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Abdelilah Benkirane connaît bien la presse, lit régulièrement les journaux, appelle les journalistes par leur petit nom. Il lui arrive même, dit-on, de les contacter directement. C’était avant. Avant les législatives du 25 novembre, avant la désignation du 30 novembre, avant la nomination Royale du 3 janvier. En chef de gouvernement qui a dûment prêté serment, continuera-t-il à le faire ?
Pas question ici de faire un procès en sorcellerie aux islamistes du PJD qui ont érigé la transparence et la communication en méthode de gouvernance. En la matière, Abdelilah Benkirane multiplie d’ailleurs les premières. C’est bien lui qui a accordé sa toute première interview télévisée alors qu’il n’était encore que chef de gouvernement désigné, levant un coin du voile de ses tractations avec les partis politiques composant sa majorité. C’est encore lui qui a ouvert les portes de sa maison (voire de sa chambre) à un hebdo de la place et pris la pause entouré de sa petite famille. Du jamais vu dans l’histoire de nos premiers ministres, adeptes du bon vieux «vivons heureux, vivons cachés». Au Maroc, et très curieusement, tous nos chefs de gouvernement se montraient sans leurs épouses ni progéniture, un peu comme s’ils étaient seuls au monde, célibataires et sans enfants…
Maintenant que les choses sérieuses commencent avec l’exercice du pouvoir, le gouvernement Benkirane tiendra-t-il informée l’opinion publique, l’associera-t-il à ses prises de décision, bref donnera-t-il corps au principe désormais constitutionnel du droit à l’information ? La question se pose avec force d’autant que la presse de l’opposition, notamment «Libération», n’a pas été invitée à la toute première conférence de presse du chef de gouvernement donnée jeudi 5 janvier, au sortir de son tout premier Conseil de gouvernement. La direction de la communication du ministère éponyme n’a pas cru bon, n’a pas cru utile, de «convier» le quotidien francophone édité par l’Union socialiste des forces populaires à cette première rencontre officielle de M. Benkirane avec les journalistes. Un «oubli» fâcheux en ces temps de nouvelle Constitution qui proclame et stipule le rôle primordial de l’opposition. Que vaut une démocratie sans contrepouvoir, sans voix dissonantes, sans une opposition jouant son rôle d’opposition ? «Libération» n’a pas eu le privilège d’assister à cette conférence de presse parce que porte-parole d’un parti de l’opposition ? Loin de nous une telle mauvaise pensée…
Une majorité n’est forte qu’avec son opposition, déclarent les islamistes du gouvernement. Pensent-ils aussi aux journaux de cette même opposition ? Probablement. Le nouveau ministre de la Communication, l’islamiste Mostafa El Khalfi, qui est aussi le porte-parole du gouvernement, serait bien inspiré d’expliquer à ses services –principalement la direction de la communication- qu’une application saine de la Constitution se fait sans ostracisme ni sectarisme.
Le PJD est bien placé pour le savoir. Il y a quelques semaines à peine, ce parti criait au loup dès que sa presse était «oubliée» ou que ces militants non «invités» à une émission de télévision. C’était hier, du temps de l’opposition et ce même PJD hurlait à l’exclusion. Le pouvoir ne va pas les changer, promettent les islamistes du gouvernement. Sauf que le pouvoir peut changer les principes pour peu que ces derniers ne soient pas seulement des certitudes éphémères mais des convictions solidement ancrées…