La reconstitution des peuplements forestiers


Par Mohammed Benslimane *
Vendredi 14 Janvier 2011

La reconstitution des peuplements forestiers
La prise de conscience mondiale de la dégradation de l’environnement et de l’importance des forêts a permis une nouvelle orientation de la foresterie visant à renforcer la préservation des ressources naturelles, les gérer durablement et encourager les travaux de reconstitution.
 Le reboisement est essentiel pour assurer la pérennité des forêts, le repeuplement des zones dégradées, la production en bois d’œuvre, d’industrie et de feu, la protection des eaux et du sol et l’amélioration des conditions de l’environnement.
 Le reboisement est une chaîne continue, constituée de plusieurs maillons interdépendants, qui débute depuis la récolte des graines, en passant par la production de plants sains et vigoureux, jusqu’à la préparation du sol, les travaux de plantation et d’entretien. Sans oublier qu’il faut d’abord commencer par l'identification des caractéristiques écologiques du site proposé pour le reboisement et de l'essence qui s'y adapte, des techniques à suivre et surtout assurer son acceptation sociale. La bonne réussite des travaux de reboisement reste tributaire de la bonne exécution de chaque maillon de la chaîne.
Les contraintes climatiques et socio-économiques dont souffre la forêt marocaine se traduisent par un manque de régénération naturelle et un vieillissement des peuplements. Cette problématique exige la mobilisation des moyens conséquents pour l’intensification des programmes de reconstitution, particulièrement à base des essences autochtones (cèdre, chêne-liège, pins, thuya, cyprès, chêne vert…). Pour répondre à tous ses besoins, le Maroc a engagé depuis plus d’un demi-siècle une politique de reboisement qui est passée par trois phases : A partir de 1930 : l’administration entame les premiers reboisements d’eucalyptus et de pin maritime pour repeupler les clairières de la
Maâmora ;  De 1950 à 1970 : l’Etat lance un certain nombre d’interventions de reboisement par objectifs : « bois de cellulose » ; « résineux » ; « fixation des dunes » ;
 A partir de 1970 : phase de planification basée sur l’adoption du Plan national de reboisement, actualisée en 1996 par le plan directeur de reboisement. Ce dernier prévoit le reboisement de 5 millions d'hectares à long terme, avec des objectifs de 1,5 million ha sur 30 années et un plan d’urgence de 500.000 ha sur 10 ans (46 % de plantations de production, 42 % pour le reboisement de protection, 9 % de sylvo-pastoralisme et 3 % pour le loisir).
La reconstitution des
peuplements au niveau de la région du Moyen Atlas

 La région du Moyen Atlas revêt une importance capitale au niveau national tant du point de vue superficie de la forêt que du point de vue diversité de ses formations forestières (cèdre, pins, chêne vert, chêne-liège, thuya, acacia saharien…).
 La nouvelle approche managériale mise en œuvre par le Haut Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte Contre la désertification et qui a été adoptée par la DREFLCD du Moyen Atlas vise la rationalisation des moyens et l’efficience des actions, en se basant sur :
 •   Une planification opérationnelle participative et ascendante, conduisant à des programmes pluriannuels composés de projets territorialisés.
 •  Une mise en œuvre déconcentrée par le biais de contrats-programme annuels régionalisés
 •      Une nouvelle gouvernance reposant sur quatre cultures : le projet, la responsabilité, la contractualisation et le résultat.  Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’un programme décennal ambitieux et réaliste, avec des tranches triennales où le reboisement constitue l’action centrale. Le programme décennal, élaboré au niveau de la DREFLCD-MA, et qui constitue une traduction pratique des orientations du PFN, a identifié un certain nombre d’actions de reboisement à réaliser au niveau des différents écosystèmes de la région selon une approche intégrée, territorialisée et participative et qui découlent des grandes orientations du PDR, des plans d’aménagement des forêts et des périmètres de reboisement et des programmes spécifiques.
 Mais avant de proposer un périmètre pour le reboisement, il faut s’assurer de l’acceptation sociale et des conditions écologiques du milieu.
L’acceptation sociale permet de se prémunir des oppositions et d’éviter tous les problèmes qui peuvent surgir au cours de l’exécution des travaux (notamment le non-respect des mises en défens). Les conditions écologiques du milieu nous renseignent sur l’espèce à planter et sur les techniques à adopter pour réussir la plantation (tracé, travaux de préparation du sol, de plantation et d’entretien).
 La mise en défens, sujet souvent de discorde avec les populations usagères, doit être instaurée de manière rigoureuse depuis le lancement des travaux de reboisement, jusqu’à l’âge de défensabilité des plants. Cette mise en défens est considérée par les riverains comme une déduction de leurs droits d'usage sur le milieu forestier. Dans ce contexte, on se demande comment convaincre de simples citoyens de délaisser des gains immédiats pour des gains futurs, dont ils n'auraient peut-être pas la jouissance.
 Le HCEFLCD, conscient de ce problème, a instauré des mesures incitatives, notamment la compensation (à raison de 250 DH/ha) des droits de parcours dans les mises en défens et l'organisation et la conclusion de contrats avec les usagers. Ainsi, le reboisement n'est plus considéré comme une action purement technique, mais intégré dans une approche de projet contribuant au développement économique et social des populations riveraines.

Cas du cèdre de l'Atlas
 
Espèce noble du Maroc et de la région Moyen Atlas, cette essence emblématique, couvre au niveau de la région du Moyen Atlas 114000 ha, soit, respectivement, 16 et 80 % des superficies mondiale et nationale. Le cèdre souffre de plusieurs problèmes, notamment le dépérissement et la difficulté de sa reconstitution, dus à plusieurs facteurs, physiologique (intrinsèques à l'espèce cèdre), socio-économique (parcours et écimage) et écologiques (climat, substrat, densité, etc.). Les plans d’aménagement des forêts prévoient pour la période (2008-2017), la reconstitution de la cédraie sur 29.161 ha.
 Pour accompagner le processus de reconstitution des cédraies au niveau de la région du Moyen Atlas, les règles de culture dictées par les plans d’aménagement au niveau du quartier de régénération insistent sur les aspects suivants:
 Pour les parcelles ayant des potentialités de régénération naturelle, les interventions à entreprendre consistent en l’installation de la mise en défens stricte (clôture), suivie par des interventions sylvicoles au niveau des deux étages. Dans l’étage dominant (cèdre), les interventions doivent se limiter à des éclaircies sélectives par le prélèvement des vieux arbres qui dominent les bouquets des jeunes et éventuellement des coupes de nettoiement, et aux dépressages dosés du chêne vert afin de favoriser l’installation des jeunes semis de cèdre dans l’étage dominé (chêne vert).
 Pour les parcelles où la régénération naturelle est capricieuse, les interventions seront organisées en deux passages. Durant la première mi-période d’aménagement (première rotation), la régénération naturelle doit être assistée par un dégagement progressif du couvert, des crochetages, apport de graines… Au cours de la 2ème rotation, il y a lieu de recourir à la régénération artificielle par plantation dans les parcelles où la régénération assistée n’a pu être acquise lors de la première rotation.
Pour ce faire, les travaux de préparation du sol doivent être adaptés aux conditions du milieu par la mise en place d’ouvrages adaptés (gradins ou éléments de fossés pour les terrains en pente) et d’assurer un encadrement des travaux de plantation. Ces parcelles doivent faire l’objet d’entretiens et de regarnis sur une dizaine d’années.

* Ingénieur forestier.


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