-
Une délégation de sénateurs français salue l'élan de développement à Dakhla
-
Les communes de Lagouira et Bignona décident de renforcer leurs capacités institutionnelles et techniques
-
Inondations en Espagne. Fernando Grande-Marlask : Le soutien du Maroc illustre la profondeur des relations entre les deux pays
-
Nécessité d’une révision globale du secteur des médias, distribution équitable des investissements dans les régions, situation critique des ressortissants marocains au Mozambique, entre autres problématiques abordées par les deux Groupes d’opposition
-
Document coûteux, validité limitée et portée internationale modeste: Cher, trop cher passeport
Ce responsable politique est formel : l’immolation est un acte suffisamment grave pour que soit revu le dispositif politique. « Je pense notamment aux courroies de transmission, au dialogue social et surtout aux réponses à apporter à la précarité. Il faut aller vers cette jeunesse qui a le fort sentiment d’être dans l’injustice, l’écouter. Je suis persuadé que c’est l’indifférence qui rend ces jeunes vulnérables et donc prêts à des gestes extrêmes ».
Quand la surenchère s’en mêle, la manifestation de revendications même légitimes se transforme en spectacle et show en live. La mort devient spectacle car il est bien question ici de se donner la mort, dans la violence, pour que soit satisfaite une revendication. « Il ne faut pas oublier qu’au Maroc nous sommes passés de l’interdiction de manifester à la folklorisation de l’acte de manifester. Et faute d’encadrement politique et syndical, on arrive toujours à l’extrême avec celui qui fera plus fort, plus spectaculaire que l’autre. Et les rares fois où les partis réagissent à cela, ils le font malheureusement avec condescendance », fait valoir Mostafa Miftah, militant du PSU, un parti à gauche de la gauche, tout en mettant en avant l’expérience réussie car encadrée des coordinations, ces fameuses « tansikiate » contre la cherté de la vie. Impossible pour Amine Sbihi, membre du Bureau politique du PPS, de considérer l’immolation comme la simple expression d’une revendication. Ce ne sont pas, explique-t-il, des procédés auxquels la génération qui est la sienne est habituée. « Nous avons été éduqués dans le sens du combat politique et un militant ne peut pas commencer sa vie politique couché comme l’écrivait le défunt Nadir Yata. Mais il faut aussi admettre que les méthodes changent avec les générations, les aspirations évoluent. La génération d’aujourd’hui est dans l’immédiat, elle vit l’instant. Elle a des revendications fortes qu’elles voudraient voir réalisées très vite. Pour cela, certains sont prêts à tout, y compris à l’immolation qui est un acte que je réprouve totalement. On ne peut pas combattre une injustice par des gestes aussi extrêmes ».
La folklorisation de l’acte
de manifester
Les partis politiques sont profondément interpellés par de tels actes qui ne sont pas nouveaux en terre marocaine. L’encadrement politique et la prise en charge d’une jeunesse en désespérance sont à l’évidence autant de défaillances que partis et pouvoirs publics se doivent de corriger. C’est en tout cas ce que pense le PSU Mostafa Miftah. « Les partis tiennent un discours qui ne rend pas compte de la souffrance de milliers et de milliers de citoyens. Et c’est parfois une souffrance extrême comme celle d’être un jeune sans avenir ni perspective. C’est une souffrance extrême que d’être obligé de donner de l’argent pour accéder à des soins à l’hôpital ou accoucher à même le sol. Aujourd’hui, nous assistons tous à une analyse politique aseptisée qui ne tient pas compte d’une telle réalité ».
Le PPS Amine Sbihi tient à peu près le même langage pour mettre en avant l’absence de projet dans lequel la jeunesse marocaine pourrait s’inscrire. « La classe politique n’a pas su, n’a pas pu combler cette absence de perspectives à laquelle sont confrontés les jeunes de ce pays. Et ce manque de perspective fait le lit de gestes extrêmes. Mais attention, pour que les partis soient en mesure de présenter un projet, il est impératif que l’action politique soit crédible. Depuis 2007, nous assistons malheureusement à un retour de pratiques qui décrédibilisent l’action politique. Ce qui nous inscrit, nous en tant que politiques, en porte-à-faux avec la jeunesse ».
Produire des actes et des discours qui redonnent espoir, telle est l’exigence qui s’impose désormais aux formations politiques. L’Usfpéiste Mohamed Al Achaari en est profondément convaincu. « Si les politiques ne sont pas à l’écoute de ces populations, ils prennent l’énorme risque de se voir rejetés par la rue. Et c’est cela qui est très grave », ajoute Mostafa Miftah.
La mort par immolation du jeune marchand ambulant de Sidi Bouzid en Tunisie a été le déclencheur de la révolution du Jasmin. « Déclencheur oui. Sauf que la révolte des Tunisiens était sur le feu depuis des années. Ce qui a provoqué la révolution de Tunisie, c’est bien l’absence de démocratie et de liberté et non pas une immolation à Sidi Bouzid », conclut l’homme de gauche Amine Sbihi.