La prévention du suicide, une affaire de tous

Au Maroc   le phénomène demeure encore un tabou


Nezha Mounir
Mardi 10 Septembre 2013

La prévention du suicide,  une affaire de tous
 Courage? Lâcheté? Quoi qu’il en soit, c’est le désespoir qui constitue  le mécanisme déclencheur. Bon nombre de personnes franchissent  le pas et choisissent de mettre fin à leur vie.  Le suicide, puisque c’est de lui qu’il s’agit  demeure une énigme. Un échec scolaire, des dettes qui ne se comptent plus voire  un chagrin d’amour et le passage à l’acte n’est pas loin. Un phénomène mondial  qui a amené l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à déclarer le 10 septembre Journée mondiale de prévention du  suicide. Le Maroc n’est pas en reste et le voile du silence qui couvre le phénomène commence à être levé. Le vulgariser conduirait à mieux le prévenir.
Côté chiffres, le constat est fort alarmant. En effet, selon l’OMS, chaque année, près d’un million de personnes décèdent en mettant fin à leurs jours, soit un taux de mortalité «mondial» de 16 pour 100.000, ou un décès toutes les 40 secondes. En moyenne, 3000 personnes se suicident chaque jour dans le monde et on dénombre 20 tentatives ou plus pour un suicide. Au cours des 45 dernières années, les taux de suicide ont augmenté de 60% à l’échelle mondiale. Le suicide figure parmi les trois principales causes de décès chez les personnes âgées de 15 à 44 ans dans certains pays, et est la deuxième cause de décès dans le groupe d’âge des 10-24 ans. Des chiffres qui ne tiennent pas compte des tentatives de suicide qui sont près de 20 fois plus fréquentes que le suicide abouti.
Qu’en est-il du Maroc ? Le premier constat qui s’impose quand on aborde le suicide au Maroc, c’est que les chiffres manquent. Juste des statistiques ici et là, dont il faut se suffire en l’absence d’un registre national pour le recensement des cas. Bien évidemment, nous sommes  concernés par ce phénomène quoiqu’il demeure tabou et ce, pour des considérations religieuses, culturelles voire sociales. “C’est désolant et stupide”, ne cesse de répéter le Pr Driss Moussaoui, chef du service psychiatrique au CHU Ibn Rochd. Des cas de suicide défrayant la chronique, sont régulièrement rapportés par la presse.
 De plus en plus, on y voit des hommes, des femmes, des jeunes et moins jeunes, et même des enfants se donner la mort. Que de familles endeuillées ! Ils laissent derrière eux des personnes qui les ont aimés et qui culpabilisent de ne pas avoir su les écouter. C’est le cas de cette maman qui n’a pas réussi à faire le deuil de son enfant qui s’est suicidé il y a quatre ans déjà :«Je m’en veux terriblement de ne pas avoir perçu la souffrance de mon enfant alors que nous étions très proches l’un de l’autre», se désole-t-elle. Et d’ajouter :«Il a fallu que je me fasse aider par un thérapeute mais je n’ai pas pu surmonter la crise». Ce n’est pas le cas de tout le monde comme le constate cet acteur associatif «Actuellement, les familles sont peu ou pas du tout accompagnées, suivies ou soutenues après le suicide d’un proche. Elles se retrouvent livrées à elles-mêmes ». Le risque. C’est de voir les proches de la personne décédée exprimer à leur tour une envie de suicide. Les spécialistes s’accordent à dire que  «c’est un risque très important et très présent. Dans ces cas-là, il ne faut pas occulter leur besoin de parler: au contraire, il faut que la personne puisse se confier ouvertement et mettre des mots sur ses maux».
En somme comme l’a indiqué Meryeme Bouzidi Laraki, présidente de l’Association «Sourire de Réda»: «Nous sommes conscients que pour traiter efficacement cette problématique, la mobilisation des acteurs sociaux et des pouvoirs publics est nécessaire. En levant le voile sur le suicide et en le reconnaissant comme un problème de société, on peut contribuer à le prévenir. Chacun peut être acteur de cette prévention».


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