La performance globale des universités marocaines au CFA Research Challenge s’est nettement améliorée

Zakariae Lhadj Kacem, président de l’Investment Analysts Society of North Africa


La deuxième édition de la finale marocaine de la compétition internationale du CFA Research Challenge a été remportée par l’Université Al Akhawayn d’Ifrane. Président de l’Investment Analysts Society of North Africa, Zakariae Lhadj Kacem revient dans cet entretien sur les principaux défis et les enseignements de cette édition.

Alain Bouithy
Jeudi 17 Mars 2022

Libé : Investment Analysts Society of North Africa (IASNA) a organisé en février dernier la finale marocaine de la compétition internationale du CFA Research Challenge. Aviez-vous un défi à relever ?
ZLK : Avant de citer les défis que nous avions à relever dans cette deuxième édition, je rappelle qu’à la suite du succès de la toute première édition du Challenge au Maroc, avec seulement la participation de trois universités, nous avons annoncé l’ambition d’élargir le nombre d’universités marocaines participantes. Cette ambition s’est transformée en réalité avec la participation de 15 équipes cette année. En d’autres termes, nous sommes passés de 15 à 75 étudiants-participants. Mais, il ne s’agit pas juste d’augmenter les chiffres. Notre premier défi à relever est de tirer le niveau académique et technique de tous les participants vers le haut.

Le CFA Challenge n’est pas un concours classique à la française où les étudiants se préparent pendant plusieurs mois voire années afin de passer une épreuve technique qui dure 4 heures ! Le CFA Challenge est une plateforme unique de formation et d’accompagnement des étudiants participants pendant plusieurs mois. Pour encadrer les 15 équipes, il a fallu la mobilisation de 30 encadrants bénévoles. Deux d’entre eux sont dédiés pour chaque équipe, un conseiller pédagogique ainsi qu’un mentor professionnel exerçant dans l’industrie d’investissement. En plus de ces 30 encadrants d’équipes, l’association a recruté 16 correcteurs et membres du jury final, qui sont tous des experts de l’industrie, et qui participent à la compétition en tant que bénévoles à titre gracieux.

Vous voyez, pour réussir à encadrer 75 étudiants participants, il a fallu la mobilisation de 46 bénévoles d’encadrement ! Nous avons décidément, un niveau élevé d'encadrement, ce qui explique la nette amélioration dans la performance globale de toutes les équipes marocaines cette année. Je tiens à remercier tous les encadrants bénévoles pour leurs efforts et leur contribution de grande valeur au succès de la compétition.

Non moins lié au défi de l’encadrement, nous avons annoncé en novembre 2020 l’ambition de faire porter le travail d’analyse des étudiants-participants sur une des sociétés marocaines cotées à la Bourse de Casablanca. C’est une autre ambition qui s'est transformée en réalité, car le travail de tous les étudiants a porté sur l’analyse du titre action de la société Aradei Capital. Je voudrais remercier Aradei Capital, car ils ont consacré deux sessions aux équipes participantes, dont une animée par le PDG monsieur Nawfal Bendefa, pour présenter l’entreprise et répondre aux questions des étudiants. Lors de ces sessions, les étudiants s’exercent au métier d’equity-analyst dans des conditions de la vie réelle.

Quels enseignements avez-vous tiré de cette deuxième édition du CFA Challenge au Maroc ?
Le principal enseignement de cette année est que le Maroc dispose d’un stock impressionnant d’étudiants talentueux, ainsi que de professeurs et d’experts financiers hautement qualifiés. Et cela nous encourage encore plus à développer cette compétition du CFA Challenge au Maroc.

Au-delà d’être une plateforme d’apprentissage du métier d’analyste financier, participer à la compétition est un booster de l’employabilité des étudiants. Les compétences développées par les participants sont pluridisciplinaires, elles comprennent l’analyse quantitative, l’analyse qualitative, les capacités rédactionnelles, les capacités de présentation et de prise de parole en public ; et tout cela en langue de Shakespeare.  

Cette deuxième édition a été marquée par une forte participation des universités marocaines dont le nombre est passé de 3 à 15 équipes. Comment expliquer cette forte mobilisation ?
La question serait plutôt pourquoi ne pas participer !  La participation est gratuite pour les universités. Les étudiants bénéficient d’une expérience unique d’apprentissage, de mentorat, et de réseautage ; ce qui booste leur employabilité. Donc pour une université, il y a tout à gagner. Autrement dit, en jargon financier, il n’y a aucun risque de downside !

