Depuis 2005, l'étude Naomi (initiative nord-américaine sur le traitement aux opiacés) est une collaboration des universités de Vancouver et Montréal. Elle a réuni 251 personnes de ces deux villes, dépendantes aux opiacés et soumises à une expérience d'injection d'héroïne pharmaceutique (diacétylmorphine) sous supervision médicale. Le but du projet est de comparer les traitements à base d'héroïne et ceux à base de méthadone en fonction de leurs bienfaits sur la santé et la qualité de vie des héroïnomanes chroniques.
Après tirage au sort, chacun des participants a reçu soit un traitement à base d'opiacés injectables, soit un traitement de méthadone par voie orale, pendant douze à quinze mois. Le Dr Brissette, de la faculté de médecine de Montréal, confirme les résultats : "La thérapie supervisée à l'héroïne est un traitement sûr et efficace pour les héroïnomanes chroniques. Elle peut attirer et retenir les personnes les plus difficiles à atteindre et les plus difficiles à traiter, qui ont mal répondu aux traitements existants."
Au bout des douze à quinze mois de traitement, les participants traités aux opiacés étaient plus nombreux à poursuivre leur traitement que ceux sous méthadone (88 % contre 54 %). Dans les deux cas, les participants ont diminué de moitié la somme consacrée à l'achat de drogues. Mieux encore, les deux tiers des participants sous opiacés ont diminué considérablement, voire totalement, leurs activités illégales, contre la moitié pour ceux sous méthadone. Actuellement, seuls les Pays-Bas et la Suède autorisent la prescription médicale d'héroïne à certains toxicomanes. Les résultats de l'étude Naomi ne signifient pas encore que cette même autorisation voit le jour au Canada.