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En janvier 1996, « La nouvelle Tribune » fait son apparition dans les kiosques marocains. Une aventure nouvelle et un parti allant vers l’inconnu. « Nous n’étions pas les premiers mais nous étions loin d’être nombreux à l’époque. En créant la Nouvelle Tribune, nous étions animés par trois grandes convictions : que nous avions le droit d’exercer la profession de journaliste, que le pays avait besoin d’une presse honnête et courageuse qui s’appuierait sur les acquis et les luttes de la presse partisane et politique et qu’enfin une entreprise de presse était d’abord et avant tout une entreprise avec ses règles de fonctionnement et de gestion », explique Fahd Yata, le directeur de la Nouvelle Tribune.
Le patron de cet hebdomadaire le dit avec force : aucun titre de presse ne peut valablement exister s’il ne fonctionne pas comme une entreprise moderne et transparente. Il faut, affirme-t-il, faire des bénéfices pour pérenniser. « Un vrai journal est dépendant de son chiffre d’affaires. A La Nouvelle Tribune nous dépendons des ventes au numéro et des abonnements mais aussi et surtout de la publicité. En fait, l’une des deux jambes souffre de poliomyélite, car plus maigre que l’autre. Il faut savoir que la publicité est un facteur essentiel d’existence d’une entreprise de presse. Le contrat-programme du ministère de la Communication reste une mesure très positive même si celle-ci est insuffisante car elle oblige les journaux à aller à la transparence », soutient notre interlocuteur.
Journaliste et fier de l’être, Fahd Yata, fils d’Ali et frère de Nadir, promène un regard souvent déçu sur l’évolution de la presse privée en terre marocaine. Il n’hésite pas à parler de « dérive mercantile » et à fustiger ceux qui entendent faire de la presse « un outil de pouvoir, d’influence et d’argent ». « La presse marocaine est à 80% dénaturée par ces maux. On y trouve pêle-mêle une spirale de sensationnalisme et de populisme. Il n’y a pas d’informations, pas d’analyses mais par contre de la rumeur, un usage immodéré du conditionnel, de la diffamation. Tout cela me laisse perplexe et me déçoit profondément. Vous savez, dans notre pays, n’importe qui peut s’ériger en directeur de publication, même un ancien boucher ! ».
Face aux dérives professionnelles sur fond de mercantilisme effréné, le patron de cet hebdomadaire salue l’initiative « Dialogue médias et société » dont sont à l’origine les 8 groupes parlementaires représentés sous la coupole. «Une initiative formidable qui a permis d’ouvrir les cœurs et de libérer les voix. Mais attention, le stade de la parole est dépassé, il faut passer à l’étape cruciale des correctifs ».
Et si Fahd Yata est plus prompt à parler de presse privée que de presse indépendante –« on est toujours dépendant de quelque chose, du moins de sa conscience et de son sens de l’éthique »-il s’interdit de baisser les bras. Sa volonté de se battre, encore et toujours, est intacte. 15 ans après, affirme-t-il, il est fier du chemin parcouru. « Je devais bien cela à mon père et à mon frère », conclut-il entre rire et émotion.