"On parle de 60.000 personnes mais cela peut monter à 80.000", a indiqué le ministre au quotidien financier Dagens Industri (DI) et à la télévision publique SVT, précisant que le gouvernement avait demandé à la police et à l'Office des migrations d'organiser ces retours.
En temps ordinaire, les expulsions s'effectuent sur des vols commerciaux mais compte tenu des nombres évoqués, "nous allons devoir utiliser plus d'avions charters" spécialement affrétés et les expulsions s'étaleront sur plusieurs années, a ajouté M. Ygeman.
En 2015, 163.000 réfugiés ont déposé une demande d'asile en Suède, l'équivalent de 1,3 million de personnes pour un pays de 80 millions d'habitants comme l'Allemagne, laquelle a reçu 1,1 million de réfugiés sur la même période.
Sur les quelque 58.800 dossiers traités l'an dernier par l'office suédois, 55% ont été acceptés, moyenne sur laquelle se fonde le ministre de l'Intérieur pour arriver aux 80.000 expulsions envisagées selon l'estimation haute.
Par ailleurs, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a jugé mercredi "méprisable" et "purement vindicative" la réforme du droit d'asile très décriée votée la veille au Danemark et qui autorise notamment la confiscation des effets de valeurs détenus par les migrants.
"Je trouve méprisable que le Danemark, et dans une certaine mesure la Suisse, veulent saisir les derniers effets personnels de personnes qui, à cause de leur exil et de leur vulnérabilité, sont déjà appauvries et n'ont plus grand chose sur elles", a déclaré le directeur exécutif de HRW Kenneth Roth en présentant le rapport 2016 de l'ONG.
"Est-ce qu'un pays riche comme le Danemark a vraiment besoin de dépouiller les derniers effets de ces demandeurs d'asile désespérés avant de leur offrir des services de base ?", s'est-il interrogé devant la presse.
Le Parlement danois a adopté mardi à une écrasante majorité une réforme très controversée du droit d'asile, qui prévoit la possibilité de confisquer les effets des migrants, de diminuer leurs droits sociaux et d'allonger les délais de regroupement familial.
"Il faut noter que cette question n'a rien à voir avec un éventuel remboursement (des services rendus, ndlr) parce que si le Danemark voulait être remboursé par les demandeurs d'asile, il leur offrirait des emplois, ce que la plupart souhaitent", a ajouté M. Roth.
Les mesures de confiscation "semblent purement vindicatives et une tentative d'envoyer le message +comment pouvez-vous oser venir au Danemark vous qui êtes demandeur d'asile arrivé dans l'Union européenne", a-t-il insisté.
"Cette réponse sans pitié n'est pas ce que nous attendons d'un pays riche membre de l'Union européenne", a conclu le responsable de HRW.