Le phénomène physiologique de la persistance rétinienne a été observé au XVIe siècle et XVIIe siècle par le Chevalier d’Arcy et Isaac Newton. Ce défaut de l’œil, cumulé à celui de la capacité du cerveau de lier entre elles plusieurs images séparées, permettent la création d’un artifice reconstituant le mouvement. La première démonstration scientifique est la roue de Faraday en 1830, suivent différents objets tels que le thaumatrope, le phénakistiscope, le zootrope, le praxinoscope ... Leur exploitation commerciale sous forme de jouets devient d’ailleurs courante à partir de 1850. Le général autrichien Franz von Uchatius les améliore d’un système de projection en 1853, inspiré de la lanterne magique qui existe depuis le XVIe siècle, ancêtre du projecteur. La photographie, quant à elle, naît en 1839 sous l’impulsion de Jacques Daguerre. Reste à combiner les appareils reconstituant le mouvement avec la photographie.Eadweard Muybridge a précisément l’idée en 1878 d’aligner vingt-quatre appareils photographiques pour décomposer le mouvement d’un cheval lancé au galop. Les photographies sont par la suite intégrées dans un dispositif de son invention, le zoopraxiscope, qui permet de voir s’animer la course du cheval. Etienne-Jules Marey qui travaille également sur le mouvement des animaux crée en 1882 un fusil photographique qu’il dote ensuite d’une pellicule : le chronophotographe.
Emile Reynaud donne naissance au théâtre optique. L’homme est davantage versé dans le dessin que dans la photographie. Il dessine directement sur la gélatine des intrigues de sa création qu’il fait défiler et projeter devant les spectateurs. L’Américain George Eastman invente la pellicule permettant ainsi d’aligner plusieurs images en négatif sur un film transparent. Louis Aimée Augustin Le Prince construit et dépose le brevet d’une caméra le 11 janvier 1888. Il effectue des prises de vue sur le pont de Leeds et dans sa propriété de Roundhay en Angleterre en octobre 1888. Ces essais mal connus pourraient s’avérer les plus anciens films existants. Cependant, en 1890, après avoir amélioré sa caméra, l’inventeur disparaît mystérieusement dans le train express Dijon-Paris. En Angleterre l’inventeur William Friese-Greene met au point une caméra capable de fixer dix images par seconde à l’aide d’un film perforé.
A la suite d’une rencontre avec Eadweard Muybridge puis avec Etienne-Jules Marey, le célèbre inventeur américain Thomas Edison avec son collaborateur William K.L. Dickson invente le kinétoscope en 1888. L’appareil qui va connaître une déclinaison commerciale réussie, permet à un spectateur de visualiser des films courts au travers d’une lorgnette. On le trouve dans des salles qui lui sont spécialement dédiées et dans les fêtes foraines. Le kinétoscope est vendu dans le monde entier. Pour alimenter ce commerce, la compagnie d’Edison construit le premier studio de l’histoire: la Black Maria. Bâti sur des rails qui permettent de capter au mieux la lumière du soleil suivant les heures de la journée, William K.L. Dickson y tourne au moyen du kinétographe – la caméra brevetée par la société – des centaines de films d’une minute, extraits de pièces de théâtre, combats de boxe, etc.
Le nom « cinématographe » apparaît lui dans un brevet déposé le 12 février 1892 par Léon Bouly, d’abord sous l’intitulé « cynématographe Léon Bouly », puis « cinématographe », dans un autre brevet qu’il dépose le 27 décembre 1893. Le même nom en anglais, « cinematograph », est utilisé par Jean Le Roy en 1895. Ces inventions permettent de faire de la prise de vue, voire de projeter des images. En réalité, partout dans le monde, les inventeurs se lancent à la conquête de l’image animée. Certaines de ces inventions n’auront parfois ni brevets ni descendance. Cette riche période d’expérimentation scientifique et cinématographique, aussi appelée pré-cinéma constitue les débuts du cinéma. D’une façon plus ou moins directe, toutes ces expériences concourent à la naissance du cinéma dans sa forme contemporaine.