-
Les oubliés de l'école marocaine
-
Driss Lachguar reçoit les dirigeants des partis de Palestine, du Koweït et de Libye
-
La portée stratégique de la régionalisation avancée exige une implication accrue de tous les acteurs dans le processus de concertation et de dialogue constructif
-
La Chambre des représentants et le Haut Conseil d'Etat libyens s'accordent sur la phase préliminaire des échéances électorales
-
Crise libyenne : Nasser Bourita souligne la nécessité impérieuse de s'imprégner de l'"esprit de Skhirat"
Devant un public intéressé par les dernières évolutions de cette cause nationale, Mohamed Berrada a présenté Abdelhamid Al Ouali, professeur à la Faculté de droit de Casablanca qui a occupé de hautes fonctions aux Nations Unies. Il a écrit plusieurs ouvrages sur certaines questions internationales, comme l’ordre juridique international et les réfugiés.
Au cours de son intervention, l’auteur a présenté son ouvrage sur la question de l’autonomie du Sahara et l’évolution de la position marocaine dans la gestion de ce conflit avec le voisin algérien.
Suite à la proposition marocaine de 2007 sur l’autonomie des provinces du sud, une autre approche de la question par la communauté internationale a des chances d’aboutir. Celle-ci se montre en effet plus attentive, plus constructive sur cette question.
Aujourd’hui, il y a de nouvelles données et trois éléments d’explication au niveau international. Tout d’abord, il y a une sorte de transition qui est en train de se faire au niveau de l’autodétermination. Ensuite, il y a le constat d’échec de l’autodétermination dans l’affaire du Sahara, programmé biologiquement dès le départ.
Le troisième élément est l’initiative du Maroc qui repose sur l’autonomie d’un type assez avancé et postmoderne.
Ce principe de l’autodétermination a servi en Europe à construire des Etats-nations. Il a permis l’édification des sociétés démocratiques dans les pays occidentaux. Mais dans le reste du monde, il a été associé à la désintégration de certains pays par les puissances coloniales de l’époque et qui avaient des visées de domination. On a assisté, grâce à ce vieux principe appelé à l’époque « le principe des Nations Unies », à la désintégration de l’empire ottoman.… Ensuite, on a assisté au renouveau de ce principe qui va faire de l’autodétermination l’équivalent de l’indépendance, mais les choses ont commencé à changer car très peu de pays restent actuellement colonisés.
Il y a une évolution qui est en train de se faire et qui a démarré en Europe. En effet, l’Union européenne a traité plusieurs cas comme celui de nos voisins espagnols pour résoudre les problèmes régionaux dans ce pays.
Ensuite, la désintégration de l’Union soviétique et de la Yougoslavie pose un sérieux problème pour l’Europe. Evidemment, certains pays d’Europe ont été intéressés par l’indépendance de certaines régions, mais le problème commençait à inquiéter, vu le nombre de minorités qui peuvent revendiquer un Etat indépendant.
S’ajoute à cela le 11 septembre, qui a eu des conséquences désastreuses sur certains pays. Les puissances occidentales ont constaté que cela ne pouvait pas continuer ainsi. Certains Etats ne sont pas viables, ils ont juste l’apparence d’Etats sans l’être vraiment et sont incapables de contrôler leur territoire.
Aujourd’hui, il y a une crise de territorialité, c’est-à-dire la capacité d’un Etat à gérer et contrôler son territoire. Cela touche les pays riches à cause de la mondialisation ; ainsi que les pays du Sud. En plus l’autodétermination a conduit à l’échec total en créant des Etats qui ne sont pas viables. Aujourd’hui, on ne parle plus d’autodétermination-indépendance mais d’autodétermination-démocratie pour un peuple.
Mais dans l’interprétation de ce principe, il y a un décalage entre la société civile et les politiques. Certains auteurs parlent même de décrédibilisation du principe de l’autodétermination.
L’application de ce principe au Sahara a été un échec programmé. C’est un territoire qui faisait partie intégrante du Maroc avant sa colonisation par l’Espagne. Il y a un problème de décolonisation. Cela veut dire un territoire revendiqué par un Etat alors qu’on veut appliquer le principe de l’autodétermination. Dans l’ancien droit international, on appelle cela un contentieux territorial avec un pays en l’occurrence l’Espagne.
Le Maroc colonisé a cédé beaucoup de territoires à son voisin algérien. Il suffit de voir les cartes géographiques de ce qu’était le Maroc avant la colonisation et le Maroc d’après. Son territoire s’est trouvé fortement amputé au détriment de son voisin de l’est.
Abdelhamid Al Ouali a ajouté que la dernière proposition du Maroc depuis deux ans est basée sur l’autonomie avec un caractère très avancé en termes de démocratie territoriale. Ce type d’autonomie apparaît comme la synthèse des expériences les plus réussies en matière d’autonomie territoriale comme celles de la Catalogne, des Iles d’Åland, des Iles Féroé ou du Groenland.
L’auteur a défendu aussi lors de son intervention et dans son livre le fait que l’échec dans l’affaire Sahara aura des conséquences négatives pour les frères algériens. En effet, l’Algérie a hérité de la colonisation de larges territoires où les populations sont hétérogènes et ont conservé des attaches avec des parties importantes des populations se trouvant au Maroc. Mais le régionalisme ethnique n’est -il pas déjà à l’oeuvre en Algérie non seulement dans le cas de la Kabylie mais aussi dans les régions du sud de l’Algérie avec le syndrome des princes de guerre : trafics illégaux en tous genres, banditisme, prise d’otages et terrorisme ?
La solution proposée par l’auteur du livre « Autonomie au Sahara, Prélude au Maghreb des régions », c’est l’adoption d’une politique régionale commune, impératif majeur pour les pays du Maghreb s’ils ne veulent pas courir le risque de sombrer dans le syndrome de l’éthnonationalisme et les guerres civiles.