que nos bénéficiaires ». Mais c’est sans compter sur l’ingéniosité des composantes de l’association, jamais à court d’idées.
«Les joodeurs mettent en place un lien Google Maps pour géolocaliser les sans-abri sur Casablanca, Rabat, Marrakech, El Jadida et Tanger», nous explique Hind Laidi. « Nous posterons ce lien en priant les citoyens de donner de la nourriture et l'eau aux sans-abri qui se trouvent à proximité d'eux. Et on demandera aux médias aussi d'appuyer notre demande », conclut-elle. Mais pas seulement. Puisqu’un appel aux dons a également été lancé sur les réseaux sociaux. Après avoir réussi à localiser plusieurs SDF « à qui nous ne pouvons plus offrir de repas, nous souhaitons leur envoyer de l'argent durant cette période difficile (100 dhs par semaine et par SDF au minimum) » indique l’association sur sa page Facebook, où les personnes sensibles à la démarche pourront y trouver toutes les modalités concernant d’éventuels dons.
Des centaines de kilomètres plus au Sud et plus précisément à Agadir, le sort des personnes en situation de rue préoccupe tout autant la population. Comme quoi, la bonté n’a pas de frontière. Preuve en est, cet acteur associatif qui arpente les rues de la ville afin de sensibiliser les SDF sur le coronavirus et les bonnes pratiques sanitaires pour éviter toute infection. Une action en appelle à d’autres, un restaurateur aurait décidé de livrer des plateaux repas aux sans-abri confinés dans les centres d’hébergement. En espérant justement que ces derniers y resteront en résistant à l’envie de sortir et à l’appel de la rue.