La politique du pire du gouvernement Benkirane

Tout indique que l’année actuelle sera des plus difficiles


J.R
Samedi 23 Janvier 2016

Les lendemains vers lesquels le gouvernement Benkirane nous mène ne semblent pas du tout roses. Non seulement tous les indicateurs économiques sont d’un rouge que la rareté des précipitations pourrait rendre écarlate, mais le risque d’implosion que sa politique de rigueur fait peser sur la société augure du pire.
En ces jours de fin de mandat, ce cabinet n’a malheureusement plus rien d’autre à nous offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur, pour paraphraser Winston Churchill.
Mais si ce dernier avait réussi son pari de mener la Grande-Bretagne vers la victoire contre les nazis, Benkirane qui n’en a ni la stature ni la finesse, semble n’avoir réussi qu’à nous jeter au fond du précipice. De victoire contre quoi que ce soit, il n’y en aura donc point, mais des sacrifices, on sera appelés à en faire beaucoup. Reste que pour que cette incontournable pilule soit la moins amère possible, il faudrait que le commun des mortels en sente la nécessité et soit convaincu que les sacrifices seront partagés par tous sur un pied d'égalité.
La conjoncture est certes difficile, mais le Maroc a les moyens de faire vivre convenablement sa population pour peu qu’il y ait une bonne gouvernance. Ce qui est loin d'être le cas compte tenu de l’ampleur des inégalités sociales générées par une économie de rente sur laquelle se sont greffées une spéculation et une corruption forcenées.
Parce que le fossé entre riches et pauvres, entre puissants et dominés, ne cesse de se creuser, il y a peu d’espoir pour que, demain et par magie, il y ait une sorte de fraternité nationale face à la «sueur» et aux «larmes». Ceci d’autant plus qu’aux nobles valeurs d’antan se sont substitués de nouveaux comportements et mœurs qui sacralisent la débrouille, la richesse, le chacun pour soi  et la quête effrénée voire forcenée de consommation des biens et services. A l’origine de cette perversion, la faillite de l’école et, par ricochet, celle de la politique.
Au fil des ans, cette dernière s’est imperceptiblement transformée en médiocratie. Les meilleurs cerveaux, s'ils ne sont pas obligés de rentrer dans le moule, vivent en ermites au sein d'un pays qui leur est de plus en plus étranger. Nombreux sont ceux d’entre eux qui sont partis quérir une place au soleil sous d'autres cieux. Pour vivre décemment au lieu de militer pour le bien de leur prochain ou de le sauver d’une misère rampante qui ne dit pas son nom ou que la langue de bois empêche d’apparaître sous son vrai jour. Ils mettent ainsi leurs talents au service d'autres sociétés alors que la mère patrie aurait dû en être la première bénéficiaire. En tout, le pire suinte de partout. D’un côté, des masses désespérées et avachies dont on quémande la voix lors des scrutins, et de l’autre des gourous politiques d’un conservatisme capé qui nous mentent effrontément. Les couleuvres, de plus en plus grosses, ont ainsi pu passer à travers nos gorges béantes, ouvertes à toutes les infamies et mâtinées de cette unique sauce : le mépris. Mais jusqu’à quand?
Aux antipodes des nations modernes qui ont mis la politique à leur service, celle qui est conduite actuellement dans notre pays ne semble avoir d’autre finalité première que de servir les intérêts d’individus ou de groupes dont le goût du lucre n’a d’égal que l’arrivisme et la volonté de domination.
Vaincre la crise aujourd’hui n’exige donc pas seulement de se mettre en quatre pour booster le système de création et de redistribution des richesses, mais aussi de réhabiliter la politique en lui redonnant ses lettres de noblesse et en la remettant entre les mains d’hommes et de femmes qui ne sont pas aujourd’hui aux commandes.
 


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