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La filiale de Poste Maroc hérite d’un lourd fardeau : Al Barid Bank dispose-t-il d’un projet industriel fort ?

Mardi 22 Juin 2010

On risque de se tromper, probablement, mais Poste Maroc y croit dur comme fer. Lancer une banque comme çà, dans un contexte économique véritablement désarçonné, n’est certainement pas une bonne idée. C’est comme, dirait l’autre, marcher en mâchant du chewing-gum. Au fond, l’idée ne manque pas d’intérêt, Al Barid Bank est un projet fort attendu. Alors, dirait-on, pourquoi serait-il difficile de le créer ? Cela semble assez logique, du moins si on n’y réfléchit pas trop.
Il est vrai, avant de se lancer dans cette aventure bancaire, Poste Maroc a réussi un parcours sans faute. Elle s’est renforcée dans son cœur de métier, le courrier. Elle semble aussi grappiller quelques points sur le terrain de la messagerie. Bref, elle a montré sa capacité à se moderniser et à s’adapter aux temps nouveaux, depuis sa transformation en SA.
Sur le front bancaire, le projet Al Barid Bank, aussi impressionnant dans la forme, s’apparente, de l’avis général des observateurs, à une «douce utopie propre à endormir les foules». Alors, le projet industriel de la banque postale est-il fiable et viable ? Rien n’est moins sûr. A y voir de près, à interroger les concernés eux-mêmes au niveau des nouvelles agences, on est moins convaincu. Les problèmes sont si nombreux qu’on n’hésite pas à se demander pourquoi tout ce bruit autour d’un projet dont les contours sont encore flous.
Avec moins de 8.000 salariés pour un réseau qui compte plus de 9.000 agences réparties à travers le Royaume, et des conflits sociaux qui n’en finissent pas, comment parviendrait-on à garantir toutes les conditions de succès à ce grand projet de banque postale ? Il est clair que Poste Maroc fait face à de vrais défis et les enjeux exigent de cette «vieille dame» de se faire plus souple, plus entreprenante et surtout des moyens à la hauteur des ambitions.
«Porteur de fortes symboliques, Poste Maroc est un service public par excellence, continuité territoriale par le tarif unique du timbre, proximité de l’Etat et égalité du traitement par le bureau de poste et le facteur, lien social par le contenu des lettres, garantie de neutralité et de confidentialité. Il y a là une valeur nationale, un élément du patrimoine commun». Or, depuis sa transformation en SA (société anonyme), cet établissement est en bouillonnement permanent. Mauvais signe d’une maturation inachevée ! A l’image de ce qui s’est passé en France, Poste Maroc -PM- voulait, elle aussi, «innover», élargir son offre, pour compenser la baisse de l’activité courrier (avec l’arrivée des nouvelles technologies et l’Internet). Sauf que chez nous, à la différence cette fois-ci de ce qui s’est passé en France, PM ne donne pas l’impression d’avoir mis en place un projet industriel approprié, garantissant une «meilleure efficacité opérationnelle», porté par des moyens humains et financiers à la hauteur.
Aujourd’hui, Al Barid Bank, qui annonce l’accessibilité bancaire à toute personne qui en fait la demande, en assurant les services de base gratuits, saura-t-il gagner ce pari, à un moment où le secteur bancaire marocain est affecté par le manque de liquidités et la morosité économique ?
Autre problème non résolu et qui persiste encore, c’est celui de la coexistence de deux types de statuts : celui des fonctionnaires issus de l’ancienne administration, et celui des salariés de droit privé sous lequel sont désormais recrutés les nouveaux salariés (postiers et employés de banque). Une situation qui alimente les tensions en matière de «traitement équitable des deux catégories de personnel» et de «politique sociale de l’entreprise».
Les retards accumulés sur le front social, et les incohérences du projet industriel de la banque postale font que Al Barid Bank devrait se préparer à une longue phase de tribulations avant de parier sur les quatre millions de clients ( du livret d’Epargne nationale et comptes chèques postaux) dont la majorité est répertoriée à la centrale des incidents de paiements.
De plus, exiger le paiement de 60 DH (annuel) pour les services offerts serait, de l’avis des spécialistes, une hérésie. Au lieu de chercher à dépoussiérer ce fameux livret d’Epargne et moderniser le CCP en le réhabilitant et en lui donnant plus de crédibilité, le top management donne l’impression de s’écarter un peu de ce que devrait être la banque postale. Autrement dit, comment séduire les clients alors que le rendement du livret d’Epargne est des plus faibles de la Place ? Comment parvenir à recruter les déposants alors que le système d’information est la plupart du temps, désorienté et faiblement connecté ? Beaucoup reste à faire.  
Doté d’un capital social de 400 millions DH, Al Barid Bank promet que  ses fonds propres atteindront 1 milliard DH, dans un horizon proche ! La banque, qui se contente pour l’heure de distribuer certains produits de la société de crédits Sofac et quelques services d’assurances, annonce commercialiser dans un premier temps des produits simples, à savoir «des comptes bancaires et des comptes d’épargne», avant d’offrir tous les services financiers à partir de 2011. Cela revient à parier sur des «non partants».
Il est évident que PM «doit réagir vigoureusement par la mise en œuvre d’un projet de développement ambitieux, d’une dimension industrielle forte fondée sur l’unité du Groupe. Elle doit, en même temps, donner une réponse à tous ceux qui s’inquiètent de l’avenir de l’établissement, notent certains observateurs. Son modèle économique doit s’appuyer sur le modèle social qui fait sa force.


Libé

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