
Le fado : des sonorités mélancoliques
«Un chant populaire urbain du Portugal» : voilà comment l’Unesco définit le fado. Une description juste mais qui semble laisser de côté un point important : la tristesse de ses mélancolies. Le fado prend en effet la forme d’un chant de consonance triste, accompagné par des instruments à cordes pincées. Parmi ces instruments, on trouve notamment la « viola », un instrument de six cordes dérivé de la « vielle » du Moyen Âge et qui ressemble à la guitare classique, ou encore la guitare nationale portugaise, appelée « La portugaise ». Apparu il y a plus de 200 ans dans la ville de Lisbonne, au cœur des anciens quartiers de Alfama et Mouraria, le fado est né au cœur des quartiers pauvres de la ville, au coin de ruelles sombres, de tavernes et de bordels hurlants. Il est ainsi considéré comme la musique du cœur et de l’exil, l’âme même de tout le peuple portugais.
Le fado : des textes nostalgiques
Mais si les instruments utilisés sont à consonance ténébreuse, il en est de même pour les paroles des chansons elles-mêmes. Les textes chantés par les « fadistas » (le nom donné aux chanteurs de fado), font en effet référence à des thématiques sombres comme la jalousie, l’amour déçu, la mort, le chagrin, l’exil et la saudade, qui désigne la souffrance de l’absence, par le manque et la cruauté du destin. Des paroles toujours poignantes et emplies de nostalgie qui donnent au fado son caractère dramatique si caractéristique.
Le fado : un art protégé
Au début, le fado était chanté dans les tavernes de Lisbonne mais vers le milieu du XIXème siècle, il atteint l’aristocratie. Durant cette période, Severa, grand artiste du fado, est emmené par le Comte de Vimioso à la rencontre de la bourgeoisie : c’est donc lui qui est en grande partie responsable de la promotion du fado, notamment dans les classes aisées. Le fado connaît ensuite son âge d’or dans la première moitié du XXème siècle. A cette époque, la dictature portugaise de Salazar force même les chanteurs de fado à devenir professionnels et les enferme dans les « maisons de fado » afin d’y jouer leur musique. Véritable art à part entière, le fado est aujourd’hui classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco.