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Le projet de la régionalisation lancé par le Maroc peut constituer une entrée vers l'établissement des politiques culturelles territoriales qui ont trait au développement économique et social. L'implication des collectivités locales dans cette mouvance - pour pallier le désengagement de l'Etat- peut donner un essor très net à la culture à travers la mise en place de politiques culturelles territoriales diversifiées et adaptées aux territoires concernés. Cette mission est permise aujourd'hui grâce à la nouvelle Charte communale ratifiée en 2007. A ce titre, les collectivités locales disposent d'un pouvoir d'initiative et d'intervention, sous réserve que leurs interventions correspondent aux orientations stratégiques de l'Etat en matière culturelle.
Le transfert des compétences de l'Etat aux collectivités territoriales en matière de planification culturelle va permettre aux territoires de développer des actions pouvant rejaillir sur les territoires environnants. Prenons l'exemple de la ville de Lille, qui était capitale européenne de la culture : c'est l'ensemble de la Région Nord-Pas-de-Calais, les départements du Nord, ainsi que la communauté urbaine de Lille, qui ont bénéficié d'une programmation culturelle renforcée et d'actions de médiation, sans oublier les bénéfices économiques et sociaux qui ont découlé de cette action.
Cependant, quelles sont les conditions matérielles, techniques et juridiques nécessaires pour aboutir à un modèle de politiques culturelles territoriales ambitieux ?
Le projet de la régionalisation initié par le Maroc constitue un cadre juridique réel pour l'application d'un mode de politique culturelle territoriale transversal. Le principe de la transversalité implique une présence des enjeux culturels dans les différentes politiques publiques d'un territoire donné. De ce point de vue, les différents plans de développement et autres programmes économiques doivent intégrer la dimension culturelle comme composante essentielle. Dans notre contexte marocain, on peut citer, en plus du plan d'action régional du ministère de la culture, le plan de développement communal 2010-2017, le schéma régional d'aménagement du territoire SRAT et le plan d'urbanisme.
Le Conseil de la région comme coordinateur d'une politique
culturelle territoriale
Afin d'assurer une meilleure coordination des actions, et pour atteindre une plus grande implication des différents acteurs, il paraît pertinent de désigner un « chef de filr » qui puisse remplir cette fonction. Dans le cadre de la nouvelle forme de la régionalisation avancée, le Conseil régional peut constituer le département le plus apte à orchestrer une politique culturelle régionale. De cette façon, la culture pourrait devenir une compétence obligatoire et non plus facultative.
Avec cette structuration, on peut résoudre le problème du financement - qui a été toujours le point faible des politiques culturelles antérieures - en recourant à des modalités partenariales plus efficientes et plus opérationnelles, comme la généralisation du conventionnement. Cette procédure peut permettre d'avoir une meilleure connaissance des fonds publics attribués, d'en suivre l'utilisation et de s'assurer de l'optimisation de leur usage grâce à des conventions pluriannuelles liant moyens et performance.
Ainsi, le mécénat, loin de constituer un danger pour la culture, peut avoir un effet de levier décisif pour la réalisation de certaines actions qui s'inscrivent dans le cadre de la politique culturelle territoriale. Dans une logique partenariale, les collectivités locales doivent manifester une certaine flexibilité au niveau fiscal en accordant des réductions sur les impôts aux entreprises qui s'impliquent dans des projets culturels locaux.
Il conviendrait de rappeler qu'un territoire, c'est un tout organique, chacune de ses composantes ayant besoin des autres, et que la culture c'est certainement ce qui crée le lien le plus fiable et le plus durable entre toutes ces composantes.
Quelle participation citoyenne à cette mouvance?
Le développement est une tâche très complexe qui nécessite, outre la coopération entre tous les acteurs locaux, une adhésion citoyenne étendue, tant au niveau de la prise de décision qu'au niveau de l'élaboration collective des projets pouvant répondre aux besoins locaux. L'implication des citoyens des zones précaires dans la réalisation des actions culturelles va renforcer la cohésion sociale et faire renaître de nouveaux sentiments d'appartenance.
Cependant, ne faut-il pas, avant de solliciter une telle adhésion, amener la population à changer son comportement culturel, dans la perspective où les notions de valeur, de patrimoine et de ressources doivent être repensées dans une vision plus large de leur bien-être et leur avenir collectif ?
Nous devons être conscients qu'aucune politique culturelle ambitieuse et inscrite dans une vision globale de développement ne serait possible en l'absence d'un dialogue clair entre les agents de développement et les acteurs culturels. Les problématiques culturelles, si sensibles soient-elles, ne sont pas encore évidentes pour tous les acteurs qui font les villes aujourd'hui, qu'ils soient décideurs politiques, artistes ou publics.
Cette situation est due à une mauvaise compréhension des nouveaux rôles de la culture dans le développement ou à l'absence d'une dimension éthique dans les politiques de développement. L'acte de développement économique ne peut se réduire à un ensemble de techniques figées lorsqu'il est dépourvu d'un ensemble de valeurs culturelles et éthiques.
