L’USFP et l’Istiqlal consolident leur alliance stratégique

Driss Lachguar : Notre alliance est authentique et sérieuse Hamid Chabat : Notre but est de sauver le pays


Mourad Tabet
Lundi 29 Septembre 2014

L’USFP et l’Istiqlal consolident leur alliance stratégique
L’Union socialiste des forces populaires et le Parti de l’Istiqlal ont franchi un nouveau pas  dans la consolidation de leur alliance stratégique scellée le 15 juillet 2013. Au lieu de limiter cette alliance aux instances dirigeantes des deux partis, ils ont décidé de l’élargir à tous les niveaux : régional, provincial et sectoriel. La première réunion des cadres de ces deux formations, tenue samedi dernier au siège du PI à Rabat, vient confirmer cette volonté. 
«Je peux dire que notre réunion aujourd’hui est inédite dans l’histoire du Mouvement national », a assuré le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, dans son allocution en l’occasion. D’après le leader socialiste, toutes les alliances nouées entre les partis du Mouvement national étaient des alliances entre leaders, alors que leurs bases en étaient marginalisées ou mises à l’écart comme ce fut le cas pour la Koutla Watania dans les années 70 et la Koutla démocratique pendant les années 90. 
« C’est la première réunion du genre dans l’histoire du Mouvement national », a également affirmé le secrétaire général du PI, Hamid Chabat. Et d’ajouter : «Toutes les réunions depuis la Koutla Watania étaient des réunions de dirigeants. Aujourd’hui, notre réunion concerne nos bases dans les régions, les provinces et toutes les instances de nos deux partis ».
Le choix de Dar Marassa pour la tenue des travaux  de cette première rencontre, n’était pas fortuit. Pour Hamid Chabat, le siège central du PI  situé Boulevard Ibn Toumert, Bab El Had à Rabat est un «espace fortement symbolique» dans l’histoire du Maroc. « C’est un siège qui a vécu les grandes luttes pour l’indépendance du peuple marocain», «c’est le siège de tous ceux qui sont issus du Mouvement national», ou encore mieux, «c’est le lieu, où  jusqu’à maintenant, les factures d’eau et d’électricité sont établies au nom de Mehdi Ben Barka », a tenu à préciser le leader istiqlalien.
 «Notre alliance est authentique et sérieuse», a affirmé le Premier secrétaire de l’USFP lors de cette rencontre modérée par Younes Moujahid, membre du Bureau politique du parti de la Rose. Tant pour le leader socialiste que pour le leader istiqlalien, cette alliance n’est pas éphémère ou électoraliste. « Notre but est de sauver notre pays », a martelé à maintes reprises Hamid Chabat, alors que Driss Lachguar a souligné que l’alliance de ces deux partis nationalistes a toujours joué des rôles importants dans l’histoire du Maroc quand il traversait des moments de crise ou passait par des phases cruciales (lutte contre le colonialisme, lutte pour la démocratie et les droits…).
«La Koutla Watania a lutté contre l’injustice et le despotisme au cours des années 70, et nous avons l’honneur (l’USFP et PI) d’être le noyau qui a lancé l’initiative de lutte démocratique durant les années 90 ». Et d’ajouter :«En dépit de la crise, le PI a accepté de prendre part au gouvernement de l’Alternance présidé par Abderrahmane El Youssoufi. Cette expérience a permis de donner corps à plusieurs acquis pour le pays et les citoyens à un moment où Feu Hassan II avait annoncé que le Maroc était au bord de la crise cardiaque. Cette expérience a sauvé plusieurs établissements publics de la faillite tels que l’ONCF, l’ERAC et l’OCP ». «Nous avons assumé tous les deux nos responsabilités pour sauver le pays », a-t-il tranché. 
Les deux leaders sont conscients plus que jamais que la situation politique, sociale et économique actuelle sous la direction de ce gouvernement, nécessite la consolidation de leur alliance pour sauver le pays de la crise actuelle où l’a conduit la politique gouvernementale et notamment le parti majoritaire, en l’occurrence le PJD.
Au lieu de se pencher sur les vrais problèmes des Marocains, celui-ci entend, selon Hamid Chabat,  imposer « un agenda international » au Maroc. Pis encore, le parti majoritaire a liquidé tous les acquis démocratiques et sociaux et fait revenir le pays aux années de plomb comme l’attestent les menaces proférées par le chef de l’Exécutif à l’encontre des centrales syndicales qui ont pris part à la grève du 23 septembre 2014. 
« Ce n’est pas seulement nos projets de développement et de raffermissement de la pratique démocratique qui sont menacés, mais également notre identité. Aujourd’hui, nous avons des doutes sur la manière avec laquelle le gouvernement gère la question de l’intégrité territoriale de notre pays (…) et sur ce qu’il a fait pour défendre celle-ci », a martelé le Premier secrétaire de l’USFP. Et de conclure :«La responsabilité de tous les Istiqlaliens et tous les Ittihadis envers notre peuple est capitale et nous devons l’assumer pour rester fidèles à nos références et aux militants qui ont sacrifié leur vie, et ce en accord avec nos aspirations pour l’avenir. C’est pour cela, comme l’a dit mon ami, Hamid Chabat, notre alliance est authentique et sérieuse ».
Avant la lecture du communiqué conjoint, de nombreux intervenants représentant des secteurs des deux partis (femmes, jeunesse, syndicat, groupe parlementaire) se sont succédé à la tribune. Ils ont tous salué l’alliance conclue entre les deux partis, tout en soulignant souligné leur volonté d’y adhérer pleinement.
 

