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Ce soir-là, on a eu droit à tout et surtout à une insoutenable légèreté politique: niveau zéro de l’analyse, réflexions douteuses sur le mode « si le sabot faisait les élections, on l’aurait maintenu », déclarations irresponsables puisées dans le registre « les partis ne sont pas responsables du contrôle de leurs élus, c’est à l’Etat de le faire » et des perles qui resteront à jamais dans les annales politico-cathodiques du style « Non ma sœur, pourquoi veux-tu que ce soit le Mouvement populaire qui soit le premier à moraliser ses rangs ? ».
M. Tatou est un élu de Rabat, une « chance » pour ses administrés de la capitale. Et quand M. Tatou se lance dans une diatribe contre la mairie, le peuple de Rabat a le droit de frissonner. A Rabat, on le sait, le Mouvement populaire fait affaire avec le Parti Authenticité et Modernité. « Nous sommes une opposition qui a aujourd’hui la majorité. Et c’est la minorité qui est aux commandes. Nous sommes coincés. L’Etat doit intervenir parce que le maire est élu pour six ans», revendique fièrement ce dirigeant du Mouvement populaire. Autrement dit, ce député, faiseur de lois (en principe) demande haut et fort aux pouvoirs publics d’intervenir pour…violer la loi. « On ne veut pas bloquer Rabat. C’est quand même la capitale », poursuit l’édile haraki. Une chance pour les R’batis que leur ville soit la capitale sinon M. Tatou aurait bloqué tous les budgets, arrêter le ramassage d’ordures, condamner la ville au noir total.
Les journalistes intervieweuses, Jihane Gattioui du Matin et Nadia Boukili d’Assabah –il faut ici leur rendre hommage d’avoir tenu aussi longtemps, essayant de donner du sens à une vacuité sans précédent- sentent l’information, enfin, tentent d’en savoir plus. « Qu’allez-vous faire maintenant ? Bloquer Rabat ? Ne plus voter les budgets ? Contraindre le maire à la démission ? », demandent-elles à raison et à l’unisson. Réponse brillantissime du député, édile, vice-président de la Chambre basse, membre influent du Mouvement populaire –peut-être même pressenti à la succession de Mohand Laenser : « Je ne sais pas. Nous allons voir avec les gens du PAM ». Waouah, c’est fort comme argument quand on veut la mairie de Rabat !
« C’est le PAM qui sait »
Soyons honnêtes. Abdelkader Tatou a eu des sorties, marquant son « Hiwar » de moments forts. Des accents de vérité aussi. « Il n’y a rien à faire contre l’absentéisme des députés. Aucune force ne peut les contraindre à assister aux travaux du Parlement. C’est à l’Etat de faire le nécessaire », fera-t-il valoir. Visiblement ce Haraki est un nostalgique, tendance « Etat tapant sur les doigts », comme au bon vieux temps de Si Driss. Un rapport de la Cour des comptes a mis en exergue la mauvaise gestion des mairies de Rabat et Salé lors des mandats précédents. « Avec les gens du PAM, on a eu le courage de dire qu’il faut que nous étudiions ces rapports même si c’est le Mouvement populaire qui assurait la gestion de ces mairies », explique A. Tatou, très intrépide. « Mais les conclusions sont là, elles sont imparables, il n’y a rien à étudier. Il faut poursuivre », lance le très cathodique politologue Manar. « Le ministre de la Justice ne poursuit pas et vous voulez que nous on le fasse ! ». On a dit que Tatou était intrépide, pas activiste de la lutte contre l’impunité ! Et ces députés qui voyagent tout le temps, font du tourisme sans résultats concrets en faveur du dossier du Sahara ? Provoquent les journalistes toujours à l’affût d’un moment intelligent dans une émission qui se faisait de plus en plus « Titanic sous les eaux ». « Mais ce ne sont que des petits voyages sans moyens. Pas même de quoi rapporter du parfum à nos femmes », se lamente le vice-président de la Chambre des députés. Et allez dire après une telle déclaration que la diplomatie parlementaire n’est pas d’une efficacité redoutable.
A un moment, on croit tomber sur une étincelle, un début de quelque chose. Le budget de Ghellab qui tombe en commission à la Chambre des conseillers. Le Mouvement populaire, parti de la majorité, serait-il derrière cet « évènement » ? « J’aurai été si fier que le MP ait autant de pouvoir pour faire échec au budget du ministre de l’Equipement et des Transports », réplique Abdelkader Tatou, oublieux de son appartenance aux troupes de la majorité.
Les dernières mesures d’audience de Marocmétrie ont montré que les Marocains ne regardent pas les émissions de débat politique. Depuis mardi soir et le passage de M. Abdelkader Tatou sur « Hiwar », on peut comprendre pourquoi. Question : la télévision est-elle responsable du niveau de nos hommes politiques ? A l’évidence non. Les partis politiques seraient mieux inspirés de choisir ceux ou celles qui les représenteraient à la télévision. Il y va aujourd’hui de la crédibilité du politique et de l’engagement. Depuis quelques années déjà, la désaffection des Marocains de la chose politique atteint des sommets. Mardi, sur Hiwar, la désaffection a atteint son paroxysme.