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"Nous sommes en train de passer un entretien d'embauche avec la nation", déclare à l'AFP "Birgitta", comme tout le monde l'appelle en Islande, depuis les locaux du parti à Reykjavik, à deux pas du Parlement où les Pirates occupent trois sièges depuis 2013.
Au soir des élections législatives anticipées de samedi, les "Piratar", nés en 2012, pourraient être en mesure de négocier la formation d'une coalition gouvernementale avec l'opposition de gauche et centriste.
Objectif: congédier la coalition de centre-droit associée aux faillites bancaires de 2008 et au scandale des comptes offshore révélés en avril dernier par les Panama Papers.
La perspective paraît "réjouissante" et tout aussi "effrayante" à Birgitta Jonsdottir, ancienne porte-parole de WikiLeaks, députée et leader médiatique des Pirates qui cultive la vulgate libertaire de la gouvernance collective. Reste à savoir si les Islandais sont "prêts".
"Les gens nous regardent", martèle-t-elle à l'envi. "Est-ce que l'Islande va être assez courageuse pour dire non à ce bloc corrompu lié au gouvernement et va voter pour le changement?"
Elle dit clairement ne "PAS" vouloir devenir Première ministre. "Nous avons une structure horizontale au sein de notre parti, dont Birgitta n'est même pas la dirigeante officielle. Si les Pirates recueillent assez de suffrages pour former un gouvernement, ils demanderont simplement au pays qui il souhaite à ce poste", explique-t-elle sur son blog.
Elle se voit bien en revanche à la tête de l'Althingi, le Parlement islandais de 63 sièges, pour en renforcer le pouvoir.
"Si nous sommes en position d'avoir le poste de Premier ministre, (...) j'aimerais devenir présidente du Parlement (...) pour montrer que le Parlement devrait être l'institution la plus forte et la plus importante", affirme Birgitta Jonsdottir.
Elle qui militait depuis des décennies pour les droits civiques ou l'indépendance du Tibet ne s'engage pleinement au plan national qu'au sortir de la crise financière de 2008, à la faveur de la "révolution des casseroles".
En 2009, elle se présente aux législatives et est élue au Parlement, sur la liste de l'éphémère Mouvement des citoyens qui pratique la gouvernance collective et plaide pour une refondation de la démocratie islandaise.
Fille d'une chanteuse folk et d'un armateur qu'elle n'a jamais connu, Birgitta Jonsdottir publie son premier recueil de poésie à 22 ans. Editrice web, elle se définit comme "multi-artiste" et "poéticienne", arrivée en politique par accident.
"Je suis une poéticienne, je suis une hackeuse dans l'utérus du système (...) J'aide le système à s'écrouler sous son poids / Je sème des graines, des idées, des pensées / Crée de nouvelles structures / de nouveaux chemins", écrit-elle sur sa page Facebook.
Adolescente, elle s'amourache de Jon Gnarr, futur acteur et humoriste qui deviendra le maire "punk" de Reykjavik entre 2010 et 2014, porté lui aussi par le cataclysme de 2008, et que l'on verra défiler en drag queen sur les chars de la Gay Pride islandaise l'année de son élection.
La vie ne l'a pas épargnée. A l'âge de 20 ans, elle perd son père adoptif, patron de pêche qui se suicide en se noyant dans une rivière glacée. Quelques années plus tard, en 1993, c'est son mari, Charles Egill Hirt, épileptique, qui disparaît à l'âge de 29 ans. Son corps n'est retrouvé qu'en 1998. "Cet espace ici dans le cyberespace pourrait lui tenir lieu de pierre tombale", écrit-elle sur son blog.