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Quant aux maisons menaçant ruine, il a annoncé que 4.086 habitats ont été traités sur les 43.697 constructions recensées par le ministère de l’Intérieur en 2012 et que 9.068 constructions ont été traitées dans le cadre des programmes engagés en 2013 dont 7.734 sont en cours d’engagements.
Pourtant, ces chiffres ne disent pas tout ou passent sous silence plusieurs questions. Notamment celles des logements destinés aux classes moyennes, de l’objectif de faire du Maroc un pays sans bidonvilles en 2015 annoncée comme date butoir, de la progression du segment locatif défendu par le ministre lui-même, de la refonte du cahier des charges du logement social et de l’adoption des approches de durabilité et de qualité technique, architecturale et paysagère dans les projets concernant ces logements. Et last but not least, qu’en est-il de l’objectif gouvernemental de rendre le logement social plus accessible et son prix plus supportable pour les familles et les personnes aux ressources modestes ?
En effet, derrière les chiffres lancés en grande pompe se cache une réalité amère. C’est le cas pour le logement de type «bidonville ou habitat sommaire» qui représente 5,6% des ménages au Maroc, soit plus de 420.00 familles, selon les derniers chiffres du HCP. Un état de fait qui ne semble pas émouvoir outre mesure le ministre qui n’a pas trouvé mieux que de se défausser de toute responsabilité quant au retard dans l’avancement du programme « Villes sans bidonvilles », estimant que l’accélération de ce dispositif est du ressort des autorités locales, des conseils élus et des populations concernées plutôt que du ministère de tutelle.
C’est le cas également des maisons menaçant ruine, une problématique qui n’a que trop duré faute de volontarisme politique. Pour plusieurs élus de la nation, ce dossier n’a jamais été classé comme une priorité des politiques publiques. Il a toujours souffert, selon eux, du manque de vision prospective, de l’absence d’un cadre légal précis et de moyens d’intervention adéquats. Casablanca qui englobe, à elle seule, près de 51% des habitats menaçant ruine est l’exemple typique du laxisme gouvernemental. Effectivement et malgré le fait que des fonds ont déjà été levés (10 millions de DH versés par le Conseil de la ville et 500.000 DH par l’Agence urbaine) et que l’expertise et le recensement ont été réalisés, l’Etat tarde toujours à intervenir.
Aujourd’hui, et à chaque fois que ce dossier est posé sur la table des discussions, Nabil Benabdellah se complaît dans la fuite en avant en réclamant 10 milliards de DH pour éradiquer les maisons menaçant ruine. Selon lui, le Fonds de solidarité pour le logement se trouve dans l’incapacité de réunir cette somme puisque ses réserves ne dépassent pas, dans le meilleur des cas, 2 à 2,5 milliards de DH consacrés à la lutte contre les bidonvilles et à la restructuration de certains quartiers. En d’autres termes, tant que les 10 milliards DH ne seront pas collectés, le ministre ne pourra rien faire pour venir en aide aux victimes de ce genre d’habitat. A noter que la problématique des maisons menaçant ruine a été la cause, ces dernières années, de dizaines de morts d’hommes et de blessés plus ou moins graves sans parler des sinistrés qui demeurent sans abri.
Le cas des logements pour la classe moyenne est aussi flagrant. Ce projet annoncé en grande pompe par le gouvernement, il y a deux ans, continue à être boudé par les promoteurs immobiliers. Selon des statistiques présentées par Nabil Benabdellah en mai dernier devant la Chambre des conseillers, seuls 4.000 logements seront mis en chantier prochainement sur les 14.000 prévus dans le cadre des conventions signées avec son département alors que les besoins sont estimés entre 50.000 et 60.000. On est donc loin, très loin, des prévisions optimistes du même ministre formulées en 2013 et qui prévoyaient la construction de 10.000 logements entre la fin de 2013 et le début de 2014.