A la différence d’autres appareils de projection, le cinématographe Lumière, à la fois caméra, tireuse et visionneuse, supplante les autres procédés de reproduction du mouvement utilisés jusqu’alors. Il est plus léger, plus commode que les autres systèmes. La qualité des prises de vues est aussi meilleure que celles du kinétographe - moins précises et plus spectrales. Son originalité est de comporter un mécanisme d’entraînement qui permet une plus grande fluidité de l’image animée et une projection élargie. La première séance du Grand Café, publique et payante, est enfin celle dont le retentissement est le plus important. Ce 28 décembre, alors que la salle est peuplée d’une trentaine de personnes, l’engouement qui naît fait date et le bouche à oreille aidant, le Salon indien ne devait par la suite plus désemplir. Aussitôt la représentation achevée, les offres d’achat pleuvent sur les inventeurs. Le gérant du musée Grévin, celui des Folies Bergères et Georges Méliès qui y assistent, surenchérissent pour s’accaparer l’appareil. En vain puisque Auguste Lumière refuse de le leur vendre. En effet, les frères Lumière conservent pour eux l’exploitation de leur invention. De fait, dans plusieurs pays, d’autres inventeurs mettent rapidement au point des appareils équivalents et le cinématographe doit subir leur concurrence.
Le 23 avril 1896, réalisant que la projection publique allait prendre le pas sur son kinétoscope, Thomas Edison acquiert le brevet du Phantascope mis au point par Charles Francis Jenkins et Thomas Armat et le rebaptise « vitascope». Au Royaume-Uni, Robert William Paul exploite déjà un plagiat du kinétoscope ; il commercialise bientôt un appareil de projection sous le nom d’« animatograph » ou « theatrogoraph ».
En Allemagne, c’est Max von Skladanovsky qui passe pour l’inventeur du cinéma avec son bioscope dont il fera une démonstration publique le 1er novembre 1895, avant celle du Salon indien mais la machine plus lourde et moins pratique que le cinématographe ne soutient pas la concurrence.