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Les premières résistances au projet de réforme de la Constitution sont nées, sans surprise, sur le front de la religion et de l’identité. Deux sujets de prédilection pour les conservateurs de tous poils qui se présentent volontiers comme les gardiens du temple. Mohamed Soual, membre du bureau politique du PPS, un parti qui a proposé une disposition constitutionnelle sur la liberté de culte et de conscience ne voit dans ces résistances tonitruantes qu’une démarche purement politicienne. « Rien ici ne menace la foi des Marocains. Nous refusons l’instrumentalisation de la religion pour des raisons politiciennes. A défaut de présenter des programmes et des solutions au chômage, à la précarité, aux problèmes sociaux, certains choisissent la mystification parce qu’ils n’ont pas de programmes justement. » Les islamistes du Parlement sont très vite montés au filet. Pas question de toucher ce qui fonde, selon eux, l’identité marocaine. Si l’islam est la religion d’Etat, l’islam devrait aussi être exclusif voire contraignant. Autrement dit, il n’y a pas de quartier pour la liberté de culte, la liberté de croyance, la liberté de conscience. « Nous sommes tout à fait capables d’appeler à voter contre cette future Constitution », a menacé Abdelilah Benkirane.
Activiste amazigh et farouche défenseur des libertés individuelles au sein de « Bayt Al Hikma », Ahmed Assid est formel : la liberté de culte est fondamentale. « Il n’y a pas de démocratie sans liberté de culte et sans reconnaissance de la diversité linguistique, culturelle et religieuse du Maroc », fait-il valoir.
Amir al Mouminine, le garant de la liberté de culte
L’instrumentalisation de l’islam, ajoute-t-il, procède d’une démarche foncièrement politicienne. « Ces gens-là veulent continuer d’exercer leur tutelle sur la société. Ils se présentent en alliés du pouvoir pour surveiller la foi des citoyens. Alors que la foi est un choix rationnel et, surtout, un choix individuel. Le reconnaître, c’est faire un pas vers la reconnaissance de la liberté de croyance, un pas vers la démocratie ».La religion est au cœur d’un débat qui n’a pas vraiment eu lieu en terre marocaine. Dans quelle mesure l’islam occupe-t-il une place importante, essentielle, nodale dans la société marocaine ? La religion musulmane, religion d’Etat, fonde-t-elle entièrement, complètement, exclusivement la citoyenneté dans notre pays ? Autant de questions qui ont été éludées parce que politiquement incorrectes. « Je crois que la religion occupe une place importante dans la société marocaine. Cela explique la quasi-unanimité de Marocains autour de la commanderie des croyants, Imarat Al Mouminine. On dit bien Amir Al Mouminine et non pas Amir Al Mouslimine. Le Roi est le commandeur des croyants, y compris de ceux qui ont d’autres croyances. Ce qui signifie que Amir Al Mouminine est le garant de la liberté de culte », fait remarquer l’homme de gauche Mohamed Soual, celui-là même qui s’empresse de souligner que « la liberté de culte procède des libertés individuelles. Les libertés individuelles sont un tout et ne sont surtout pas indivisibles. Les libertés n’ont de limites, en plus de celles des autres, que celles fixées par les lois positives. On ne peut pas prétendre à la modernité ni à intégrer le concert des nations démocratiques sans ce postulat », affirme M. Soual, ancien membre du Conseil consultatif des droits de l’Homme.
La nouvelle Constitution va-t-elle consacrer la liberté de culte et de croyance ? On le saura quand les leaders politiques et syndicaux auront entre les mains la copie écrite du projet de réforme de la Constitution. Des débats et concertations reprendront de plus belle entre les forces politiques, membres du Mécanisme politique de suivi de la réforme constitutionnelle. Les partis auront-ils le courage politique d’ancrer le Maroc dans la démocratie et la modernité ? Ou, au contraire, cèderont-ils aux pressions des franges les plus conservatrices de notre pays ? L’interrogation n’en finit pas de tarauder ceux et celles qui se battent pour ce Maroc qui change et évolue. « Les libertés sont sacrées. Il ne faut surtout pas faire interprétation politique et idéologique de la Constitution. Les forces démocratiques de ce pays doivent plus que jamais se mobiliser pour ce combat qui reste encore à mener, celui de la liberté de culte », conclut l’activiste amazigh Ahmed Assid.