Ce n’est un secret pour personne. Depuis l’arrivée de Benkirane aux commandes, l’endettement du Maroc n’a cessé de prendre l’ascenseur. Le fait n’est pas nouveau. Tout le monde sait, a priori, que la dette du Maroc ira crescendo en 2014, mais l’annonce faite à ce propos, il y a deux jours par l’agence internationale de notation Standard and Poor’s (S&P), est on ne peut plus alarmante et augure de nouvelles difficultés pour les entreprises marocaines, en particulier les PME. En effet, S&P précise que l’essentiel des levées s’effectuera sur le marché domestique. Une donne qui aura des conséquences au niveau de l’accentuation de la pression sur les liquidités et contribuera au renchérissement du coût de financement des entreprises sur les marchés.
En effet, l’agence de notation internationale a précisé que le Maroc, qui va mobiliser 13,2 milliards de dollars, soit l’équivalent de 108 milliards de DH de financements à long terme sur les marchés financiers durant l’exercice en cours, est en passe de devenir un champion de la zone Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) en la matière.
A titre de comparaison, l’Egypte et le Liban, pays souffrant des plus grands déficits budgétaires de la région, s’accapareront en 2014 un peu plus des trois quarts de la dette en totalisant 44 milliards de dollars, sur un total de 56 milliards de dollars.
Ces levées de fonds qui provoquent des remous au sein du marché financier national préoccupent de plus en plus le secteur privé dans un contexte d’assèchement des liquidités.
Ce qui inquiète le plus les opérateurs, ce ne se sont pas les montants levés en eux-mêmes, mais plutôt les taux d’intérêt qui évoluent vers le haut, ne laissant aucune chance aux entreprises, même celles de grande taille. Cette augmentation des taux suscite l’inquiétude grandissante du secteur privé. En effet, les opérateurs craignent une hausse des taux d’intérêt, sous l’influence de ce que les économistes appellent «effet d’éviction» déclenché quand l’Etat recourt intensivement à la dette, afin de financer son déficit budgétaire, provoquant ainsi l’amenuisement ou l’épuisement, la raréfaction de l’épargne et par conséquent la hausse des taux d’intérêt. Cette situation pousse les investisseurs institutionnels à acheter de plus en plus d’obligations étatiques, du fait qu’elles présentent moins de risque qu’un investissement dans le secteur privé.
Tous ces éléments font que l’Etat se trouve à quelques pas du cercle vicieux de la dette publique ou l’effet «boule de neige».
Ce recours intensif au financement intérieur porterait la dette publique globale du Maroc à 83,7% du PIB en 2014 au lieu de 77,4% en 2013 (766 milliards de DH au lieu de 678 milliards en 2013). Des chiffres jamais atteints dans l’histoire du Maroc indépendant.