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L’Istiqlal condamné à claquer la porte d’une majorité en lambeaux ? C’est en tout cas ce que décryptent les observateurs de la chose politique dans les signaux envoyés ici et là. L’audience Royale n’a pas contraint au silence Chabat et les siens. Passage à la télévision –moins de 48 heures après qu’il a été reçu par le chef de l’Etat, il est l’invité de l’émission « 90mn pour convaincre » que diffuse Medi1TV-, discours musclé devant les militants du comité central, articles sur l’échec du gouvernement Benkirane à la « une » de l’Opinion et d’Al Alam, les journaux qu’éditent l’Istiqlal, réunion au sommet avec le secrétaire général de l’USFP, Driss Lachgar, avec comme perspective la constitution d’une coalition bipartite en lieu et place d’une Koutla morte et enterrée, le leader du plus vieux parti marocain prépare à l’évidence la sortie de l’Istiqlal de la majorité et du gouvernement.
Ceux qui s’attendaient à une quelconque réserve, dans l’attente d’un arbitrage d’en haut, ont eu tout faux. «Mais attention, il ne faut pas croire que Chabat bafoue le protocole, vole la politesse au Roi à qui il a demandé d’arbitrer ces profondes divergences entre le PJD et l’Istiqlal. On a sûrement fait comprendre à Hamid Chabat que l’invocation de l’article 42 n’avait pas lieu d’être et qu’il n’avait qu’à régler ses problèmes au sein de la majorité ou tirer les conséquences de la décision de retrait du gouvernement votée en mai dernier par le conseil national de son parti », analyse ce fin connaisseur du sérail.Mardi, le successeur d’Abbas El Fassi a même fixé un ultimatum au chef du gouvernement. « Nous donnons un mois au gouvernement pour trouver un remplaçant numérique à l’Istiqlal. Passé ce délai, notre décision de retrait sera effective quel que soit le cas. La décision du parti est irréversible ; mais comme nous avons commencé ce parcours comme alliés, nous l’achèverons dans les formes. Benkirane doit chercher une alternative, et quand il l’aura trouvée, nous quitterons son gouvernement », a-t-il déclaré à nos confrères d’Akhbar Al Youm.
Non seulement le départ des Istiqlaliens se précise mais le mouvement se précipite. Dans les ministères détenus par cette formation politique fondée par Allal El Fassi, on est plus que jamais dans l’expectative. Dans les coulisses, on ne cache pas que « les activités sont quasiment à l’arrêt, on expédie les affaires courantes, c’est tout. Il y a une ambiance de fin de mandat », confie ce directeur du ministère de l’Energie et des Mines.
Dans les cénacles istiqlaliens, les langues se délient, sous le sceau de l’anonymat. On fait le pronostic des ministres de l’Istiqlal prêts à entrer en dissidence pour ne pas quitter l’Exécutif conduit par Benkirane. Mohamed Louafa, le ministre de l’Education nationale et Nizar Baraka, le ministre de l’Economie et des Finances, occupent une place de choix dans ces pronostics. « Une formule sera bien trouvée. Il y a des précédents en la matière comme par exemple le gel de l’appartenance politique. Sauf que ces ministres qui choisissent de ne pas se soumettre à une décision du parti, prennent le risque de s’en exclure », déclare ce ténor du parti de la Balance.
Du côté de la majorité, on attend aussi… la démission formelle et écrite des ministres istiqlaliens. Presque plus personne ne croit à la réconciliation entre Benkirane et Chabat, les missions de bons offices ayant toutes échoué. «Rien ne peut être entrepris tant que les istiqlaliens de l’Exécutif n’ont pas présenté leur démission au chef du gouvernement. Dès lors que ce pas n’est pas franchi, il est difficile de se mettre à la recherche d’une nouvelle majorité», croit savoir un leader de la majorité.
Au PJD aussi, les signaux sont envoyés. Rumeur, intox ou vraies informations? Les islamistes au pouvoir ne seraient plus disposés à gouverner avec un Chabat dans les pattes et des Istiqlaliens empêcheurs de tourner en rond. Dans le même temps, le PJD, dit-on, écarte l’éventualité d’élections anticipées. «Trop coûteuses pour un pays en crise».
Quels seront les contours de la nouvelle majorité? Quand le remaniement ministériel sera-t-il décidé? A quel moment Benkirane II sera-t-il nommé? «Au Maroc, nous avons pris l’habitude des ramadans à suspense», ironise cet Istiqlalien du comité exécutif. En somme, une manière comme une autre d’attendre la rupture du jeûne.