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Contacté par Libé, Abdelali Doumou, vice-président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE qui se trouvait à Strasbourg pour suivre les débats et ce vote auquel ont participé 625 membres, nous a précisé que « l’accord a été discuté et négocié dans un contexte difficile marqué par l’impact de la crise économique sur l’Union européenne, particulièrement sur son agriculture». Ces négociations, a-t-il ajouté, «ont été rendues très difficiles par les fortes réactions des différentes fédérations agricoles au sein de l’UE», soulignant que «ce vote survient dans une conjoncture marquée par un déficit croissant de la balance commerciale des produits agricoles entre le Maroc et l’Union européenne» et que «l’accord qui a été adopté ne manquera pas de doper les exportations marocaines». Il est donc «bénéfique à plusieurs titres. Il permettra l’entrée libre de l’ensemble des produits agricoles à l’UE et une croissance des quotas pour des produits agricoles sensibles : tomates, ail, clémentines, fraises, concombres, courgettes et sucre, a-t-il poursuivi. Il a tenu à préciser que «le quota exportable additionnel pour la tomate s’élève à 50 tonnes». Cet accord représente, selon M. Doumou, «un vecteur de promotion de la production agricole pour une quinzaine de produits et comprend, en revanche, une libéralisation des échanges des produits agricoles vers le Maroc étalés sur 10 ans se basant sur une distinction entre trois groupes de produits ».
Il s’agit, selon notre interlocuteur, d’un premier groupe à libéraliser immédiatement après l’approbation de l’accord, essentiellement des intrants (semence et fertilisants) et des produits de l’agro-industrie. Un deuxième groupe de produits à libéraliser sur 5 à 10 ans (certains produits laitiers, les œufs, certaines légumineuses, les produits de la biscuiterie, chocolaterie et confiserie, etc.). Une troisième liste de produits qui ne sera pas libéralisée, mais qui fera l’objet d’un accès particulier. Il s’agit de 19 groupes de produis fortement sensibles en terme sécuritaire du pays : les blés, les pommes, l’huile d’olive, le lait UHT, …..
Concernant ces produits, des quotas limités en volume et dans le temps ont été mis en place en vue de faire face aux besoins de consommation et aussi afin de stimuler la concurrence et la compétitivité, a précisé M. Doumou.
L’adoption de cet accord par l’UE, a-t-il poursuivi, «a été le fruit d’un laborieux travail de la diplomatie marocaine tant gouvernementale que parlementaire et par les avancées politiques réussies par notre pays. Lesquelles ont renforcé notre position qui a été fortement soutenue» par quatre groupes parlementaires sur les sept existants. Il s’agit du Groupe de l’Alliance progressiste et socialiste et démocrate (S&D), du Groupe du Parti populaire européen (PPE), du Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ALDE) et des Conservateurs et réformistes européens (ECR).
Selon notre source, un effort d’explication a été consenti par la délégation parlementaire marocaine qui se trouvait sur place pour convaincre les élus européens que «l’accord agricole est un accord de libre-échange mutuellement bénéfique et que le fait d’entraver son adoption en prenant prétexte de la question du Sahara est contre-productif». En effet, cette question, ajoute M. Doumou, «participe d’une problématique politique dont la solution s’inscrit dans le long terme et implique un dialogue sincère entre toutes les parties concernées, à savoir le Maroc, l’Algérie et le Polisario. Résoudre un problème politique dans le cadre d’un accord commercial relève d’une naïveté méthodologique et politique que l’ensemble des forces vives marocaines dénoncent avec force». Cet argumentaire a convaincu les eurodéputés, puisqu’au moment du vote de ce point, 398 étaient contre le maintien de cette clause et 175 pour.
Mesures de libéralisation réciproque
L’accord agricole Maroc-UE comporte des mesures de libéralisation réciproques en matière de produits agricoles et de produits de la pêche qui permettront notamment d'augmenter les volumes des exportations marocaines de fruits et légumes sur le marché européen et de baisser les droits de douanes appliqués à l'entrée de ces produits de part et d'autre.
L'accord prévoit une libéralisation avec effet immédiat de 55% des droits de douane sur les produits agricoles et les produits de la pêche de l'Union européenne (contre 33% actuellement) et de 70% des droits de douanes sur les produits agricoles et les produits de la pêche du Maroc (contre 1% actuellement) et ce sur une période de dix ans.
En termes de valeur, l'accord libéraliserait sans délai 45% des exportations de l'UE vers le Maroc et 55% des importations européennes en provenance du Maroc. Il permettra également d'accroître les concessions dans le secteur des fruits et légumes.