L'islamophobie de Copenhague à Gainesville… : La face abjecte de l'Occident


Ahmed SAAIDI
Vendredi 10 Septembre 2010

La commémoration des tristes évènements du 11 Septembre aux Etats-Unis sera pire que triste pour un milliard de Musulmans à travers le monde.
Le projet abject, lancé par le pasteur illuminé de Floride, Jones Terry, et une poignée d'évangélistes américains, intervient au moment où des mouvements radicaux s'opposent farouchement au projet de construction d'une mosquée à quelques pâtés de maisons du Ground Zero, le site où se trouvaient les tours jumelles du World Trade Center détruites lors des attaques du 11 septembre 2001. Il intervient également dans le sillage des manifestations anti-mosquée qui ont été organisées dans le Tennessee, le Wisconsin et en Californie.
Ce projet d'autodafé du Coran suscite non seulement consternation et condamnation, mais risque de mettre le feu aux poudres et de ternir davantage l'image d'une Amérique qui n'a choisi, depuis fort longtemps, de ne batailler qu'en terre d'Islam pour défendre des principes qu'elle-même ne respecte que fort peu.
Pour justifier son initiative pour le moins attentatoire à l'une des trois religions révélées, le pasteur Terry Jones recourt au mensonge, à l'intox et à la désinformation. Méthodes qui rappellent celles  usitées par le tristement célèbre Georges Bush pour attaquer l'Irak et l'Afghanistan afin de donner, contrairement aux apparences,  davantage de force à un terrorisme dont les premières victimes ne sont autres que les pays arabo-musulmans.
Pour le pasteur de l'Eglise Dove World Outreach Center qui se dit bon chrétien et défenseur des Saintes Ecritures, l'Islam, c'est le diable et le Coran un livre dangereux. En ses diatribes, l'on ne peut que retrouver les accents nauséabonds de cette guerre contre l'Axe du mal que l'ancienne administration US avait érigée en priorité nationale.
De fait, il ne s'agit ni plus ni moins que de simples manifestations d'une islamophobie montante que tout prête à croire qu'elle ne s'arrêtera pas de sitôt.
Depuis la publication en 2005 des caricatures du Prophète au Danemark et les profanations du Coran par des soldats américains tant à Guantanamo, qu'en Afghanistan et en Irak, il y a surenchère. Après l'autodafé annoncé pour ce samedi, l'Allemagne honorera l'auteur du brulot, le dessinateur danois Kurt Westergaard, en présence de la chancelière Angela Merkel pour "son engagement inflexible pour la liberté de la presse et d'opinion et son courage pour défendre les valeurs démocratiques malgré les menaces de violence et de mort". Fera-t-elle autant pour Thilo Sarrazin, l'auteur d'un autre brulot qui a ciblé les quatre millions de musulmans allemands ? 
Qu'à cela ne tienne ! En France, en Angleterre, en Autriche, en Italie, le discours est malheureusement identique. Il ressemble à celui tenu cette semaine dans l'Hexagone, lors de l'"apéritif républicain" pour clamer la résistance au "péril islamiste" en France. Autant de faits qui ajoutent de l'eau au moulin de tous ceux qui font l'amalgame entre la "guerre contre le terrorisme" et la guerre contre l'Islam et qui mettent des bâtons dans les roues de tous  ceux qui s'époumonent  à expliquer que le fait d'ériger la croisade du pasteur Jones en exemple de ce que sont les chrétiens aux Etats-Unis, c'est exactement comme confondre les terroristes islamistes avec tous les musulmans.
La fait que Barack Obama ; la secrétaire d'Etat Hillary Clinton ; le commandant des forces internationales en Afghanistan, le général Petraeus ; le secrétaire général de l'Otan Anders, Fogh Rasmussen ; le Vatican ; l'Union européenne, etc. aient exprimé leur désapprobation de la décision ignominieuse de Jones Terry, n'y changera rien puisque ce pasteur ne semble pas prêt d'abandonner son funeste projet. Ceci d'autant plus que la Constitution américaine pourrait lui  garantir le droit de le faire, de la même manière qu'elle a permis au Ku Klux Klan de brûler des croix ou à des manifestants d'incendier le drapeau américain.
Les discours jugés insultants par une partie de la population, même majoritaire, ne peuvent, en effet,  être réprimés par le gouvernement américain s'ils ne représentent pas une incitation directe à la violence. 
Pour les musulmans tant américains qu'autres, l'autodafé n'est rien d'autre que cela. S'il advient, les Etats-Unis en porteront donc la responsabilité à jamais. 


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1.Posté par Sofia le 12/09/2010 12:44
Très juste , et malheureusement si vrai.
Une poignée d'invicibles continue de se battre contre ce phénomène cependant....

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