L'opposition soudanaise en quête d'unité pour réussir l'après-Béchir


Mercredi 17 Avril 2019

L'opposition soudanaise en quête d'unité pour réussir l'après-Béchir
L'opposition soudanaise tente de s'unir après trois décennies de divisions face au pouvoir autoritaire d'Omar el-Béchir, président renversé par l'armée le 11 avril au terme d'un mouvement de contestation populaire d'une ampleur inédite.
L'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), principal porte-voix de ce mouvement débuté le 19 décembre, maintient pendant ce temps la pression sur le nouveau pouvoir pour établir un gouvernement civil.
L'ALC est composée de trois principales forces d'opposition selon Mahjoub Mohamed Saleh, 91 ans, figure du journalisme au Soudan et plusieurs fois emprisonné sous le régime Béchir.
Il s'agit de Nidaa el-Soudan (l'Appel du Soudan), les Forces du consensus national et surtout l'Association des professionnels soudanais (SPA) "qui comprend le nombre le plus important de membres", explique-t-il.
L'alliance Nidaa el-Soudan compte notamment l'une des plus anciennes formations politiques du pays, le parti al-Oumma de l'ancien Premier ministre Sadek al-Mahdi, rentré d'exil en décembre au premier jour de la contestation. Figurent aussi dans cette alliance le parti du Congrès soudanais, d'autres petits partis et des mouvements armés tels que le Mouvement populaire de libération du Soudan.
Les Forces du consensus national incluent le Parti communiste soudanais et le parti socialiste Baas, "plus radicaux que les autres", selon M. Saleh.
La SPA est constituée de petits groupes de jeunes professeurs d'université, médecins ou encore ingénieurs, sans direction politique mais particulièrement mobilisés depuis le début de la contestation.
L'ALC représente actuellement l'opposition "la plus forte et la plus durable (...) et ses membres n'ont pas hésité à se sacrifier (en manifestant) dans la rue", a estimé M. Saleh.
L'opposition exige notamment un gouvernement civil, le jugement de M. Béchir, actuellement détenu, et la restructuration du puissant service de renseignement NISS, accusé d'avoir mené la violente répression contre les manifestants, qui a fait plusieurs dizaines de morts.
La semaine dernière, le chef du NISS, Salah Gosh, a démissionné et le chargé d'affaires en poste aux Etats-Unis, Mohamed Atta, un ancien chef du renseignement, a été limogé.
Abdel Fattah al-Burhane, nommé vendredi à la tête du Conseil militaire, a promis une série de mesures pour "éliminer les racines" du régime de M. Béchir en réponse aux demandes des manifestants.
Et le nouveau pouvoir militaire a appelé dimanche les partis politiques à se mettre d'accord sur une figure "indépendante" qui serait nommée Premier ministre et chargée de former un gouvernement civil.
Mais l'opposition, par la voix de la SPA, a répondu en durcissant le ton lundi, puisqu'elle a réclamé la dissolution du Conseil militaire et son remplacement immédiat par un "conseil civil" dans lequel l'armée pourrait être représentée.
"Toutes les composantes de l'opposition vont désormais faire front commun, surmonter leurs divergences et tirer les leçons des expériences précédentes dans cette phase exceptionnelle", avance M. Saleh.
"Mais lorsque les choses reviendront à la normale (dans la vie politique), les divergences entre les factions de l'opposition vont réapparaître", poursuit-il.
Selon Mahjoub Mohamed Saleh, "les islamistes ne disparaîtront pas de la scène politique", mais vont perdre en influence "en particulier avec la fin du Parti du Congrès national" (NCP) de l'ex-président Béchir, allié aux conservateurs religieux.
Le principal mouvement islamiste est le parti du Congrès populaire (PCP) de Hassan al-Tourabi, ex-mentor d'Omar el-Béchir décédé en 2016, et qui comptait encore deux ministres au sein du dernier gouvernement Béchir.
Le PCP a toutefois pris ses distances avec l'ancien président en réclamant une enquête sur la mort de manifestants depuis le début de la mobilisation.
Le Soudan, pays de quelque 40 millions d'habitants, compte quelque cinq millions de ressortissants à l'étranger, essentiellement au Moyen-Orient, en Europe et en Amérique du Nord. Parmi eux se trouvent des activitstes, en particulier à Londres et à Paris, qui entretiennent des liens avec les partis d'opposition soudanais.
"Toutes les formations d'opposition ont leurs partisans à l'étranger. Ils représentent un gisement humain dans lequel il est possible de piocher quand il s'agira concrètement de former un gouvernement civil", déclare M. Saleh, qui voit ces expatriés jouer un rôle central dans le futur.


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