Volonté commune de faire face à tous les projets visant l’instrumentalisation de la religion et les nominations aux hautes fonctions à des fins électoralistes

L’USFP et l’Istiqlal consolident leur alliance stratégique
Voici la traduction intégrale 
du communiqué ayant sanctionné les travaux de la réunion 
du 27 septembre 2014 :
 
«Les directions nationale, régionale et provinciale de l’Istiqlal et de l’Union socialiste des forces populaires, réunies ce 27 septembre 2014, se rappelant les luttes communes menées par les deux partis depuis des décennies, leur glorieuse histoire et les relations humaines et politiques pour lesquelles ont opté les leaders et les militants de l’USFP et du PI à travers la lutte nationaliste et les batailles permanentes pour la démocratie, la justice sociale et la dignité, évoquant aussi la Charte d’action commune, signée le 31 octobre 2013, qui avait défini le référentiel culturel et politique de l’alliance et de la coordination et établi la feuille de route pour ce projet, considèrent  que la rencontre d’aujourd’hui est un maillon essentiel dans le processus d’application de l’alliance historique et stratégique annoncée par le communiqué daté du 15 juillet 2013. 
Cette rencontre vise à donner un départ fort à la coordination aux niveaux régional, provincial et sectoriel, ainsi que sur le plan des organes parallèles des partis de façon à permettre à la Charte d’action commune d’avoir des piliers dans toutes les structures organisationnelles à travers le territoire national et les différents fronts des deux partis. Ce qui devrait également donner lieu à une alliance et une coordination horizontales regroupant  l’ensemble des militantes et militants, dépassant le cadre central. D’autant que le pays exige une action conjointe de l’USFP et du PI, fiers d’appartenir à l’école nationale et démocratique, ainsi qu’à travers leur positionnement dans l’opposition pour préserver le pays de l’orientation allant à contre-courant de la démocratie,  hostile aux classes populaires et qui  vise à étendre son hégémonie sur la société et l’Etat dans le cadre d’un projet international et régional que l’expérience avait prouvé  qu’elle mène inéluctablement au sous-développement, à la tension, aux divisions et à la destruction des nations.
Fondée sur ces référentiels, la rencontre des cadres des directions nationale, régionale et provinciale des deux partis annonce ce qui suit :
1-L’attachement au choix démocratique du fait que c’est un principe immuable chez les deux partis, et ce à travers la lutte pour l’opérationnalisation positive de la Constitution qui permet la possibilité de séparer et d’équilibrer les pouvoirs, l’édification d’un régime de monarchie parlementaire, l’indépendance de la justice, le respect des droits de l’Homme, la liberté d’expression et de presse, les droits des femmes, l’engagement à respecter le principe de la représentativité participative, la garantie du droit d’opposition comme cela est stipulé par la Constitution, la réalisation du développement économique et social, ainsi que l’action pour l’égalité et la justice…
En rappelant ces principes, le Parti de l’Istiqlal et l’Union socialiste des forces populaires expriment  la déception du peuple marocain qui a hérité d’un gouvernement en deçà de la Constitution de 2011. Un Exécutif qui a œuvré via le parti qui le préside à avorter le développement démocratique qui était devenu plus que jamais possible, sauf que l’orientation rétrograde, ayant marqué l’expérience politique marocaine depuis les élections de novembre 2011, a fait reculer notre pays des années en arrière à différents niveaux politique, économique, social et culturel.
2-L’engagement à respecter les grands contrats nationaux, que ce soit en rapport avec le cadre institutionnel légal et constitutionnel ou en ce qui concerne l’intégrité territoriale, la récupération des territoires spoliés, la défense de la sécurité du pays et de sa stabilité quant aux dangers de l’extrémisme et du terrorisme qui le menacent. Notre pays avait prouvé qu’il est capable de contrer ces dangers grâce à l’unité nationale et la concordance autour des constances établies de façon claires par la Constitution de 2011 dans le cadre d’une vision globale et indivisible. Les deux partis poursuivront leur action dans ce cadre, tout en le préservant des orientations sélectives et étriquées adoptées par le parti majoritaire du gouvernement, ne devant déboucher que sur les catastrophes et l’anarchie.   
