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Y a-t-il parmi ceux-ci des Marocains ?
« C’est fort probable comme c’est le cas pour tous les autres combattants présents aujourd’hui en Syrie. Le transfert de ces mercenaires est un projet qui a été conçu par les Turcs et les Russes qui ont négocié un départ de ceux présents à Idlib vers l’Afghanistan ou la Libye. Ce dernier pays est devenu un enjeu pour la Turquie et les combattants étrangers constituent une redoutable arme vu leur professionnalisme et leur expérience », nous a indiqué Abdellah Rami, spécialiste des groupes djihadistes. Et de préciser : « Pourtant, il ne faut pas oublier que la Libye a déjà accueilli plusieurs groupes et un grand nombre de combattants venus de partout lors du conflit contre Kadhafi. Et ce sont ces mêmes combattants qui sont partis, par la suite, vers la Syrie. La Libye n’a pas accueilli que de simples combattants, mais aussi des leaders (le groupe d’Allemagne, le groupe de Chariaa, le groupe de Belgique, Londres…). En d’autres termes, les combattants étrangers n’ont jamais été absents de Libye ».
Que défendent ces combattants en Libye ? « C’est la lutte contre le général Haftar qui les réunit. Ce dernier est considéré comme illégitime par rapport aux forces du Gouvernement d’union nationale (GNA), proche des Frères musulmans et reconnu par la communauté internationale, mais les relations de «Nousra» et les anciennes amitiés et affinités idéologiques demeurent les vrais facteurs de la mobilisation », nous a indiqué notre source.
Qu’en est-il de la position marocaine vis-à-vis de la situation actuelle en Libye ? « Le Maroc a été présent depuis la chute de Kadhafi et a pris plusieurs initiatives diplomatiques, sécuritaires et militaires. Le processus de Skhirat a été le point fort de cette présence. En effet, la chute du pouvoir central de ce pays et la crainte de voir le conflit se propager à toute la région vu sa proximité géographique ont poussé le Maroc à prendre les devants», nous a rappelé Abdellah Rami. Et d’ajouter : « Le Maroc s’est investi avec force dans le processus de négociation afin de consolider sa présence en tant que force régionale. Le processus de Skhirat a été une carte forte par rapport aux forces intérieures ou extérieures intervenant dans le conflit libyen ».
Pourtant le rôle du Maroc s’est considérablement ressenti au vu des derniers développements et en particulier l’entrée en jeu de parties plus puissantes qui cherchent plus de domination et non d’équilibre. « Le Maroc est aujourd’hui enserré par l’étau de deux pôles régionaux puissants (Turquie et Qatar d’un côté et Arabie Saoudite et Emirats arabes unis de l’autre) qui sont en conflit sur plusieurs fronts. Leur devise est « avec nous ou contre nous » », nous a expliqué notre source. Et de poursuivre : « L’absence du Maroc est préjudiciable à ses intérêts et à sa position stratégique dans la région. D’autant que l’Algérie est présente avec force sur ce dossier. Cette absence aura également des effets sur la surveillance des groupes et des combattants par le Maroc alors que la Libye fait partie de son espace vital».
Dans la tribune publiée par Mehadi Taje sur Business news sous le titre « Guerre dans une Libye au bord du chaos: regard géopolitique », ce dernier a rapporté en se référant à un rapport des Nations unies daté de fin janvier 2020, que les Emirats arabes unis auraient livré au maréchal Haftar près de 40 avions cargos, plus de 3000 tonnes d’armes dont des véhicules blindés, des systèmes de défense anti-aérienne, des drones, etc. Des mercenaires soudanais auraient renforcé les rangs de ceux qui sont déjà présents au sein de l’ANL. Parallèlement, l’appui turc au gouvernement Sarraj s’est intensifié : le 29 janvier 2020, trois navires turcs escortés par une frégate ont été observés au large et dans le port de Tripoli par des avions français Rafales ayant décollé du porte-avions Charles-de-Gaulle. Un navire a débarqué des blindés lourds et les deux autres des soldats de l’armée turque. Le 27 janvier 2020, une quarantaine de militaires turcs arrivaient à Misrata par voie aérienne, probablement, en appui technique et afin de permettre l’utilisation d’armes sophistiquées. En effet, le 28 janvier 2020, un drone émirati de fabrication chinoise opérant pour le compte du maréchal Haftar a été abattu à Misrata.
Abdellah Rami estime, en outre, qu’il y a une instrumentalisation du conflit libyen dans une zone où il n’y a pas de vision partagée par tous mais plutôt un conflit féroce entre le Maroc, l’Algérie et l’Egypte. « La Libye est dans le chaos et il y a mobilisation de combattants et de réseaux afin de profiter de la situation », a-t-il conclu.