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Depuis son installation à la tête du département de la Communication, le successeur du PPS Khalid Naciri, celui-là même qui n'a pas toujours eu de bons rapports avec le monde de la presse, a eu plusieurs rencontres informelles aussi bien avec le Syndicat de la presse que la Fédération des éditeurs de journaux. Une fois le gouvernement Benkirane investi par le Parlement, le SNPM compte tenir une rencontre cette fois «officielle» avec le ministre de la Communication (et porte-parole du gouvernement). Une rencontre où il sera amplement question de tous les sujets qui fâchent : entraves à la liberté de presse, censure, condamnation de journalistes à de la prison ferme, non-respect du droit à l'information. Mostafa Khalfi connaît sur le bout des doigts l'ensemble des doléances des professionnels pour avoir lui-même revendiqué la liberté de presse, le libre accès à l'information et le non recours au Code pénal pour des procès de presse. Ministre, il dit ne pas avoir changé de conviction. «J'appartiens à ce secteur et je lui resterai loyal ainsi qu'à ceux qui y travaillent, que ce soit dans le pôle public ou privé», a-t-il déclaré dans une interview parue sur les colonnes du «Soir» avant d'y annoncer la possibilité d'une amnistie du journaliste Rachid Nini, condamné à un an de prison ferme. «Le gouvernement en fera sa priorité», a-t-il même affirmé. Si Mostafa Khalfi entend s'atteler au volet législatif d'un secteur qui a été jusque-là un échec en matière de réformes -Code de la presse, Conseil national de la presse, loi sur le droit à l'information, texte relatif aux annonceurs…- le Syndicat national de la presse marocaine attend une déclaration ferme et solennelle pour que la justice n'ait pas plus recours au Code pénal pour juger les hommes et femmes de médias dans les délits de presse. « Un juge peut appliquer n'importe quel code pour juger un délit. Constitutionnellement, on ne peut pas l'en empêcher. Maintenant, il faut trouver la manière de spécifier légalement qu'un délit de presse doit être jugé conformément au Code de la presse. Sinon toute réforme du Code de la presse ne peut être que symbolique si le Code pénal, qui comprend, lui, des peines privatives de liberté, est invoqué», soutient Younès Moujahid.
Khalfi pourra-t-il conduire le changement dans l'audiovisuel?
La longue attente des professionnels des médias n'en finit pas. L'autorégulation du secteur est l'une des revendications qu'ils attendent de voir se concrétiser, «dans les meilleurs délais». «Le débat avait avancé avec l'ancien ministre de la Communication concernant l'instauration d'un Conseil national de la presse. Il y a des divergences relatives à la composition de cette institution. Mais rien de grave, ces divergences pouvant être dépassées. De notre point de vue, le Conseil national de la presse devrait essentiellement s'occuper des questions de déontologie et de l'auto-régulation de la profession qui est d'abord et avant tout l'affaire des journalistes. Cette instance doit également jouer un rôle d'arbitrage entre la profession et la société», affirme le président du Syndicat national de la presse marocaine.
La seule réforme du Code de la presse ne suffit pas. Les professionnels en veulent pour preuve l'échec de toute réforme du secteur et l'incapacité de la plupart des médias publics à accompagner les changements politiques de ce pays. La télévision se transformera-t-elle enfin en service public? S'ouvrira-t-elle à tous les débats qui traversent la société? La promotion des journalistes du pôle public et de la SNRT en particulier se fera-t-elle à l'aune de la méritocratie? La MAP sera-t-elle enfin une agence de presse et non plus une officine officielle? Une politique audiovisuelle pourra-t-elle sérieusement, valablement être mise en œuvre dans le cadre d'une stratégie gouvernementale? «Toutes ces questions se posent aussi avec force. On a coutume de dire que les 100 premiers jours sont déterminants dans la vie d'un gouvernement. C'est dire si M. Khalfi sera très vite jugé sur sa capacité à conduire le changement dans le secteur des médias et de la presse», conclut une journaliste de la SNRT.