La mise au placard du premier «espion» algérien commentée depuis Alger

Dès 2013, le patron du DRS s’est vu perdre beaucoup de plumes


Hassan Bentaleb
Mardi 15 Septembre 2015

Cela était attendu et réclamé depuis longtemps par le clan Bouteflika. Mohamed Mediene, dit Toufik, patron du département du renseignement et de la sécurité (DRS) a été mis à la retraite.  Il a été remplacé par le général-major Athmane Tartag qui fut, dans les années 90, un des principaux chefs des cellules antiterroristes de l’armée. Il a occupé en 2011 le poste de directeur de la Sécurité intérieure au sein du DRS avant d’être rappelé en 2014 à la présidence de la République, a précisé l’APS.
« Cette mise à la retraite du général Toufik suscite autant de questions qu’elle apporte des réponses. En fait, dans un système politique opaque, seules des demi-vérités circulent et on est réduit à des spéculations », nous a précisé Karim Kebir, journaliste au quotidien algérien Liberté. Il se demande s’il s’agit vraiment d’une mise à la retraite comme l’a révélé un communiqué officiel de la présidence ou bien d’une demande de la part du général Toufik d’être libéré de ses fonctions. « Une situation des plus intenables puisque, depuis plusieurs jours, des rumeurs font état de la volonté  du général de prendre sa retraite, d’autant que l’homme est âgé de 76 ans et que son état de santé laisse à désirer », nous a indiqué notre source.
Pourtant,  le journaliste estime que plusieurs éléments alimentent l’hypothèse d’un limogeage qui ne dit pas son nom. « Depuis 2013, le patron du DRS s’est vu perdre beaucoup de plumes avec la restructuration de ses services au profit de l’armée et de la présidence qui lui ont retiré plusieurs compétences et ont donc affaibli   son autorité. En fait, la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA) a été rattachée directement à l’état-major et celui de la Direction de la sécurité intérieure (DSI) à la présidence de la République. Une nouvelle situation qui s’est accentuée davantage après l’attaque de Tiguentourine dont personne ne sait exactement ce qui s’est passé et qui a été totalement loupée par le DRS », nous a-t-il expliqué avant de poursuivre : « La maladie de Bouteflika et son hospitalisation n’ont pas arrangé les choses, puisque le président a commencé à soupçonner le général d’avoir des affinités avec l’opposition ».   
Mais, d’autres éléments viennent conforter l’hypothèse de cette mise au placard. En réalité manque à ce puzzle, la pièce maîtresse, c’est-à-dire le rôle de Saïd Bouteflika dont la forte influence sur son frère déplaît aux militaires, en particulier au DRS qui le voit d'un très mauvais œil. Surtout depuis que le frère du président a nommé Amar Saadani à la tête du Front de libération nationale (FLN).
Ce dernier  n’a pas ménagé ses efforts pour dégainer et critiquer le général Toufik en multipliant  des déclarations assassines à son égard. Dans une interview accordée en 2014 au site d’information « Tout sur l’Algérie (TSA) », Amar Saadani a estimé que le général Toufik « aurait dû démissionner » il y a longtemps, car le DRS avait «multiplié des échecs » dans ses missions de sécurisation du pays. Pour lui, les services secrets algériens n’ont pas réussi à déjouer les nombreux attentats et les assassinats politiques qui ont ébranlé l’Algérie depuis le début des années 90.
Le patron du FLN a cité, entre autres « revers », les assassinats du président Mohamed Boudiaf et d’Abdelhak Benhamouda, les attentats spectaculaires contre le palais du gouvernement, le siège des Nations unies, le site gazier de Tiguentourine et la tentative d’assassinat ayant visé le président lui-même à Batna.
Concernant les raisons de ces échecs, Amar Saadani a avancé son explication : «Malheureusement, au lieu de s’occuper de la sécurité du pays, ce département s’est immiscé  dans les affaires des partis politiques, de la justice et de la presse ». En d’autres termes, le général Toufik a fait du DRS une « police politique », plutôt qu’un service de renseignement classique, avec pour mission principale, la sécurité intérieure et extérieure du pays.
Des attaques qui ont été accentuées après la réélection de Boutflika pour un 4ème mandat.  Plusieurs voix ont demandé son départ comme ce fut le cas du général Mohamed Lamari qui avait quitté l'ANP en août 2004 après la réélection du président Bouteflika à cette même année. Un ancien officier de l'ANP a déclaré ouvertement : « Le bon sens devrait amener le général Toufik à faire valoir ses droits à la retraite. Je ne vois très bien quel rôle il pourra encore jouer dans la nouvelle configuration, après la réélection de Bouteflika ».
A rappeler que dès son accession au pouvoir en 1999, le président avait œuvré patiemment à désagréger le pouvoir des généraux  notamment par des mises à la retraite, en vue de concentrer le pouvoir aux mains de la présidence, comme ce fut le cas avant 1992.  
« Les lectures éventuelles à faire de cette mise à la retraite du général Toufik ne manquent pas, mais elles ne peuvent pas changer grand-chose au niveau du système politique algérien, car il s’agit d’une querelle des chapelles, loin de répondre aux vraies attentes du peuple algérien », a conclu Karim Kebir.


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1.Posté par madher le 14/09/2015 20:53
Faut arrêter d'écrire n'importe quoi. Ce Général a plusieurs fois déposé sa démission qui a été refusée par le président algérien. Vérifier donc votre info ailleurs que dans les hammams et troquets de Barbes ou auprès des supposés "experts" de l'Algérie qui veulent surtout plaire aux beaufs et aux revanchards de l'ex empire pour prouver qu'ils sont, désormais, totalement intégré!

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