Pour l'heure, les promesses de contributions des pays européens n'ont atteint qu'un total de quelque 78 millions d'euros en plus de la somme déjà allouée au niveau de l'UE, selon un décompte de la Commission, a rapporté l’AFP.
Ce "fonds fiduciaire d'urgence" vise à lutter "contre les causes profondes de la migration irrégulière en Afrique", a souligné le président de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker. Ce nouvel instrument doit permettre de financer le plan d'action que les pays africains et européens doivent adopter lors d'un sommet réuni depuis mercredi à Malte.
"Pour que le fonds fiduciaire pour l'Afrique et notre réponse soient crédibles, je veux voir davantage d'Etats membres apporter leur contribution pour s'aligner sur l'enveloppe de 1,8 milliard d'euros débloquée par l'UE", et atteindre donc un total de 3,6 milliards, a insisté M. Juncker.
Nous ne devrions pas voir cette crise migratoire comme une menace. Nous devrions reconnaître les opportunités offertes par les migrations", a déclaré mercredi le président de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker, à l'ouverture de ce sommet entre Européens et Africains.
Au total, selon la Commission, 25 Etats membres de l'UE, ainsi que la Norvège et la Suisse, ont déjà annoncé des contributions, atteignant un total de 78,2 millions d'euros, bien loin de la somme souhaitée.
Les Africains ont pris les Européens au mot en réclamant davantage de visas dans le cadre d'une migration légale, que de nombreux pays de l'UE rechignent à accepter.
"La situation actuelle interpelle nos partenaires européens sur l'urgence de promouvoir la migration légale et la mobilité entre nos deux continents", a ainsi déclaré devant ses pairs le président ivoirien Alassane Ouattara. Les Européens ont timidement répondu en acceptant le doublement du nombre de visas en faveur des étudiants et chercheurs africains, selon le projet de plan d'action consulté par l'AFP.
En contrepartie, les pays de l'UE veulent que leurs homologues africains les aident à renvoyer les migrants africains jugés indésirables sur le Vieux Continent.
Un sujet qui a posé problème pour la plupart des dirigeants africains. La réadmission "dépend aussi des conditions qui seront mises en place", selon le président nigérien Issoufou Mahamadou.
"Le retour dans le pays d'origine ne saurait être la seule réponse de l'Europe aux migrants africains. En effet, (certains d'entre eux) ont besoin, à l'instar des migrants venus d'autres régions, de protection", a rappelé le président ivoirien.
Le plan d'action proposera de favoriser la venue en Europe d'officiers d'immigration africains, chargés d'aider leurs collègues européens à mieux déterminer la nationalité des migrants en situation irrégulière. L'objectif est de mettre en place des expérimentations dès l'an prochain avec au moins dix pays africains volontaires.
"Pour garder les portes ouvertes pour les réfugiés et les migrants légaux, les migrants illégaux doivent être renvoyés de manière effective et rapide", a insisté le président du Conseil européen, Donald Tusk. Les départs volontaires doivent être privilégiés, mais quand ce n'est pas possible, les départs forcés sont un "pré-requis pour une politique migratoire efficace", a-t-il ajouté.
Le sommet devait prendre fin hier à la mi-journée et devait être immédiatement suivi d'un autre, entre seuls Européens, surtout focalisé sur les discussions en cours avec la Turquie, autre pays-clé dans la stratégie européenne visant à limiter les arrivées de réfugiés et de migrants.