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L’ancien journaliste devenu ministre n’a jamais caché sa volonté ferme de regarder de plus près ce que font les médias publics. El Khalfi, que nous avons tenté de joindre hier mais en vain, met en avant l’article 154 de la Constitution relatif aux services et leur égal accès aux citoyens.
A tous les étages, l’inquiétude s’installe. Et les questions se multiplient. Que signifie une telle démarche ? S’agit-il d’une immixtion ? Et que vient faire le ministère de la Communication dans une affaire de programmation télévisuelle, fût-elle ramadanesque? «Le cahier des charges de la SNRT est très clair. Il n’est fait à aucun moment mention de la tutelle du ministère de la Communication sur la programmation. Dans son préambule, le cahier des charges de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision indique que c’est bien la SNRT qui propose, je cite : Une programmation de référence, généraliste et diversifiée à l’intention du public le plus large, fondée sur les valeurs de la civilisation marocaine islamique, arabe et amazighe ainsi que sur les valeurs humanistes universelles », fait valoir ce producteur de la place, toujours groggy par la nouvelle d’un ministère devenu service de la programmation télévisuelle.
A la Haute autorité de la communication audiovisuelle, on se contente de suivre l’affaire, s’abstenant de tout commentaire. «Les cahiers des charges du secteur audiovisuel, qu’il soit public ou privé, sont du ressort de la HACA. Mais entendons-nous bien. Notre mission n’est pas de faire de la programmation et des grilles. Ce n’est pas notre métier. Notre rôle est clairement défini par la nouvelle Constitution qui dans son article 165 stipule que la HACA est une institution chargée de veiller au respect de l’expression pluraliste des courants d’opinion et de pensée et du droit à l’information dans le domaine de l’audiovisuel et ce dans le respect des valeurs civilisationnelles fondamentales et des lois du Royaume », rappelle un Sage se gardant bien de dire un mot d’une démarche ministérielle aussi surprenante qu’inédite.Dans les couloirs de la SNRT mais aussi dans les rangs des producteurs, les langues se délient et on ne craint pas d’anticiper sur les visées réelles d’un gouvernement qui veut visiblement s’affirmer sur le front des médias publics.
Télévision et élections communales
«Tous les ans, la programmation télévisuelle du mois de Ramadan est sujet à polémique et fait l’objet de très fortes critiques de la part de la presse. Le PJD, à travers son ministre de la Communication, veut marquer de son empreinte la grille. Il ne faut pas s’y tromper, c’est la première année de pouvoir du gouvernement Benkirane et il fera tout pour marquer les esprits, y compris en s’emparant d’une grille qui ne relève pas exactement de ses compétences », croit savoir un producteur. Pour ce député de l’opposition, il n’y a pas de doute : à l’approche des élections communales, le PJD qui conduit le gouvernement est déjà en campagne en tentant une mainmise qui ne dirait pas son nom sur la télévision publique. « Les islamistes veulent faire le raz-de-marée partout dans les villes du pays. Et ils veulent contrôler les médias publics pour faire passer leurs messages populistes. Et ceci est très grave. On s’est battus pour que les médias publics sortent du giron de l’Etat. Pas question aujourd’hui qu’ils soient soumis au gouvernement ! » s’insurge ce cacique de l’USFP.
Y a-t-il péril en la demeure, comme veulent le croire créateurs, producteurs et journalistes qui s’inquiètent de l’indépendance professionnelle menacée de ceux et celles qui font la télévision? L’Exécutif ultra-conservateur veut-il formater la pensée, l’expression, l’information et la production, qu’elle soit artistique ou autre et ce, en contrôlant la programmation télévisuelle? La question se pose et beaucoup aujourd’hui s’inquiètent du projet d’autonomie du pôle public qui doit faire l’objet d’une loi et donc d’un débat parlementaire public et non pas de simples mesures réglementaires. La transformation du pôle public conduit par la SNRT en holding est, semble-t-il, à l’étude. Et les appétits d’un gouvernement tenté de peser et d’influer sur les médias publics sont observés avec circonspection. «C’est pourquoi il s’agit d’ouvrir un vrai débat sur la composition du conseil d’administration et celui de surveillance des médias audiovisuels publics. Leur indépendance du gouvernement est plus que jamais la garantie de leur autonomie. La soumission et l’allégeance à l’Exécutif, quelle que soit sa couleur politique, posent problème au pluralisme dans le traitement de l’information. Le risque de propagande et de conception d’une télévision formatée est énorme», s’alarme ce journaliste télé qui rêve de médias publics qui ne seraient plus sous l’emprise des pouvoirs publics mais de celle du professionnalisme.