Les compétences développées sont évidemment pertinentes pour les métiers d’analyse financière et la gestion de portefeuille. Mais ce sont des compétences clés également pour équiper ces futurs dirigeants, entrepreneurs, fondateurs de fintech, directeurs financiers, etc. 

La finale nationale a été remportée par l’Université Al Akhawayn d’Ifrane.  Mais avant de nous intéresser à l’équipe gagnante, pouvez-vous nous rappeler le principe et le but de cette compétition ?
Le Research Challenge est une compétition annuelle internationale entre équipes d'étudiants dans la préparation d'un dossier d'investissement. Chaque équipe doit produire un rapport de recherche détaillé et une présentation sur une société cotée en bourse. Au niveau de notre compétition nationale, le rapport de chaque équipe est noté dans un premier tour par un panel de correcteurs-experts en analyse financière, ce qui permet de sélectionner les équipes finalistes. Par la suite, les finalistes soutiennent leur thèse d’investissement devant un jury d'experts de l'industrie. L’équipe championne du Maroc, qui est cette année l’Université Al Akhawayn d’Ifrane, est qualifiée pour la compétition régionale MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) où elle affrontera des Universités du Bahreïn, du Qatar, de l’Égypte, des Émirats, de la Jordanie, du Koweït et de l’Arabie Saoudite. Après les compétitions régionales, la finale mondiale aura lieu le 16 mai 2022.

A votre avis, qu’est-ce qui a pu convaincre le jury de choisir ?
Permettez-moi d’abord d’expliquer les règles de notation utilisées par le jury. Contrairement à une soutenance académique classique où chaque juge donne un chiffre unique qui résume son appréciation de la performance globale de celui qui présente, le CFA Challenge utilise un système qui attribue une note pondérée à chaque compétence qu’on vise à évaluer. La somme de ces notes pondérées constitue la note finale de l’équipe. Ainsi 40% de la note finale est déterminé par la profondeur de l’analyse financière et des méthodes d’évaluation développées par l’équipe, 20% par la qualité de la présentation, 20% par la qualité des réponses aux questions du jury, 10% par l’analyse apportée aux aspects ESG (Environnemental, Social, et Gouvernance), 5% par l’implication de l’ensemble des membres de l’équipe, et finalement 5% par la qualité des diapositives (les slides).

Les notes finales respectives des équipes ont permis de définir le classement final des finalistes, qui a couronné l’université Al Akhawayn comme champion national, suivie par l’ENCG d’El Jadida, l’ISCAE de Casablanca et l’ENSA d’Agadir.

J’aimerais toutefois nuancer, que la tâche des membres du jury n’était pas du tout facile cette année, car la performance des 18 étudiants finalistes étaient d’une très haute qualité. Pour comprendre cela, je rappelle que ces 4 équipes finalistes ont été sélectionnées rigoureusement au préalable parmi 15 équipes participantes, par un panel de douze correcteurs experts de l’industrie. 

A ce stade de la compétition, quelle est la principale récompense pour les membres de l’équipe gagnante de la finale nationale ?
Le Casablanca Finance City Authority (CFCA) a annoncé offrir les frais d'inscription et d'examen du programme CFA® de niveau I aux gagnants de la finale du CFA Research Challenge Maroc 2022. Nous remercions beaucoup le CFCA de cette récompense aux gagnants ainsi que du soutien du CFCA aux initiatives de notre association IASNA depuis sa création. Il est à rappeler également que nous avons eu le plaisir et l’honneur cette année d’organiser la finale nationale du CFA Challenge à la Tour First du Casablanca Finance City.  

La compétition se poursuit au niveau régional (MENA). Quelles sont les chances que l’Université Al Akhawayn franchisse cette nouvelle étape avec succès ?
Comme dans le sport de haut niveau, plus on avance dans la compétition, plus ça devient concurrentiel et difficile d’en prédire les résultats. Ce que je peux affirmer au nom de l’association IASNA avec confiance – et aussi fierté - est que les bénévoles de l’association IASNA (juges, correcteurs, encadrants) ont observé une nette amélioration dans la qualité du travail produit par les étudiants. Donc, le Maroc est clairement mieux préparé cette année pour franchir l’étape MENA. Il est vrai que dans le groupe MENA il y a des pays qui ont une expérience et une tradition plus ancienne que nous en matière de participation au CFA Challenge. Mais en matière de compétition c’est la performance et le labeur de qualité qui comptent. Une chose est sûre, en ce moment même, l’équipe Al Akhawayn est en train de se préparer durement pour franchir l'étape MENA. Nous leur souhaitons bonne chance.

Propos recueillis par Alain Bouithy


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