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Durant toute sa vie bouillonnante, le regretté Mohamed Arkoun a «flirté» avec cette loi, la mort dans l'âme, si algérienne. Et au fil des années, sa voix a été pratiquement interdite dans les cercles culturels officiels jusqu'à ce que la mort finisse par le rattraper dans son exil. Décédé, loin, très loin de son Algérie natale ensoleillée désormais par les nouvelles pensées salafistes et wahhabites, Mohamed Arkoun aura été donc exclu, de force, de la scène intellectuelle et culturelle algérienne.
Honoré et célébré dans le monde entier, Mohamed Arkoun n'a jamais été aimé par les autorités de son propre pays et à leur tête, le ministère des Affaires religieuses et le ministère de la Culture. Ce n'est là un secret pour personne car depuis ces fameux colloques sur la Pensée islamique organisés à partir de 1967 par le ministère des Affaires religieuses, les travaux, la pensée et les idées de Mohamed Arkoun ont rarement été accueillis favorablement par les Oulémas et les idéologues de l'Etat.
Les plus connaisseurs se rappellent tous ce colloque organisé à Tlemcen en 1986 où Mohamed Arkoun fut hué et insulté pour son intervention sur l'Ijtihad dans l'Islam. Une intervention qui n'a jamais été du goût des cercles proches du ministère des Affaires religieuses indignés par la pensée novatrice et avant-gardiste d'un Mohamed Arkoun critique et pourfendeur des concepts figés du «Fiqh». D'ailleurs, même le prêcheur, si adulé aujourd'hui, Al-Qaradawi n'a pas hésité à l'époque de l'accuser d'«impiété» !
Depuis cette date, notre regretté intellectuel ne fera plus d’apparition dans des manifestations culturelles nationales. Les critiques les plus violentes, et les moins élégantes aussi, ont fini par avoir raison de la sagesse de ce penseur qui se tournera plus tard vers les Universités occidentales pour leur faire connaître une autre vision de l'Islam.
Et dans cette contrée du monde, on lui réserve un autre traitement, si différent de celui qui l'a connu dans son pays. D'une distinction à une autre, Mohamed Arkoun mettra carrément ses pieds dans la légende. Officier de la Légion d'honneur, il fut également officier des Palmes académiques. Au Royaume-Uni, l'Université d'Exeter lui attribue ensuite le titre de docteur honoris causa. Mais en Algérie, ces récompenses n'auront jamais changé quelque chose à son statut d'intellectuel rejeté.
Et malgré la profusion de ces publications, l'Office des publications universitaires (OPU) n'a édité qu'à peine deux de ces ouvrages. Le fondateur de l'islamologie appliquée aura donc été sous tous les projecteurs de la répression intellectuelle et tout a été fait pour que ses thèses ne soient jamais lues et connues en Algérie. A n'en point douter, Mohamed Arkoun était très dangereux pour l'ordre établi qui voyait d'un mauvais œil sa remise en cause des affirmations autoritaires et dogmatiques d'une vérité religieuse intouchable.
Aujourd'hui qu'il est mort, le ministère de la Culture pourra au moins sauver son honneur en rééditant tous ses ouvrages pour les distribuer ensuite dans toutes les bibliothèques, enfin celles qui subsistent encore, de notre pays. L'Algérie n'a pas le droit d'enterrer une deuxième fois l'œuvre d'un si grand penseur. Cela serait un véritable crime contre l'intelligence et le savoir...
* Journal El Watan-Algérie