Cela nous oblige à repenser sérieusement nos conceptions de la culture et à nous demander s'il faut considérer la culture comme une tradition qui cimente une identité déjà existante, ou comme un champ d'étude et de réflexion sur l'avenir.
*Agent de développement local
Le transfert des compétences de l'Etat aux collectivités territoriales en matière de planification culturelle va permettre aux territoires de développer des actions pouvant rejaillir sur les territoires environnants. Prenons l'exemple de la ville de Lille, qui était capitale européenne de la culture : c'est l'ensemble de la Région Nord-Pas-de-Calais, les départements du Nord, ainsi que la communauté urbaine de Lille, qui ont bénéficié d'une programmation culturelle renforcée et d'actions de médiation, sans oublier les bénéfices économiques et sociaux qui ont découlé de cette action.
Cependant, quelles sont les conditions matérielles, techniques et juridiques nécessaires pour aboutir à un modèle de politiques culturelles territoriales ambitieux ?
Le projet de la régionalisation initié par le Maroc constitue un cadre juridique réel pour l'application d'un mode de politique culturelle territoriale transversal. Le principe de la transversalité implique une présence des enjeux culturels dans les différentes politiques publiques d'un territoire donné. De ce point de vue, les différents plans de développement et autres programmes économiques doivent intégrer la dimension culturelle comme composante essentielle. Dans notre contexte marocain, on peut citer, en plus du plan d'action régional du ministère de la culture, le plan de développement communal 2010-2017, le schéma régional d'aménagement du territoire SRAT et le plan d'urbanisme.
Le Conseil de la région comme coordinateur d'une politique
culturelle territoriale
Afin d'assurer une meilleure coordination des actions, et pour atteindre une plus grande implication des différents acteurs, il paraît pertinent de désigner un « chef de filr » qui puisse remplir cette fonction. Dans le cadre de la nouvelle forme de la régionalisation avancée, le Conseil régional peut constituer le département le plus apte à orchestrer une politique culturelle régionale. De cette façon, la culture pourrait devenir une compétence obligatoire et non plus facultative.
Avec cette structuration, on peut résoudre le problème du financement - qui a été toujours le point faible des politiques culturelles antérieures - en recourant à des modalités partenariales plus efficientes et plus opérationnelles, comme la généralisation du conventionnement. Cette procédure peut permettre d'avoir une meilleure connaissance des fonds publics attribués, d'en suivre l'utilisation et de s'assurer de l'optimisation de leur usage grâce à des conventions pluriannuelles liant moyens et performance.
Ainsi, le mécénat, loin de constituer un danger pour la culture, peut avoir un effet de levier décisif pour la réalisation de certaines actions qui s'inscrivent dans le cadre de la politique culturelle territoriale. Dans une logique partenariale, les collectivités locales doivent manifester une certaine flexibilité au niveau fiscal en accordant des réductions sur les impôts aux entreprises qui s'impliquent dans des projets culturels locaux.
Il conviendrait de rappeler qu'un territoire, c'est un tout organique, chacune de ses composantes ayant besoin des autres, et que la culture c'est certainement ce qui crée le lien le plus fiable et le plus durable entre toutes ces composantes.
Quelle participation citoyenne à cette mouvance?
Le développement est une tâche très complexe qui nécessite, outre la coopération entre tous les acteurs locaux, une adhésion citoyenne étendue, tant au niveau de la prise de décision qu'au niveau de l'élaboration collective des projets pouvant répondre aux besoins locaux. L'implication des citoyens des zones précaires dans la réalisation des actions culturelles va renforcer la cohésion sociale et faire renaître de nouveaux sentiments d'appartenance.
Cependant, ne faut-il pas, avant de solliciter une telle adhésion, amener la population à changer son comportement culturel, dans la perspective où les notions de valeur, de patrimoine et de ressources doivent être repensées dans une vision plus large de leur bien-être et leur avenir collectif ?
Nous devons être conscients qu'aucune politique culturelle ambitieuse et inscrite dans une vision globale de développement ne serait possible en l'absence d'un dialogue clair entre les agents de développement et les acteurs culturels. Les problématiques culturelles, si sensibles soient-elles, ne sont pas encore évidentes pour tous les acteurs qui font les villes aujourd'hui, qu'ils soient décideurs politiques, artistes ou publics.
Cette situation est due à une mauvaise compréhension des nouveaux rôles de la culture dans le développement ou à l'absence d'une dimension éthique dans les politiques de développement. L'acte de développement économique ne peut se réduire à un ensemble de techniques figées lorsqu'il est dépourvu d'un ensemble de valeurs culturelles et éthiques.
Cela nous oblige à repenser sérieusement nos conceptions de la culture et à nous demander s'il faut considérer la culture comme une tradition qui cimente une identité déjà existante, ou comme un champ d'étude et de réflexion sur l'avenir.
*Agent de développement local