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La flambée des prix alimentaires à l’international risque de plomber la Caisse de compensationEn février, les prix alimentaires ont enregistré leur plus forte hausse sur les 18 derniers moisLundi 10 Mars 2014
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Alors que le déficit de la balance alimentaire ne cesse de s’aggraver sous l’effet de la hausse des importations et le recul des exportations, les prix des produits alimentaires ne cessent d’enfler. Ces derniers ayant subi en février leur plus forte hausse sur les derniers 18 mois (depuis mi-2012) à cause d’une météo défavorable et pourraient souffrir davantage en raison de la crise ukrainienne, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui a publié jeudi son indice mensuel. L’indice de la FAO, qui mesure mensuellement les variations de prix d’un panier composé de céréales, d’oléagineux, de produits laitiers, de viande et de sucre, atteint 208,1 points en février, en hausse de 5,2% par rapport à l’indice de janvier, révisé à 202,9 points. Tous les produits concernés ont augmenté à l’exception de la viande, le sucre subissant la plus forte hausse (6,2%), suivi par les oléagineux (4,9). Dans ces conditions, la facture alimentaire du Royaume, dixième importateur mondial de céréales, est appelée à grimper davantage dans les mois à venir. D’autant que déjà en janvier 2014, selon les données de l’Office des changes, les importations en valeur de céréales avaient bondi de près de 252% par rapport à janvier 2013. La facture du sucre, denrée ayant subi la plus forte augmentation avec plus de 6,2%, est également attendue à la hausse. Les produits bruts d’origine animale ou végétale ne sont pas en reste. Mis à part le recul observé des prix de la viande, les analystes n’écartent pas la poursuite de cette tendance haussière, amorcée depuis l’été 2010 puis reprise depuis la mi-2012. Selon plusieurs experts internationaux, il ne s’agit que du début d’un cycle de hausses. Les prix des produits alimentaires risquent, donc, de continuer à grimper, à moins qu’il y ait des changements climatiques favorables pour le reste de la campagne agricole et une sortie immédiate de la crise ukrainienne. C’est cette dernière, d’ailleurs, qui a frappé de plein fouet les marchés des céréales. L’Ukraine est amenée à devenir cette année le troisième exportateur mondial de maïs et le sixième pour le blé. Ce triste tableau est susceptible de donner des sueurs froides au gouvernement Benkirane, voyant ses réserves en devises fondre comme neige au soleil pour s’établir à un peu plus de 4 mois. Plus cette hausse durera longtemps et plus le risque de répercussion des hausses sur les prix nationaux augmente. On peut même assister à une décompensation avant l’heure. Plafonnement des dépenses de compensation et situation des ressources du Trésor obligent. Pour satisfaire la consommation des Marocains en céréales, le gouvernement aura du pain sur la planche. Pour maintenir les prix du blé à un niveau acceptable, l’Exécutif n’a que deux pistes. Soit qu’il décide de suspendre à nouveau les droits de douane à l’importation et d’adopter un système de restitution au profit des importateurs ou bien qu’il augmente les dépenses de compensation par l’injection d’un budget supplémentaire à la Caisse de compensation, que le gouvernement tente de supprimer. Ce qui s’avère difficile vu le plafonnement décidé de ces dépenses par l’Exécutif. L’envolée des prix du blé sur les marchés internationaux, conjuguée à la flambée du baril de pétrole, entraîne de graves préjudices pour l’économie nationale. D’où des interrogations sur les choix stratégiques du Royaume, qui a opté pour une sécurité alimentaire basée sur les échanges extérieurs ! En fait, malgré les performances de son agriculture, le Maroc importe davantage pour assurer sa sécurité alimentaire, notamment ces dernières années. Pour preuve, sa balance alimentaire qui, après avoir été longtemps excédentaire, affiche chaque année, depuis 2007, des déficits. Et ce n’est pas dû seulement à l’effet prix ; les volumes ont aussi augmenté. En moyenne, le taux de couverture des importations par les exportations (alimentaires), depuis 2007, s’établit à 86%. Ces trois dernières années, le taux de couverture se situe même bien en deçà de 72%. Dans ce contexte, plusieurs questions s’imposent. Le gouvernement est-il préoccupé par l’impact de cette volatilité ? A-t-il envisagé une politique d’anticipation pour empêcher les flambées des prix alimentaires d’avoir des conséquences dommageables à long terme sur la facture alimentaire? Pourrait-il dans ces conditions continuer à se montrer docile face aux institutions financières internationales et poursuivre sa politique de décompensation ? Mohammed Taleb
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