La campagne agricole suscite de grosses inquiétudes

Les effets du réchauffement climatique se font d’ores et déjà sentir


Hassan Bentaleb
Vendredi 4 Décembre 2015

La pluie se fait de plus en plus désirer. Le cumul des précipitations amassé ces derniers jours est insignifiant et mal réparti. La campagne agricole peine donc  à démarrer et les agriculteurs font  grise mine. C’est le cas des céréaliers de la région de Zemmour-Zaër où l’on commence déjà à imaginer le pire.
« Nous avons le moral en berne puisque la région est une zone d'agriculture pluviale (bour)  et tout est lié aux précipitations », nous a indiqué El Larbi Chaoubi, président de l’Association du fellah moderne. Et de poursuivre : « S’il est vrai que les travaux d’emblavement se poursuivent, il n’en demeure pas moins que l’inquiétude est encore de mise ;  d’autant que la même période de l’année dernière avait enregistré de fortes pluies ». Même son de cloche de la part de Atifi Baydoune, un agriculteur de la région des Abda-Doukkala qui nous a indiqué que les précipitations se font de plus en plus rares dans cette région et que les quelques gouttes accumulées dernièrement ont apporté plus de préjudices que de bien. Ceci d’autant plus que ces précipitations ont été caractérisées par la non-régularité de leur distribution spatiale et temporelle. « Ces pluies ont été légères ou modérées et   ne sont pas à même d’humidifier la superficie cultivée  pour les travaux de préparation des terres et les semis des cultures d’hiver ». En fait, et selon les experts du ministère de l’Agriculture, ce secteur est presque entièrement dépendant de la pluviométrie dont la quantité varie selon les régions et les années agricoles. La production céréalière, réalisée essentiellement en zones bour, est sujette aux fortes fluctuations interannuelles de la pluviométrie. Les superficies irrigables qui pourraient réduire cette dépendance vis-à-vis du climat, représentent moins de 9% des lopins de terre cultivés et contribuent à moins de 17% de la production totale. Un état de fait des plus difficiles puisque la pluie, ajoutent les mêmes experts,  est un évènement aléatoire dont on ne peut prévoir, à moyen terme, ni les volumes ni les épisodes. Le temps qui s’écoule, entre deux épisodes pluvieux, peut varier de quelques jours à quelques mois.
Faut-il donc craindre le pire? « On n’espère pas en arriver là.  Mais si la situation ne change pas d’ici la fin du mois courant, il faudra alors s’attendre au pire. Surtout que ce mois  est déterminant pour l’éclosion des  plants de blé et que 80% des agriculteurs ont labouré leurs terres », nous a expliqué  El Larbi Chaoubi. Et de préciser : « Et même s’il y a des précipitations après cette date, il ne faudra pas s’attendre à une campagne agricole excellente mais plutôt moyenne. Même constat de la part de Atifi Baydoune qui pense que s’il n’y a pas de pluies dans un délai de 10 jours, la situation sera des plus graves.
Et qu’en est-il de l’impact de la rareté des précipitations sur l’élevage? « Les effets néfastes ont commencé à se manifester.   Les prix des aliments pour animaux se sont envolés dernièrement à cause du retard des pluies et du goût du lucre de certains commerçants. A titre d’exemple, une balle de foin coûte aujourd’hui 20 DH alors qu’auparavant, elle ne dépassait pas les 6 DH ».  Une situation des plus compliquées, selon notre source, puisque les éleveurs ont été confiants et ils n’ont pas fait de réserves pour cette année, pensant que la campagne agricole actuelle sera bonne comme la précédente.
Le changement climatique semble donc en marche au Maroc.  Les diminutions de la pluviométrie et l’augmentation des températures, prévues il y a si longtemps sont au rendez-vous et il faudra désormais s’attendre au pire si rien n’est fait pour trouver des solutions à même de permettre aux agriculteurs de changer leurs fusils d’épaule. Une étude scientifique récente sur les effets du changement climatique adoptant le modèle MAGIC (Modèle pour l'évaluation des impacts des gaz à effet de serre sur le changement du climat)  et SCENGEN  (Model for the assessment of greenhouse-gaz induced climate change)  prévoit, en effet, une baisse significative des précipitations, particulièrement dans les zones  du Nord (7% en 2020, 20% en 2040 et 40% en 2080), une augmentation des phénomènes extrêmes (sécheresse, inondations, etc.), une chute des rendements agricoles pouvant atteindre 50% dans les années de sécheresse et une régression des activités agricoles dans les zones côtières en raison de  la forte salinité de l’eau.


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