La politique urbanistique casablancaise passée au crible

Une conférence organisée par la Commission préparatoire des congrès provinciaux de l’USFP à Casa


Mourad Tabet
Lundi 2 Juin 2014

La politique urbanistique  casablancaise passée au crible
La Commission préparatoire des congrès provinciaux de l’USFP à Casablanca a organisé, vendredi dernier au siège régional du parti,  une conférence sous le thème «La structure et la politique de l’urbanisme à Casablanca ». 
Devant un parterre de militants du parti de la Rose, Abderrahmane Rachik a passé en revue la politique de l’urbanisme à Casablanca depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours.
Ce spécialiste de la politique de la ville et des mouvements protestataires en milieu urbain a expliqué que la décision stratégique du Maréchal Lyautey de construire le port de Casablanca a converti celle-ci en métropole. Le nombre d’habitants peut en attester. En effet, ce chiffre est passé de 20.000 habitants au début du siècle passé à plus de 3 millions  selon le recensement de 1994.
Le premier résident général du Protectorat a choisi l’urbaniste Henri Prost pour mettre en œuvre sa vision à Casablanca. 
Ce dernier a présenté son premier plan d'aménagement pour Casablanca en 1915. Il va l’inscrire dans l'histoire des villes modernes, en mettant en place une réglementation innovante pour l’époque.
S'inspirant des expériences allemandes et américaines (zonage, occupations des sols, gabarits, alignements, remembrements), cette réglementation demeurera en vigueur jusqu'à la fin des années 40 et ce n'est qu'avec l'arrivée de Michel Ecochard, en 1947, qu'un nouveau plan d'aménagement sera mis en place.
En 1951, ce dernier a, en effet, proposé un plan d'extension linéaire de la métropole le long de la côte pour relier les pôles portuaires de Casablanca et Mohammedia. Il a également réalisé la percée de l'Avenue des F.A.R., relançant ainsi  le projet de quartier des affaires devant abriter de nouveaux bâtiments comme l'hôtel Marhaba en 1956, longtemps considéré comme un repère dans le paysage urbain. 
De 1946 à 1952, Ecochard mènera également la bataille du logement social face aux intérêts du grand capital. Ses plans de zoning sont approuvés en 1952 et seront appliqués jusqu'en 1984, année au cours de laquelle un nouveau schéma directeur a été élaboré par le cabinet de Michel Pinseau.Pour Abderrahmane Rachik, le plan élaboré par Prost fut, néanmoins, ségrégationniste. A côté de l’ancienne Médina, il a construit une nouvelle ville pour les Européens. Tous les plans qui lui ont succédé, y compris le plan Ecochard, ont gardé et respecté la même logique et la même philosophie « ségrégationniste », « raciale » et « d’apartheid ».
Mais suite aux événements de juin 1981, Feu Hassan II a demandé à l’architecte Michel Pinseau d’élaborer un nouveau plan pour Casablanca, et surtout pour les zones où l’émeute avait éclaté. Il lui a imposé deux principes qui reflètent, selon l’intervenant, une certaine obsession sécuritaire. Le premier concerne l’habitat et le second la sécurité. Pinseau les a intégrés dans son schéma directeur d’aménagement urbain de Casablanca. «Pour la première fois, l’urbanisme fait partie d’un enjeu politique pour les responsables », a souligné Abderrahmane Rachik. Pour lui, la sécurité est devenue une priorité pour les autorités. Pour cette raison, plusieurs institutions de contrôle ont été mises en place (création de plusieurs préfectures et de l’Agence urbaine de Casablanca et rattachement du département de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire au ministère de l’Intérieur).
L’intervenant a, par la suite, remis en question la manière avec laquelle ce schéma directeur a été élaboré. Selon lui, le processus s’est révélé coûteux, car ce document a été élaboré par des bureaux d’étude étrangers. En outre, son processus d’élaboration s’est révélé poussif alors que l’extension de la ville était fort rapide.
Il a, en outre, remis en question la politique des «villes satellites» comme Tamesna et Tamansourt. «Ces villes ne respectent pas l’abc de l’urbanisme», a-t-il souligné. Car, elles ont été bâties sans prendre compte « des équipements collectifs structurants» et sans «bassin d’emploi», ce qui en a fait «des cités-dortoirs» dont le but est de regrouper des logements.


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