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Celui qui est directeur des quotidiens «Al Ittihad Al Ichtiraki» et «Libération» a rompu avec le discours forcément consensuel, politiquement correct qu’adoptent presque par réflexe les hommes politiques devant les caméras. Ce soir sur «Hiwar», il était question de la réforme constitutionnelle annoncée dans le discours Royal du 9 mars. Les partis sont-ils à la traîne encore une fois maintenant que le chef de l’Etat a pris l’initiative de la révision de la Constitution?, demande un journaliste. Khairat prend le soin de rafraîchir les mémoires rétives. En 2009, peu avant les élections communales, l’USFP a adressé au Souverain un mémorandum portant sur la réforme constitutionnelle. «Nous étions les seuls à le faire. Nous avions pris attache avec nos alliés. Aucun n’a voulu adhérer à cette démarche. Ceci est de l’histoire», rappelle ce dirigeant ittihadi avant d’annoncer –et c’est un scoop- que la feuille de route constitutionnelle déclinée par le Monarque dans son dernier discours correspond exactement au mémorandum revendicatif des Usfpéistes. «N’oublions pas que quelques jours auparavant, l’USFP annonçait son retrait du gouvernement si le processus des réformes n’était pas lancé», ajoute-t-il.
Très vite, le débat va se concentrer sur le Mouvement des jeunes du 20 février dont les revendications sont éminemment politiques et de plus en plus précises. Une jeunesse qui en appelle par exemple à l’instauration d’une monarchie parlementaire, indique l’un des interviewers. La remarque est loin de désarçonner l’homme de gauche qui fait d’abord remarquer que les jeunes du 20 février ne sont pas une génération spontanée, mais le produit d’une histoire militante et d’une lutte pour la démocratie.
Le Mouvement du 20 février
porte une histoire militante
«Qu’on se le dise, le Mouvement du 20 février a porté dans la rue, haut et fort, les revendications d’un peuple et pas seulement d’une catégorie, la jeunesse. Ceux et celles du 20 février portent une Histoire», explique un Khairat qui a manifesté les 20 février et 20 mars. Et la monarchie parlementaire ? relance un journaliste. «Une telle revendication ne date pas d’aujourd’hui. En 1978, lors de son 3ème Congrès, l’USFP en avait appelé à l’instauration de la monarchie parlementaire, avec un gouvernement responsable et un Roi arbitre, au-dessus de la mêlée. C’est la même revendication que nous avons portée lors de notre 8ème Congrès. Aujourd’hui, le Maroc a choisi de rentrer en démocratie par la grande porte. Nous n’avons pas le droit de rater ce rendez-vous», répond A. Khairat.
L’article 19 de la Constitution s’est forcément invité au débat de ce mardi soir. Pas question de faire dans la langue de bois : cet article a toujours fait débat. «Le système de la monarchie parlementaire est forcément lié à l’article 19. Il est temps de clarifier les prérogatives des uns et des autres. Un gouvernement responsable est forcément comptable devant les électeurs, son programme est une sorte de contrat avec le peuple. Contrairement aux ministres technocrates qui n’ont pas de compte à rendre au peuple. On parle de monarchie exécutive. Mais qu’on me dise alors ce que fait le gouvernement ». Les tabous tombent mais pas les convictions. Pour Khairat et l’USFP, la Commanderie des croyants fait partie des fondamentaux essentiels qui ne doivent pas être touchés. Le protocole Royal incarné principalement par le baise-main est-il un handicap en démocratie? La réponse de ce démocrate tombe, sans la moindre ambiguïté : «Personne n’est jamais allé en prison parce qu’il n’a pas embrassé la main du Roi! Que chacun fasse comme il le sent. Il faut arrêter avec ce genre de débat stérile».
Le combat d’une vie militante, la démocratie. C’est un petit peu tout ce cheminement qu’a partagé Khairat avec ceux et celles qui ont choisi de regarder «Hiwar». L’homme s’est battu au nom de la liberté et de la dignité et a vécu dans sa chair les années de plomb. Sa famille politique et lui ont fait le pari de Pascal. En votant «oui» pour la Constitution de 1996, ils ont répondu à la politique de la main tendue de Feu Hassan II. En participant au gouvernement de Driss Jettou, en dépit du non-respect de la méthodologie démocratique, les Usfpéistes n’ont pas voulu, encore une fois, se placer en dehors de l’Histoire. «Aujourd’hui, on ne se laissera pas détourner du cap, celui de la démocratie», martèle Khairat qui en appelle à un débat transparent sur l’avenir constitutionnel et démocratique du pays. «Où va le Maroc? Avons-nous choisi de rejoindre le club des démocraties? Comment rendre effective la séparation des pouvoirs? Quelles seront les prérogatives des uns et des autres? Nous avons besoin de contenu, peu importe l’intitulé. Mais une chose est sûre, ni les partis, ni la commission en charge de la révision de la Constitution ne doivent se fixer de plafond en matière de démocratie», conclut Abdelhadi Khairat. Une manière de mettre les uns et les autres face à leurs responsabilités.