La police de Cologne précède à des vérifications sur les suspects

Les réfugiés craignent de trinquer pour les agressions


Samedi 9 Janvier 2016

La police effectue des vérifications sur 31 "suspects" au total, dont 18 demandeurs d'asile, pour des violences et vols survenus le soir du Nouvel An à Cologne, a annoncé vendredi un porte-parole du ministère fédéral de l'Intérieur.
Il a fait état lors d'un point de presse à Berlin "de 31 suspects, dont les noms sont désormais identifiés, dont 18 ont le statut de demandeur d'asile", soupçonnés de vols et de violences physiques, en citant des données fournies par la police fédérale allemande.
Ce groupe de personnes comprend notamment 9 Algériens, 8 Marocains, 4 Syriens, 5 Iraniens, un Iranien et un Serbe, a-t-il détaillé.
Le porte-parole, Tobias Plate, n'a pas évoqué de suspects concernant les agressions sexuelles proprement dites ni mentionné d'interpellations à ce stade.
La police locale de Cologne (ouest), qui est distincte de la police fédérale et était aussi déployée dans le centre-ville le soir de la Saint-Sylvestre, parle de son côté de plus de 120 plaintes pour agressions sexuelles enregistrées par ses services à ce jour. Cette dernière avait jusqu'ici fait état de 16 personnes suspectes faisant l'objet de vérifications, sans donner aucun autre détail.
Si les enquêteurs n'ont pas fait état à ce jour d'arrestations ou de gardes à vue dans le dossier, la chaîne publique de la région de Cologne, WDR, affirme elle vendredi que deux interpellations ont eu lieu.
Selon ce média, les policiers ont découvert sur les téléphones portables de ces deux hommes des images vidéo du soir du Réveillon montrant des agressions de femmes ainsi qu'une feuille de papier sur laquelle sont marquées des traductions de termes sexuels de l'arabe à l'allemand, affirme la chaîne.
Les violences du Nouvel An à Cologne, commises selon les témoins par des hommes d'apparence "nord-africaine" ou arabe" ont profondément choqué l'Allemagne et mis la chancelière Angela Merkel un peu plus sous pression du fait de sa politique d'ouverture à l'égard des réfugiés venant de Syrie, d'Irak ou d'Afghanistan. Plusieurs responsables politiques ont fait le lien entre cette politique et les agressions.
"Notre première réaction a été: maintenant, les Allemands vont nous détester", confie Asim Vllaznim, lorsqu'il évoque le moment où lui et sa famille ont découvert l'ampleur des agressions du Nouvel An à Cologne, devant leur vieille télévision cathodique.
 "C'est une honte ce qu'ils ont fait à la gare centrale", s'indigne ce Kosovar de 32 ans, dans la chambre d'un foyer de demandeurs d'asile de la métropole rhénane (ouest), où il reçoit en proposant le thé.
Ce ne sont pas de bonnes nouvelles pour Merkel", soupire M. Vllaznim, pendant que ses deux plus petits sautent insouciamment sur leur lit.
 Ce père de cinq enfants a foi en la chancelière et son "wir schaffen das" ("nous réussirons") qu'elle a martelé aux Allemands, lorsque l'afflux de réfugiés a commencé à inquiéter. Mais il sait que "Mama Merkel" est sous pression.
 "Je remercie les Allemands de nous avoir accueillis. (...) Je voudrais leur dire de ne pas avoir peur", reprend le Kosovar, à Cologne depuis un an et demi.
 Fatigué des discriminations dont sont victimes les Ashkalis, la minorité ethnique à laquelle sa famille appartient, il a quitté les Balkans avec l'espoir que ses enfants grandiront ici.
 "Nous ne sommes pas de mauvais individus, nous cherchons juste une vie meilleure", plaide-t-il, en espérant que l'alcool n'a pas fait déraper certains jeunes réfugiés. "Ce serait terrible", songe-t-il, en réclamant "la prison" pour tous les agresseurs.
 "Dans toutes les cultures, il y a des gens qui se comportent mal", soupire une Bosniaque de 36 ans, qui souhaite garder l'anonymat.
 "Il ne faut pas mettre tous les réfugiés dans le même sac", lance-t-elle dans un couloir du vaste bâtiment en briques, qui héberge 623 demandeurs d'asiles au lieu des 550 autorisés. Cologne en héberge actuellement 10.150 dans ce genre de centres d'urgence, au milieu de son million d'habitants.


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