La majorité s’entre-déchire

PJD et RNI se disputent des mérites très hypothétiques


Hassan Bentaleb
Lundi 21 Décembre 2015

Le PJD n’a désormais plus le monopole du discours sur le salut de Maroc.   Il a aujourd’hui un concurrent qui n’est autre que son allié au gouvernement, le RNI dont le président, Salaheddine Mezouar, a déclaré, la semaine dernière à Rabat, que la stabilité de l’expérience marocaine post- promulgation de la Constitution de 2011 est due à son parti. Notamment après son adhésion au gouvernement Benkirane bis en 2013.
Intervenant lors d’une rencontre nationale des présidents des communes et des conseils régionaux étiquetés RNI,  Salaheddine Mezouar a défendu le rôle joué par son parti lors de la période qui a suivi le départ de l’Istiqlal en rappelant  que l’expérience marocaine était au bord du précipice, que c’est grâce au RNI que le pire a été évité et que le Maroc a pu ainsi devenir un exemple dans une région qui connaît des perturbations et des troubles. « On a remis le train gouvernemental sur les rails,  augmenté le rythme de l’action gouvernementale  et parlementaire et on a pu, au cours des deux dernières années  orienter l’action des institutions vers une autre trajectoire », a-t-il précisé.   
Des propos partagés par le numéro deux du parti, Rachid Talbi Alami, qui a précisé que face à la situation dramatique causée par le départ du PI, le parti de la Colombe s’est trouvé face à deux options, à savoir l’adhésion à ce gouvernement ou l’organisation d’élections anticipées.   « On a opté pour le premier choix malgré les assertions selon lesquelles notre parti aurait plus à gagner s’il restait en dehors du gouvernement. Mais nous avons préféré perdre plutôt que de voir l’expérience marocaine échouer», a-t-il affirmé.
 A ce propos, ce dernier a salué le travail diligenté par Mohamed Boussaid, ministre de l’Economie et des Finances, étiqueté également RNI, pour sauver les meubles. D’après lui, c’est grâce à ce ministre que des budgets conséquents ont été alloués à l’ensemble des secteurs ministériels et que des écoles et des hôpitaux ont vu le jour. « Rien de cela n’aura pu avoir lieu s’il  n’y avait pas les décisions douloureuses prises par le ministre des Finances et la restauration des équilibres macro-économiques opérée par lui », s’est-il exclamé.  
La réunion des élus communaux du parti a été également l’occasion pour les leaders du RNI de régler leurs comptes avec le PJD concernant les alliances qu’ils ont conclues avec le PAM lors des élections des présidents des collectivités territoriales.
Ainsi, Salaheddine Mezouar n’a-t-il pas hésité à  accuser les Pjdistes, sans les nommer, d’être les premiers à  avoir trahi  le pacte de solidarité gouvernementale signé quelques semaines avant le scrutin du 4 septembre par les chefs du PJD, RNI, MP et PPS et que le RNI a respecté à hauteur de 70% ses engagements avec la majorité. « On a réagi avec politesse face aux gens qui nous ont critiqués sur ce point mais je les mets en garde contre tout dépassement des lignes rouges », a-t-il lancé.
Une position  défendue par Rachid Talbi Alami qui a indiqué que sa formation n’avait trahi personne et qu’elle n’était pas la première à sceller des alliances avec l’opposition. Mieux, il estime que les alliances nouées par son parti étaient dans « l’intérêt de la nation » et « ne servent ni les partis ni les individus» tout en fustigeant, sans le citer, le PJD qui « s’est autoproclamé juge et prononçait à tout-va des verdicts » contre le RNI.
Comment peut-on expliquer cette sortie du RNI ? Pour certains observateurs, les déclarations des têtes d’affiche du parti de la Colombe n’ont rien de surprenant.  En effet, les langues ont commencé à se délier au sein de cette formation politique avec des lignes de démarcation bien tracées. Ceci d’autant plus que la crise des alliances survenues lors des dernières élections communales et régionales et le scrutin législatif de 2016 qui se profile à l’horizon ont perturbé les équilibres au sein de l’Exécutif. Ainsi, et d’après ces observateurs, chaque parti semble être pressé de se démarquer.  Et le RNI ne fait pas l’exception. Ceci d’autant plus qu’il passe un mauvais quart d’heure au sein de l’Exécutif.  Certaines sources avancent que les ministres Rnistes ont prétendu dernièrement être l’objet d’une « guerre froide » au sein du gouvernement  Benkirane et ils ont même évoqué les craintes d'un « blocus qui serait en train d’être érigé contre eux alors que le gouvernement entame sa dernière année de pouvoir ».
Le RNI a même franchi le pas en faisant prévaloir ses principes de base au sein de la coalition gouvernementale, lors du débat sur l’héritage soulevé par le mémorandum du CNDH. Un communiqué publié en novembre dernier par le bureau politique du RNI a mis en garde contre les « pratiques injustifiées visant à imposer des positions » (PJD) concernant  « la dignité et les droits de la femme ». Le parti de la Colombe s’est également accaparé une marge de manœuvre plus grande sur la question de la langue amazighe, appelant la société civile à se doter d'une vision qui permettrait d'élaborer les projets de lois appropriés et a mis aussi en garde contre le « danger que véhiculent des idées extrémistes ainsi que le double discours (modernisme et islamisme) alors que le pays œuvre sans relâche pour consolider la culture de la modération et du progrès ».


 


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