La nette évolution de la consommation de drogues


H.B
Mercredi 29 Juin 2011

Au Maroc, la consommation de drogues est un  vrai problème de santé publique. Plusieurs études  épidémiologiques témoignent de son  augmentation parmi toutes les couches  sociales.  La  dernière enquête nationale menée en  2003, a montré que la prévalence de  la dépendance à la drogue est de 2,8 %. Selon une étude rétrospective du  Centre antipoison du Maroc (CAPM) de 1980 à 2008 concernant tous les cas d’intoxications  par les drogues, le CAPM a collecté 1795  cas d’intoxication par les drogues, ce qui  représente 2,3% des cas d’intoxications reçues durant la même période, en  dehors des piqûres et envenimations  scorpioniques (PES).   L’incidence moyenne  calculée sur une  période de 5 ans, de 2004 à 2008, était  de 0,43 pour 100 000 habitants avec  une prédominance des cas de la région  de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (0,96 pour  100000 habitants) suivie de la région de  Tadla Azilal (0,93 pour 100000 habitants)
Ce type d’intoxication s’est déroulé en  milieu urbain dans 88,6 % des cas et en  milieu rural dans 11,4 % des cas.  L’âge moyen des intoxiqués était de 21,7 ans. La tranche  d’âge la plus touchée était celle de l’adulte (62,3 %). Celle des patients de moins de  15 ans (nouveau-né, nourrisson, bébé  marcheur et enfant) représentait 14,6 %  des cas. Le sex-ratio (H/F) était de 5,23.
La mixture appelée  mâajoune était la  plus incriminée (62,6 %), suivie par le  cannabis (23,5 %), les alcools (3,7 %),  les benzodiazépines (2,3 %) et le tabac  (1,4 %).
La circonstance toxicomaniaque était  la plus fréquente (47,7 %) suivie de  l’accident classique (44,4 %).  L’usage de drogues pour tentatives  de suicide représentait 5,4 % des cas. La circonstance criminelle  représentait 2,1 % des cas.  La voie orale était la voie d’intoxication la  plus fréquente (89,4 %) suivie de la voie  inhalée (10,1%).
Ces intoxications se sont produites  essentiellement à domicile dans 62,2 %  des cas puis en lieu public dans 35,5 %  des cas.
Les patients étaient symptomatiques  dans 82,4 % des cas. Les signes le plus  souvent rencontrés étaient les signes  gastro-intestinaux (47,2%) suivis des  signes du système nerveux central et  périphérique (27,6%) et des troubles  de la fréquence et du rythme cardiaque  (10,4 %).
L’évolution était favorable dans 98,7% des cas et le décès est survenu dans 1,2%  des cas. L’étude se penche également sur l’analyse  des cas de décès selon l’âge, le produit  en cause, les circonstances et les signes  cliniques. Pour les responsables du CAPM, ces données présentées dans cette  étude ne reflètent pas l’ampleur de la  toxicomanie au Maroc, mais donnent  une idée sur les intoxications dues à des  produits toxicomanogènes. Le nombre de cas déclarés au cours de  cette étude est bien inférieur à la réalité et  aux données des CAP étrangers. Ceci est dû, d’une  part, à la sous-notification globale des cas  d’intoxications, tous toxiques confondus,  et d’autres part, à la banalisation de la  consommation de certaines drogues en  particulier le cannabis.
La progression des intoxications selon  les années épouse celle des intoxications  en général. Ceci est en relation avec  l’augmentation des notifications et avec  l’augmentation de la consommation  de drogues au Maroc parmi toutes les  couches sociales, fait dont témoignent  plusieurs études épidémiologiques.
La région où l’incidence des intoxications  était la plus élevée est la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër car, d’une part, c’est  la région qui déclare le plus (tous types de  toxique) et, d’autre part, elle est parmi les  régions où la consommation de drogues  est la plus élevée. L’analyse de l’âge des intoxiqués  montre que toutes les tranches d’âge  sont touchées. Les intoxications par les  drogues chez l’enfant sont décrites dans  la littérature.  Les intoxications par les  drogues chez les moins de 14 ans sont  essentiellement accidentelles; néanmoins,  on trouve 39 cas d’intoxications dans  la tranche d’âge “enfant” qui sont  survenues dans le cadre de circonstances  toxicomaniaques.
L’analyse de ces cas  montre que leur âge est compris entre  10 et 14 ans, ce qui montre la précocité  du comportement toxicomaniaque  chez la population marocaine.
Concernant la nature des drogues utilisées,  il faut rappeler que les consommateurs  de substances toxicomanogènes sont  des poly-intoxiqués. Il existe à cela au  moins deux raisons : le contenu du produit consommé est incertain et l’association volontaire des drogues  afin d’en potentialiser les effets, d’en  prolonger la durée d’action et/ou d’en  diminuer les effets secondaires.


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