L’effet potentiellement cancérigène de leurs colorants interpelle le Maroc : Coca-Cola change de recette pour “des raisons de logistique”


Hassan Bentaleb
Mardi 13 Mars 2012

L’effet potentiellement cancérigène de leurs colorants interpelle le Maroc : Coca-Cola change de recette pour “des raisons de logistique”
Le Maroc ne sera pas affecté par la modification de la recette sécrète de Coca-Cola.  La décision de l’entreprise-mère de changer les doses de ses colorants caramels ne concernera que le marché de l’Etat de Californie, nous a assuré une source de Coca-Cola Maroc. Selon elle, les deux sodas les plus célèbres au monde, à savoir Pepsi Cola et Coca-Cola, ont été obligés par une nouvelle législation californienne à modifier le processus de fabrication en réduisant la présence de ce colorant jugé par une puissante association américaine de consommateurs comme étant cancérigène afin que son taux soit en conformité avec la nouvelle réglementation en cours dans cet Etat.
Cette association de consommateurs, la CSPI (Center for science in the public interest) a alerté l’Agence américaine de l’alimentation et des médicaments, en se fondant sur une étude qui montrait qu’une administration de colorants caramel (4-MEI) avait causé des cancers du foie, du poumon et de la thyroïde chez des souris et des rats.
Pour  les responsables de cette association qui a tenté depuis plusieurs mois de faire interdire ce colorant, c’est la présence trop importante de 4-MEI dans les canettes qui pose problème. Elle est très largement supérieure au niveau maximum conseillé par l’Etat de Californie. D’après eux, une canette américaine (35cl) de Coca-Cola en contiendrait 142 à 146 microgrammes, celle de Pepsi 145 à 153 microgrammes.
Contactée, Coca-Cola Maroc dément cette information tout en admettant que « la décision de réduire le taux du 4-MEI chez les fournisseurs de caramel est l’unique mesure qui a été prise actuellement au niveau international pour des raisons de logistique ». La même source rappelle également que « la santé et la sécurité des consommateurs viennent en tête de ses priorités » et que la composition des boissons produites par Coca-Cola « est la même dans tous les pays… et reste conforme aux législations des autorités sanitaires de ces pays ».
Pourtant, le constat de la CSPI ne semble pas faire l’unanimité car la question de la cancérigenèse de 4-MEI divise encore la communauté scientifique. Ainsi, la molécule en cause n’est pas listée par le programme national toxicologique américain comme cancérigène humain potentiel. Les agences de sécurité alimentaire américaine (FDA), canadienne et européenne (EFSA) ne l’interdisent pas et n’ont pas établi de seuils précis d’interdiction dans les produits finaux contenant cette substance.
Pour  la FDA, il faudrait «consommer 1000 canettes par jour toute sa vie» pour atteindre ce seuil. De son côté, la EFSA a considéré en mars 2011 qu’il y avait un écart important entre la dose potentiellement absorbée par l’homme et celle à partir de laquelle les effets carcinogènes sont observés chez les rongeurs.
Mais qu’en est-il du Maroc ? Contacté par Libé, l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) n’a pas estimé utile de se prononcer sur le sujet. Des sources de l’Office nous ont néanmoins confirmé que ce dernier ne disposait pas d’informations à ce sujet.
Une situation d’autant plus incompréhensible que la législation marocaine codifiant l’utilisation  des colorants  souffre de certaines failles, à savoir la dispersion des textes ainsi que la multiplicité et l’hétérogénéité des centres de décision, associées au manque de coordination entre les différents départements concernés par l’application de cette législation. Ainsi, chaque département élabore ses propres textes, outrepassant parfois même ses propres attributions et contredisant les textes législatifs et réglementaires, ce qui laisse place à l’anarchie et aux abus et parfois à des drames comme le cas des huiles frelatées en 1959, qui ont été à l’origine de centaines de décès et de handicaps moteurs chez des milliers de personnes ou des cas plus récents d’intoxication à la mortadelle (1999), à la vodka (1997), à l’alcool à brûler (2009), etc.


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