L’état de santé de Bouteflika empire

La nouvelle hospitalisation du Président algérien en France plonge le pays dans l’inconnu


T. Mourad
Samedi 5 Décembre 2015

L’état de santé du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, devient de plus en plus préoccupant après l’annonce de «la courte visite privée en France, durant laquelle il effectuera des contrôles médicaux périodiques, sous la direction de ses médecins traitants ».
En dépit de cette subite transparence, le laconique communiqué de presse de la présidence suscite l’inquiétude des Algériens à propos de l’Etat de santé de leur président plus qu’il ne l’apaise. Tout le monde sait que ce dernier qui ne se déplace plus que sur un fauteuil roulant, est incapable de gérer les affaires de l’Etat et que c’est son frère et une poignée de personnes qui assument cette responsabilité. Et ce  malgré les dénégations du Premier ministre, Abdelmalek Sellal.
Abdelaziz Bouteflika qui dirige l'Algérie depuis des lustres avait été élu pour un 4ème mandat en 2014, malgré l'AVC qui l'avait conduit à l'hôpital du Val-de-Grâce où il avait séjourné pendant 88 jours et qui a, à jamais, cloué sur un fauteuil roulant. Du 26 novembre au 17 décembre 2005, quelques mois après le début de son deuxième mandat, il avait été aussi admis au Val-de-Grâce à la suite d'une hémorragie gastrique dont il a été guéri par miracle.
Aussi, les Algériens ne pouvaient-ils que s’attendre au pire. A preuve, la dernière fois qu’il est parti pour des soins en Allemagne, cela s’est terminé en rumeurs sur son décès !
 Ceci d’autant plus que son état de santé constitue l’un des secrets d’Etat les mieux gardés en Algérie. A telle enseigne que le pouvoir succombe toujours à la tentation de museler les journaux qui osent aborder le sujet. En 2013, les deux quotidiens appartenant à Hicham Aboud, « Mon journal » et « Djaridati », ont, en effet,  été interdits de parution par le ministère de la Communication, en raison d’un dossier consacré à l’état de santé de Bouteflika. Selon M Aboud, « c’est l’imprimeur qui a alerté le ministère, lorsqu’il a découvert le dossier traitant de l’état de santé du président Bouteflika ».
Le flou entourant l’état de santé de Bouteflika et la situation politique actuelle en Algérie expliquent les luttes entre les services de renseignement et le cercle présidentiel chapeauté par Said Bouteflika. « Dans la lutte entre le DRS et le cercle présidentiel, c’est ce dernier qui a gagné. Alors il élimine tous ceux qui le gênent !» Pour le politologue Rachid Tlemçani, les arrestations menées depuis l’été contre plusieurs hauts officiers de l’armée et des services — tous des fidèles à Toufik — et surtout les condamnations qui ont été prononcées contre eux obéissent à une logique très simple : s’en débarrasser », a assuré le quotidien El Watan dans un article paru il y a quelques jours. Et de donner des exemples sur les persécutions contre des personnages importants qui s’opposent au clan de Said Bouteflika : « Après le général Hassan, le patron du Scorat, Service de coordination opérationnel et de renseignement antiterroriste depuis une quinzaine d’années, condamné le 26 novembre à 5 ans de prison ferme pour «destruction de documents» et «non-respect des consignes», c’est au tour du général Djamel Kehal Medjdoub, ex-chef de la garde présidentielle d’être condamné à trois ans de prison ferme pour «négligence» et «infraction aux consignes militaires». Un cadre du DRS affirme lui aussi que tout cela a été orchestré en amont. Plusieurs juges militaires du tribunal d’Oran (où a été jugé Hassan) ont refusé de participer à ce procès. Alors Gaïd Salah a nommé un nouveau procureur en septembre, exprès pour le procès Hassan.
Les observateurs considèrent que cette opération de purge contre les généraux vise essentiellement à baliser le terrain pour que la succession du président Bouteflika soit en faveur dudit clan.
A cette situation politique ouverte à toute éventualité s’ajoute une crise économique et sociale aiguë. Cette crise s’aggravera suite à l’annonce de la décision du gouvernement visant à « suspendre progressivement les subventions sur les produits de première nécessité tels que l’électricité, le lait, le sucre et la semoule », selon El Watan. Et d’ajouter que « le chef du groupe parlementaire du Parti des travailleurs (PT), Djelloul Djoudi, est convaincu que ces mesures, imposées dans la loi de Finances 2016 largement contestée par les députés de l’opposition lors du vote, vont créer un malaise social. Le consommateur algérien ne pourra plus subvenir à ses besoins, donc c’est normal qu’il y ait un climat de colère et de déstabilisation».
 


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1.Posté par fechlane le 25/12/2015 20:11
Le plan ne marchera jamais

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