L’inconstance de la présidence péruvienne au sujet du Sahara marocain dénoncée de l’intérieur

Les revirements diplomatiques inconstants ne peuvent altérer les liens historiques entre le Pérou et le Maroc, soutiennent des parlementaires andins


Rachid Meftah
Vendredi 7 Avril 2023

L’inconstance de la présidence péruvienne au sujet du Sahara marocain dénoncée de l’intérieur
Dans une chronique publiée sur le site d’information «Café Viena», le vice-président de la Fédération des journalistes péruviens, Ricardo Sanchez Serra, a déploré le fait que le Pérou se soit rangé du côté d’un mouvement terroriste qui viole constamment les droits de l’Homme, au lieu de renforcer ses rapports avec « le Maroc, un véritable ami et pays influent sur la scène internationale ».

Le chroniqueur précise que les dirigeants du polisario avaient annoncé leur intention de commettre des actes terroristes dans les villes marocaines et que, par ailleurs, les liens du polisario avec le terrorisme transnational parrainé par l’Iran sont avérés.

En outre, le journaliste péruvien a soutenu que les séquestrés dans les camps de Tindouf en territoire algérien «n’ont pas le statut de réfugiés, vivent sous les pires formes de répression et leurs conditions de vie sont insupportables ».

Et Ricardo Sanchez Serra de rapporter avoir été témoin, lors d’un séjour à Tindouf, des conditions de séquestration de ces Sahraouis marocains affirmant que ce qu’il avait vu était un «camp d’esclavage» pour des personnes vivant dans la misère et sans aucun horizon, «alors que les Sahraouis vivant dans les provinces du Sud du Royaume jouissent de toutes les conditions d’une vie décente, de la liberté et de la démocratie».

L’on devrait souligner que concernant le dossier du Sahara marocain, les positions du Pérou ont toujours été fluctuantes, au gré de l’humeur individuelle des dirigeants politiques et des crises intestines et internes.

Vingt jours à peine après le retrait officiel de reconnaissance  de la prétendue «Rasd», annoncé le 18 août 2022, à travers un communiqué officiel du ministère des Relations extérieures et réitérant pour l’occasion le soutien du Pérou à la souveraineté du Maroc sur son Sahara, voilà que le président Pedro Castillo publie le 8 septembre, sur Twitter, une déclaration ambiguë qui sème le trouble et la confusion quant à la position de son pays à l’égard de cette question, qui plus est, est une grande constante de la politique diplomatique du Royaume qui n’admet aucune tergiversation  à ce sujet quels que soient ses auteurs ou ses instigateurs.

Pourtant, le Pérou avait solennellement décidé de «retirer sa reconnaissance à cette pseudo-entité fictive et de rompe toute relation avec elle, tout en exprimant son soutien à l’initiative d’autonomie au Sahara marocain».
Le ministère péruvien des Affaires étrangères avait, dans ce cadre, exprimé son soutien à «l’intégrité territoriale et la souveraineté du Royaume du Maroc «sur l’ensemble de ses provinces du Sud.

En  conséquence, le Maroc s’était félicité de la décision de la République du Pérou, considérant que cette décision «ouvrait une nouvelle page dans les relations avec ce pays ami», laquelle décision avait été adoptée le 18 août 2022, après  que le ministre des Affaires étrangères Miguel Angel Rodriguez Mackay, qui venait de prendre ses fonctions deux semaines plus tôt, s’était entretenu par téléphone avec son homologue marocain, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.

D’ailleurs, à cette occasion, le ministre andin avait déclaré que les gouvernements péruvien et marocain avaient convenu conjointement de «renforcer leurs relations bilatérales » et que le Pérou « appréciait et respectait l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc et sa souveraineté nationale », le département péruvien de la politique extérieure, ayant déclaré, consécutivement, que sa décision diplomatique serait notifiée aux Nations unies.
Ainsi, l’on comprend aisément  que cette énième volte-face n’était pas vraiment imprévisible.

Les observateurs et les spécialistes de la question du Sahara marocain s’y attendaient, dont un expert qui l’expliquait comme suit : « Le Pérou est confronté à une crise politique, économique et sociale sans précédent. Il est vrai que du point de vue du partenariat et dans un marché toujours sous forte tension à cause du contexte mondial et notamment du conflit en Ukraine, les cours des engrais et du gaz n’ont cessé d’aller battre de nouveaux records ces derniers jours.

Or le Maroc est un pourvoyeur d’engrais et s’est investi pour sauver la classe paysanne du Péou. Le gaz qui est également une denrée rare que l’on s’arrache aux quatre coins du globe est une autre monnaie d’échange. Il n’est nul secret que le Pérou se donnera au plus offrant d’autant plus que l’Algérie n’a cessé de distribuer des enveloppes de gaz par-ci par-là aux pays fragiles et ce dernier en est un, au détriment du peuple algérien qui subit les conséquences d’une cause dont il n’a cure ».

D’autre part, la politique d’Etat en matière de relations internationales, de fiabilité et de crédibilité du pays se voit lourdement impactée. C’est ce qui a expliqué la réaction immédiate du chef de la diplomatie péruvienne Miguel Rodriguez Mackay qui avait présenté, dès le lendemain de l’annonce présidentielle, par ailleurs intempestive, sa démission «irrévocable» due, selon lui, à des «divergences» sur la conduite des questions internationales par le gouvernement.

De ce fait, la durée de l’exercice de ses fonctions de ministre des Relations extérieures n’aura guère dépassé 35 jours car, à l’évidence, il avait refusé de cautionner cette déviation hasardeuse du chef de l’Etat, préférant quitter son poste cinq semaines seulement après sa nomination !!

Rachid Meftah


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