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Après l’étape initiale, les poteries utilitaires de terre cuite et de facture rudimentaire, se sont métamorphosées en objets, dans lesquels les couleurs et les motifs décoratifs rivalisent avec l'élégance des gables et accèdent à des fonctions décoratives liées à la vie citadine, et à certains usages ménagers.
Une mutation qui s’est opérée grâce à l’utilisation des enduits et des émaux destinés à assurer l’étanchéité des récipients et leur ornementation.
A la fin du 12-ème siècle, des pièces en poterie vernissée étaient fabriquées sur place. Il s’agissait spécialement de gourdes utilisées par les pèlerins partant de Safi vers la Mecque, organisés en une confrérie, en l’occurrence, la fameuse "Taîfa des Houjjaj" fondée par le saint patron de la ville Abou Mohamed Saleh à la fin du 12-ème siècle.
Il n’y a aucun doute qu’on fabrique à Safi comme à Fès des objets en terre vernissée depuis fort longtemps. Mais sur les anciens potiers de cette localité, sur leur technique et production il n’y a pas eu d’études approfondies. D’ailleurs, ces poteries émaillées d’autrefois, on ne les trouve plus, à part quelques pièces auxquelles on pourrait attribuer plus d’une centaine d’années et qui sont conservées jalousement par de rares collectionneurs ou par les descendants des maîtres céramistes de ces temps révolus.
Si l’industrie de la céramique a pris son essor à Safi au 19-ème siècle, c’est qu’elle a bénéficié de la leçon des potiers fassis, eux mêmes influencés par les artisans andalous qui, chassés d’Espagne à la fin du 16-ème siècle, étaient venus s’installer à Fès. Ces derniers avaient apporté de nouvelles techniques.
Ce fut Hadj Mohammed El Ghammaz, l’Amine de la corporation des potiers, qui fit venir à Safi, au 18-ème siècle un descendant de ces céramistes fassis. L’histoire a conservé le nom d’un certain Hadj Abdeslam Lengassi.