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En partant du principe que les autorités sanitaires ont pris la décision, somme toute logique, de réserver la quantité du précieux sérum disponible, pour l’injection de deux doses, correspondant à une immunité complète, afin notamment de s’éviter les affres d’une pénurie de vaccins qui représente d’ailleurs une menace permanente sur le bon déroulement des opérations, les six millions de doses actuellement entre les mains du gouvernement devraient donc servir à vacciner 3 millions de Marocaines et de Marocains, en attendant la livraison des 19,5 millions de doses restantes.
Dans un pays où 471 nouveaux cas de contamination ont été recensés jeudi en début de soirée, chiffres, soit dit en passant, qui ne reflètent aucunement, et heureusement, le relâchement des uns et des autres face à un virus en capacité de faire des ravages comme on peut le voir en Europe et en Amérique du Sud, la campagne de vaccination est plus que jamais cruciale pour endiguer une épidémie qui n’a que trop duré. D’autant plus que les atouts dans la manche d’AstraZeneca sont de plus en plus nombreux. Si le produit du laboratoire anglo-suédois a connu un début de semaine pour le moins inquiétant, les choses sont, depuis hier, quelque peu rentrées dans l’ordre et confortent le Royaume dans son choix. Même si en réalité, il est trop tôt pour l’affirmer.
Rappelez-vous, en début de semaine, le gouvernement sudafricain avait pris tout le monde à contre-pied en décidant de repousser le début de sa campagne de vaccination anti-Covid. En cause, une étude des chercheurs de l'Université du Witwatersrand à Johannesburg. Cette dernière affirme que le vaccin britannique ne serait efficace qu'à 22% contre les formes modérées du variant sudafricain. De plus, plusieurs pays européens ont porté un coup de massue à l’image du vaccin anglosuédois en interdisant son utilisation aux +65 ans en France et en Belgique, et aux +55 ans en Espagne et en Grèce. Dès lors, nous aussi, on était en droit de nous poser quelques questions, d’autant que le Maroc a, quant à lui, décidé de ne pas limiter l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca aux + 65 ans.
Mais ça c’était avant. Avant que l’OMS n'entre dans la danse. Le comité stratégique des experts en immunisation de l'Organisation mondiale de la santé s’est réuni “pour formuler des recommandations provisoires quant à l'utilisation de ce vaccin”, selon une dépêche de l’AFP. “Une attention particulière sera donnée à la discussion concernant l'utilisation du vaccin sur les adultes les plus âgés", souligne l'OMS. Deux jours plus tard, le comité n’y est pas allé par quatre chemins au moment de prendre la défense du vaccin à vecteur viral, développé par le laboratoire britannique AstraZeneca et l'Université d'Oxford. "Les personnes de plus de 65 ans devraient recevoir le vaccin", a ainsi déclaré le président du groupe d'experts, Alejandro Cravioto, en conférence de presse.
Et ce n’est pas tout. Dans ses recommandations, le groupe d'experts a souligné que l’étude réalisée par les chercheurs sud-africains, a été conçue pour évaluer l'efficacité du vaccin contre toutes les formes de gravité de la maladie, “mais la petite taille de l'échantillon n'a pas permis d'évaluer spécifiquement l'efficacité du vaccin contre les formes graves de Covid-19", pouvait-on lire dans le communiqué relayé par l’AFP. En conséquence, “l'OMS recommande actuellement l'utilisation du vaccin AZD1222 même si des variants sont présents dans un pays", précisent les membres du comité d’experts en question.
En somme, dire que l’OMS voit d’un bon œil le vaccin d’AstraZeneca relève largement de l’euphémisme. Mais pourquoi, sachant que son efficacité moyenne est évaluée pour l'heure à 70%, et donc, qu'il est moins probant que ceux de Pfizer-BioNTech ou Moderna, dont l'efficacité dépasse les 90%? Disons que ces atouts collent parfaitement avec les besoins des pays les moins riches de la planète. Outre son prix relativement bas, il utilise une technologie traditionnelle et surtout, il peut être conservé dans des réfrigérateurs et non à très basse température. Par conséquent, il est plus adapté à des campagnes de vaccination massives. "C'est l'un de ces vaccins qui peuvent être conservés dans des réfrigérateurs ordinaires et il va donc être très utile", a appuyé la responsable scientifique de l'OMS, Soumya Swaminathan. On n’en doute pas. Pourtant, il sera difficile de soutenir longtemps un vaccin dont l’efficacité est sujette à autant d’interrogations. On en saura certainement un peu plus dans les mois à venir. En attendant, la campagne de vaccination dans le Royaume est plus que jamais lancée.
Chady Chaabi