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L’administration publique paie mieux que le secteur privé

Les rémunérations dans la fonction publique sont disproportionnées par rapport au niveau de développement

Vendredi 3 Août 2018

C’est un volet édifiant du rapport annuel 2017 de Bank Al-Maghrib (BAM) présenté dimanche dernier à Sa Majesté le Roi, à Al Hoceima, qui n’aura pas échappé aux fonctionnaires et aux salariés du secteur privé.
Abordant la question de l’évolution des salaires au Maroc, le rapport porté par le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a relevé qu’au cours de la période 2000-2017, les SMIG et SMAG ont été revalorisés à huit reprises. Ils sont passés de 1.743 dirhams/mois à 2.799,7 dirhams (montant horaire égal à 13,46 dirhams) dans l'industrie, le commerce et les professions libérales et de 1.129,2 dirhams à 1.8132  dirhams (montant journalier égal à 69,73 dirhams) dans le secteur agricole.
Ainsi, la progression annuelle moyenne du salaire minimum dans le secteur privé « ressort à 2,8% en termes nominaux, taux largement supérieur à celui de 1,6% de l’inflation annuelle enregistrée au cours de la même période », a noté l’Institut d’émission.
En ce qui concerne l’ensemble des salariés du secteur formel, Bank Al-Maghrib s’est référée aux données de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) qui montrent que le salaire moyen brut (appréhendé par le ratio de la masse salariale à l’effectif) s’est accru de 2,9% en moyenne annuelle, pour atteindre 5.129 dirhams en 2017.
Le rapport s’est également intéressé à l’évolution des émoluments dans le secteur public. Se basant sur les données du ministère de l’Economie et des Finances, il a indiqué que le salaire minimum net constaté a augmenté de 5,7% en moyenne annuelle depuis 2003 pour s’établir à 3.000 dirhams en 2017.
« Quant au salaire moyen brut (appréhendé par le ratio de la masse salariale à l’effectif), il s’est situé la même année à 9.338 dirhams, en hausse annuelle de 4,5% depuis 2000, rythme largement supérieur à celui observé dans le privé, abstraction faite de l’évolution de la qualification », a-t-on souligné.
Pour mieux apprécier l’écart salarial public-privé au Maroc, le rapport rappelle que le Fonds monétaire international (« Masse salariale publique dans le Moyen-Orient et en Asie Centrale », FMI, janvier 2018) le place parmi les plus élevés de la région Moyen-Orient et Asie Centrale.
Selon une comparaison récente établie par l’institution financière internationale,  l’écart salarial public-privé au Maroc serait proche des niveaux observés dans les pays du CCG et dépasserait largement ceux observés en Tunisie et en Algérie. Et souligner que « dans certains pays comme l’Egypte et la Jordanie, ce sont plutôt les travailleurs du secteur privé qui sont les mieux payés ».
Autre enseignement relevé : « Le niveau de rémunération dans la fonction publique ressort également disproportionné par rapport au niveau de développement tel qu’appréhendé par le PIB par habitant », a relevé le rapport.
Poursuivant la comparaison, le rapport a ajouté que «  le salaire moyen net représente au Maroc 3,2 fois le PIB par habitant, contre 2,5 fois en moyenne pour la région MENA et 1,5 fois au niveau mondial (Rapport sur les ressources humaines accompagnant le projet de loi de Finances 2018.)»
Tout en admettant que la fixation des salaires est une problématique économique et sociale complexe, la Banque centrale a estimé dans son rapport que « si économiquement l’évolution de la rémunération doit refléter celle de la productivité et de l’inflation, dans les faits, elle est souvent le résultat de négociations qui aboutissent parfois à des niveaux en décalage par rapport aux déterminants fondamentaux ». Lesquelles négociations sont, dans certains cas, régies par des cadres institutionnels ou conventionnels prédéfinissant les règles de fixation et de révision.
Mais en l’absence de tels dispositifs, l’Institut d’émission a noté qu’«elles sont en général des processus difficiles dont l’issue finale est souvent déterminée par les rapports de force et parfois même par des considérations politiques».
Plus généralement, le rapport fait observer qu’au Maroc, il n’existe aucun cadre formel de révision salariale dans la fonction publique. En revanche, il en serait autrement dans le secteur privé où « le Code du travail laisse comprendre dans sa définition du salaire minimum une sorte d’indexation sur l’évolution du niveau des prix (Article 358) ».
Quoi qu’il en soit, le rapport de Bank Al-Maghrib a indiqué que « dans les deux cas, les révisions générales sont opérées dans les faits à l’issue de cycles irréguliers de dialogue social ».

Alain Bouithy

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