3-Le soutien total du mouvement social à faire face à la cherté excessive, à la hausse des prix et à l’anéantissement des acquis sociaux, ce qui s’est traduit par les luttes syndicales, les différentes formes de manifestations de protestation entreprises par les classes populaires pour exprimer leur rejet de l’ensemble des mesures antisociales prises par le gouvernement. Des dispositions qui n’ont engendré que paupérisation sociale, reniement des engagements essentiels et inaliénables  que les précédents gouvernements ont tenu à préserver en dépit des conjonctures difficiles qu’ils traversaient et les contraintes financières et économiques  auxquelles ils devaient faire face assurant  les équilibres sociaux et protégeant les classes défavorisées et moyennes, comme condition sine qua non pour le développement et la stabilité.
4-Mettent en garde contre la gravité  de ces mesures impopulaires et leurs impacts sur la situation sociale, le développement économique ainsi que sur la stabilité, particulièrement à travers l’offensive menée contre les centrales syndicales qui souffrent  aujourd’hui  d’entraves sans précédent. Le chef du gouvernement s’attaque à leur droit constitutionnel de faire grève, sous prétexte que ces débrayages sont « politiques », recourant par la même à des pratiques des années de plomb que les Marocains ont cru révolues. 
Dans ce sens, le gouvernement menace de défalquer les jours de grève des salaires des grévistes, une mesure illégale à travers laquelle il vise à terroriser et à faire pression sur les couches les plus démunies en vue de les soumettre à sa politique de paupérisation. Cet objectif n’a pas été atteint, puisque les grèves auxquelles la FDT, l’UGTM, l’ODT et le SNESUP ont appelé ont connu un succès retentissant.
5- Approuvent la teneur  du communiqué  conjoint, publié en juin dernier, à propos des prochaines élections. Les deux partis ont annoncé  leur vision commune concernant ces échéances et rappelé que la revendication d’élections  libres et transparentes a constitué, depuis l’indépendance, l’une des demandes principales des forces du Mouvement national et un  principe fondamental parmi les revendications de la Koutla nationale et de la Koutla démocratique.
Les deux partis réitèrent leur volonté de faire face à tous les projets visant l’instrumentalisation  de la religion et les nominations aux hautes fonctions à des fins électoralistes.
Dans le cadre de la moralisation de la vie politique,  et le renforcement des partis politiques, les deux partis condamnent  « la propension d’orientation et de mainmise préventive »,  et attirent l’attention sur le fait que toute forme de monopole aura des effets néfastes sur la stabilité  politiques du pays, de même qu’ils demandent à ce que toutes les lois  et décrets organisationnels liés aux  prochaines échéances soient soumis au débat et à une concertation réelle et objet d’amendements de fond et non de rafistolage.
En concertation avec les organes régionaux, provinciaux et locaux et dans le cadre de la coordination commune,  les deux partis vont œuvrer à unifier les points de vue sur les lois organisationnelles encadrant les prochaines échéances électorales et celles régissant la Région, tant au niveau du découpage et des prérogatives  qu’au niveau   des compétences des communes et leur relation avec le pouvoir de tutelle, outre les modes de scrutin et les lois, décrets et dispositions organisationnelles relatifs aux opérations électorales.
6-  Appellent les structures nationales, régionales, provinciales et sectorielles des deux partis à plus de coordination et d’action commune. Non seulement à l’horizon des prochaines échéances électorales, mais également dans le but de présenter des alternatives démocratiques, de former un front social pour l’amélioration des conditions de vie des masses populaires, de faire face, aux côtés des mouvements de protestations, des syndicats, des associations des droits de l'Homme, des femmes et des jeunes, aux régressions sérieuses dans tous les domaines. 
Et également afin de dénoncer l’orientation antidémocratique et antipopuliaire du gouvernement et l'exploitation de la religion dans le processus électoral. Mais aussi dans le but d’un travail commun au sein des organisations de la société civile et sur d’autres  fronts tels que les conseils élus, les chambres professionnelles, et d'autres espaces d’actions politiques, économiques, sociales, culturelles, environnementales et associatives. 
Outre ces fronts, les deux partis, aux côtés des forces de l’opposition,  vont approfondir leur coopération au niveau du Parlement, en vue de la mise en œuvre démocratique de la Constitution et de contrecarrer  la politique du gouvernement qui a échoué à tous les niveaux.
Tout en renouvelant leur alliance, l’USFP et le PI confirment que l’action commune qui les unit, constitue un engagement devant leurs militants et devant l’opinion publique, à poursuivre la lutte pour la démocratie réelle, l’intégrité territoriale du pays, la justice sociale, la dignité et l’égalité.  Cela ne peut se concrétiser  sans l’adhésion de l’ensemble des organes des partis à cette action militante, stratégique et historique.»


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